2.2.1 Les motivations pour réaliser la médiation familiale

Aussi bien en France qu’au Brésil, les résultats indiquent que, pour la majorité des personnes interrogées, la contribution principale de la médiation est de mieux répondre aux besoins des enfants, sous la forme la moins traumatique possible au moment de la séparation. Ces résultats sont similaires à ceux des recherches dans ce domaine qui soulignent que l’un des principaux buts de la médiation familiale est d’aider les conjoints, en instance de séparation, à établir des ententes qui tiennent compte des besoins des enfants, ainsi que de minimiser les conséquences négatives de la dissolution du couple (Kelly, 1996 ; Laurent-Boyer, 1998 ; Lévesque, 1998).

En effet, dans les deux pays, la nature des conflits les plus fréquents dans la pratique du médiateur concerne les besoins des enfants. Ces données sont en accord avec les constatations de Kelly (1996), qui confirment que les questions entourant la garde des enfants et les droits de visite sont les situations qui apparaissent comme étant les plus déterminantes et les plus prioritaires dans la pratique de la médiation familiale.

Toutefois, si au Brésil, à cause des ressources financières réduites de nos répondants, la plupart étant bénéficiaires de l’assistance juridique, la plus grande préoccupation concerne la contribution financière pour les enfants, en France, la priorité est donnée au droit de visite.

De plus, en tant qu’indicateur parmi d’autres, les résultats de l’étude montrent qu’aussi bien en France qu’au Brésil, les contacts avec les enfants des couples qui sont passés par la médiation sont, dans 3/4 des cas, fréquents même si la rupture conjugale est difficile. Des études canadiennes (Richardson, 1998 ; Benjamin et Irving, 1995) ont déjà souligné cette tendance en indiquant que la médiation permet une plus grande participation du parent séparé à la vie de ses enfants.

En ce qui a trait aux attentes envers la médiation, les répondants des deux pays ont exprimé majoritairement vouloir résoudre leur séparation de la manière la plus pacifique possible. En France, le rétablissement de la communication a également été mentionné comme un objectif à atteindre. Ces résultats réaffirment les études de Avila (1999), réalisées auprès des médiateurs familiaux québécois, dans lesquelles ils ont déclaré que la principale motivation des conjoints, quand ils font appel à un médiateur familial, est d’éviter une bataille judiciaire et de divorcer à l’amiable.

D’autre part, au Brésil, les répondants ont souligné, dans une proportion de 95%, la diligence de la médiation par rapport à la justice traditionnelle. Il faut souligner qu’au Brésil, le système de justice est particulièrement lent et souvent inaccessible, spécialement pour les gens les plus démunis économiquement. D’après les réponses des médiateurs interviewés et celles des couples de notre échantillon, la médiation s’avère l’un des instruments disponibles pour donner à la justice traditionnelle une plus grande rapidité. C’était aussi les conclusions d’Azevedo (2009) qui écrivait que l’histoire de la médiation était particulièrement liée au mouvement d’accès à la justice.

Dans les deux pays, les attentes des répondants (médiateurs et couple) diffèrent au sujet du rôle dévolu au médiateur. Ainsi, du point de vue des couples français et brésiliens, l’implication du médiateur est importante car elle contribue à l’atteinte d’un accord entre eux. Par contre, pour les médiateurs interviewés, favoriser l’autonomie des personnes dans la prise des décisions est le premier objectif poursuivi, l’atteinte d’un accord n’est pas recherchée à tout prix.

Ces résultats vont de pair avec les discussions de Dumoulin (2002) qui souligne les divergences d’intérêts entre les attentes des médiateurs et celles des couples. L’auteur souligne l’idéal de coparentalité et l’idéal social de proximité sur lesquels s’appuie la médiation et qui ne sont pas nécessairement les attentes des usagers. Une étude plus qualitative pourrait aider à explorer davantage ce sujet et évaluer le réel impact de la pratique de la médiation auprès des usagers.