2.2 Les effets de la médiation familiale

En France et au Brésil, les répondants ont identifié ce qu’ils considèrent les bénéfices de la médiation: l’amélioration de la communication entre les membres du couple ; la diminution des conflits; l’apprivoisement du conflit et enfin une plus grande reconnaissance de l’autre. En revanche, la médiation n’a pas aidé à établir la confiance entre eux et de mieux comprendre leurs différences, surtout pour les répondants français.

Le résultat le plus évident, à l’intérieur de cette pratique, concerne particulièrement l’aspect communicationnel. À la question qui visait à évaluer la qualité de la communication à l’intérieur du couple pendant la période de la séparation, la plupart d’entre-eux ont répondu « assez faible ». Cependant, au moment de l’enquête, la communication a été considérée excellente ou acceptable par la majorité des personnes (54% en France et 63% au Brésil). Ces résultats sont en accord avec les études de Kelly (1996) ; Haynes (1992) ; Sarrazin et Lévesque (2001) et Noreau et Amor (2004) qui toutes soulignent que la médiation contribue à améliorer la communication entre les ex-conjoints.

Il faut souligner, surtout au Brésil, qu’il y a eu amélioration de la communication pour 2/3 des couples qui sont passés par la médiation volontaire et pour la moitié des couples qui ont bénéficié de la médiation légale. Une nuance intéressante. En France, ce chiffre atteint 56% pour les médiations volontaires et 52% pour les médiations ordonnées. 17.6 % des répondants de la médiation volontaire ont qualifié leur communication d’excellente alors que personne du groupe «médiation ordonnée» ne l’a fait.

Dans la même perspective, les recherches de Bonafé-Schmitt, Charrier et Robert (2006) ont souligné qu’un aspect important de la médiation consistait à ne pas envenimer la situation, mais plutôt à améliorer les relations interpersonnelles, même dans le cas de conflit grave. Les résultats de la recherche vont dans cette direction. La médiation a évité l’aggravation du conflit pour 3/4 des couples français et 4/5 des couples brésiliens.

Ces résultats sont significatifs, car ils évoquent que ce mode de gestion des conflits non seulement réduit l’impact des litiges dans le couple mais suggère une façondifférente de les gérer sans utiliser la procédure «adversariale» traditionnelle qui a souvent pour effet de polariser les enjeux et d’envenimer encore plus les relations interpersonnelles (Brown,1982 ; Irving et Benjamin 1987 ; Richardson, 1987). De tels résultats suggèrent la nécessité de bien développer la médiation et de faire la promotion de moyens pacifiques pour susciter la collaboration chez des personnes qui doivent continuer à communiquer dans le futur.

De plus, la recherche a montré que, pour la grande majorité des interviewés, ce mode de gestion de conflits a aidé le couple à résoudre ses conflits d’une façon plus pacifique et a collaboré à comprendre le point de vue de chacun d’entre-eux. Dans ce sens, Sarrazin et Lévesque (2001) ont déjà souligné que le processus de médiation permet de stabiliser les conflits conjugaux, de renforcer la coopération, de développer l’empathie et l’engagement entre parents. Elle permet aussi de diminuer la souffrance associée à la rupture conjugale. De même, Folger et Bush (1999) soulignent que l’objectif principal de la médiation est de développer une approche centrée sur la compréhension mutuelle. Aussi, étant donné que les séparations conjugales et les divorces, dans la plupart des sociétés occidentales, ne cessent d’augmenter, la promotion de la médiation et la mise sur pied de services qui contribuent à la gestion pacifique des conflits sont de plus en plus pertinents.

Quant aux bénéfices de la médiation en termes du rétablissement du lien de confiance chez les couples et l’acceptation de la différence chez l’autre, les résultats de la recherche varient d’un pays à l’autre. En France, la majorité des couples à l’étude ne croit pas que la médiation a de tels apports. Au Brésil, alors que la plupart des interviewés confirment ces effets, cette question a davantage départagé les répondants que les autres questions. Cette prise de position est compréhensible, car en cas de rupture conjugale, il est courant que les personnes perdent, au départ, la confiance de l’une envers l’autre. D’autre part, les différences se renforcent et rendent plus difficile une compréhension mutuelle. Cependant, si nous favorisons un processus qui rend la communication plus efficace et satisfaisante, comme la recherche l’a bien montré, les chances d’avoir un peu plus d’entendement sont, dans les cas de perte de confiance, indubitablement, plus grande et adéquate que par rapport à un processus contradictoire, comme celui choisi traditionnellement par la justice.