I - Etat des lieux

Encore appelé malaria, le paludisme est une pathologie millénaire qui sévit généralement, de façon endémique, dans les régions tropicales, notamment les régions chaudes et marécageuses, où elle cause de nombreux décès.

Au Cameroun, le paludisme est la première cause de morbidité et de mortalité (Ministère de la santé publique 2002 : 102). Les statistiques sanitaires révèlent qu’il est responsable de :

  • 40 à 45% des motifs de consultations médicales ;
  • 30% des hospitalisations ;
  • 50% de morbidité chez les enfants de moins de 5 ans :
  • 40% des décès chez les enfants de moins de 5 ans, et ;
  • 35 à 45% du total des décès dans les formations sanitaires du pays.

Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sont les groupes les plus vulnérables à cette maladie (Ministère de la santé publique, 2007 : 54). Par ailleurs, les statistiques montrent que le paludisme est un des déterminants importants du frein au développement socio-économique du pays, car il est responsable de 26 % d’arrêts maladie chez les travailleurs et de 40 % des dépenses annuelles de santé dans les ménages (EDSC III 2005 : 165).

Pourtant, contrairement à d’autres maladies, l’homme peut éviter le paludisme à une triple condition : (i) empêcher la prolifération des vecteurs de la maladie (les moustiques) dans son environnement de vie ; (ii) se protéger des piqûres des anophèles femelles qui favorisent la transmission aux individus de l’agent pathogène (le plasmodium), surtout la nuit. (iii) en cas d’infection et de détection précoce des premiers symptômes de l’accès palustre, prendre convenablement un antipaludéen. Bien administrés et s’ils sont de bonne qualité, les antipaludéens sont efficaces contre les accès palustres. L’observance des conditions simples de prévention du paludisme requiert des individus exposés à l’endémie, des connaissances et des aptitudes qu’ont vocation à leur conférer les programmes nationaux de lutte contre le paludisme. Ils comportent généralement, en effet, un volet Information Education et Communication qui s’efforce d’orienter les attitudes et comportements des populations pour prévenir la survenue de la maladie, aider à la bonne prise en charge des accès palustres et éventuellement favoriser la disparition de la maladie. Grâce à certains de ces programmes, le paludisme a déjà été éradiqué dans plusieurs pays2. Cette pathologie continue, néanmoins, à être un problème majeur de santé publique dans le monde. En témoignent, les rencontres mondiales et les engagements pris à ce jour par des leaders mondiaux pour limiter les dégâts dus à celle-ci. Au nombre de ces rencontres, citons la conférence ministérielle sur le paludisme, tenue en 1992 à Amsterdam3, et au cours de laquelle les participants ont adopté une stratégie mondiale de lutte mettant en exergue le renforcement de « méthodes individuelles et communautaires de protection contre les piqûres des moustiques » (OMS, 1992 :12).De même, notons qu’en 1998, l’OMS a lancé l’initiative mondiale Faire Reculer le paludisme pour tenter de contenir les ravages de cette endémie dans le monde. Le 25 avril 2000, dans le cadre de cette initiative, les Chefs d’Etats et de Gouvernements africains réunis à Abuja au Nigeria ont, à leur tour, fait une déclaration les engageant à s’assurer que d’ici 2005 :« Au moins 60% de ceux qui sont exposés au paludisme - particulièrement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes - bénéficient de la meilleure combinaison possible des mesures préventives individuelles et communautaires comme les moustiquaires imprégnées d'insecticides ou autres interventions existantes et accessibles pour prévenir l'infection et la souffrance.» 4 (OMS, 2000)Le paludisme a été également présenté comme un problème de développement qui préoccupe tant les pays endémiques que ceux ne connaissant pas ou plus la maladie. Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en l’an 2000, en effet, les Etats membres ont retenu la lutte contre le paludisme comme le sixième des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).Cet objectif vise à « combattre le VIH /SIDA, le paludisme et d’autres maladies » d’ici 2015. Plus spécifiquement, en l’adoptant, les Etats membres des Nations unies se donnaient au plus quinze ans pour inverser la tendance inquiétante du paludisme et d’autresgrandes maladies comme le Syndrome de l’Immunodéficience Acquise (SIDA) et la tuberculose observée au début du troisième millénaire. Au total, le paludisme apparaît comme un sujet se prêtant au développement d’un discours pluriel accompagnant les investissements nationaux et internationaux de riposte contre cette endémie. Il appelle conséquemment des ajustements mentaux et physiques des individus en vue d’intégrer et de gérer cette pathologie en fonction de leur environnement.

Notes
2.

En Europe et en Amérique centrale dans les années 1950. A l’Ile de la Réunion en 1979. C'est parce que la lutte antivectorielle (assainissement de l'environnement) a été relâchée que le Chikungunia a resurgi : c'est bien la preuve évidente que cette lutte pour l'environnement - et sa surveillance après éradication- doit être sans relâche.

3.

La Conférence ministérielle sur le paludisme s’est tenue du 26 au 27 octobre 1992 à Amsterdam, Hollande. La déclaration mondiale faite à cette occasion figure en annexe 2 du présent travail.

4.

Tiré de la Déclaration d’Abuja pour Faire Reculer le Paludisme en Afrique. Cette déclaration, ainsi que le plan d’action de sa mise en œuvre constituent l’annexe 3.