2.3 Le profil et l’expérience de la séparation des couples

Les résultats indiquent des différences remarquables entre les deux pays concernant l’âge de répondants et le niveau de scolarisation des couples français par rapport aux couples brésiliens. En effet, les couples brésiliens se séparent à un âge pus jeune que les couples français. Il y a un écart d’environ dix ans entre les deux pays. Les couples français se situent entre 41 et 50 ans alors qu’au Brésil, l’âge des répondants se situent entre 31 et 40 ans. Généralement, comme l’indiquent les statistiques officielles, les brésiliens se marient plus tôt que dans les pays développés. D’après l’IBGE (2006), l’âge du mariage des brésiliens est de 20 à 24 ans pour les femmes et de 25 à 29 ans pour les hommes. En France, ce chiffre s’élève à 29 ans pour les femmes et 31 ans pour les hommes (Déchaut, 2007).

En France, quant à la scolarité, presque la moitié des répondants ont un niveau de scolarité supérieur, tandis qu’au Brésil ils ne sont que 16%. Toutefois, la majorité des couples brésiliens sont formés de personnes qui bénéficient d’une assistance judiciaire. Ces données confirment les constats des sociologues et confirment que les inégalités éducationnelles vont de pair les inégalités économiques.

En ce qui concerne l’expérience de la séparation, la recherche montre que, dans les deux pays, la décision d’une séparation parentale est le plus souvent unilatérale et que ce sont les femmes qui prennent le plus souvent la décision de mettre fin à la vie en couple, notamment en France. D’aitres études comme celles d’Irving et Benjamin (1987), ont aussi conclu que l’initiative de la décision de la séparation appartient habituellement à la femme.

Quant au type de séparation et de la modalité de médiation choisie par les couples interviewés, il y a des différences remarquables entre les deux pays. Alors qu’en France les deux genres de séparation, amiable 48% et litigieuse 52% sont traités dans les services de médiation, au Brésil, la séparation est surtout consensuelle (91%).

En France, la variable type de séparation a eu une forte influence sur la façon d’entrer dans la médiation. La recherche indique une corrélation entre la séparation litigieuse et médiation ordonnée par le juge et séparation à l’amiable et médiation volontaire. Parmi les séparations litigieuses, plus de la moitié des médiations soit 56% ont été faites sur ordonnance du juge ; dans les cas de la séparation consensuelle, 70% des individus ont eu recours à la médiation extrajudiciaire.

Ces résultats confirment, aussi bien pour les médiateurs que pour les couples, que le conflit était plus élevé dans les médiations légales. Ces résultats sont en accord avec les études de Bonafé-Schmitt, Charrier et Robert (2006), et mettent en évidence que dans les cas de médiation judiciaire, les rapports sont plus détériorés. Ces réponses infirment, surtout pour la France, les énoncés de Noreau et Amor (2004) qui suggèrent que la médiation s’adresse davantage à des conflits de faible intensité. Or, dans notre étude, même pour les séparations litigieuses, la médiation s’avère une alternative valable et satisfaisante.

D’autre part, au Brésil, les résultats indiquent que la médiation est plutôt envisagée dans les cas de séparations moins problématiques et qu’on ne peut exprimer en chiffre la relation entre le type de séparation et la modalité de la médiation.