C - Publications monographiques, documents normatifs et de planification des interventions dans la lutte contre le paludisme au Cameroun

Dans cette catégorie, nous avons répertorié la littérature grise, c’est-à-dire les travaux de recherche non publiés, thèses, mémoires et, rapports nationaux et internationaux sur la lutte contre le paludisme intéressant le Cameroun.

En 1996, grâce à un financement de l’UNICEF, Le PMSC, l’IRESCO et al ont produit un document sur « Connaissances, Aptitudes et Pratiques des populations du Cameroun en matière de prévention et de traitement du paludisme dans les provinces du Centre, du Sud et de l’Est ». Il porte sur une étude menée dans le but d’analyser préalablement la situation pour le lancement d’un programme de distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides dans les villes de grande endémicité du paludisme au Cameroun. Les résultats de l’enquête ont montré que la presque totalité des enquêtés en zone urbaine (98%) et en zone rurale (94%) ont déjà entendu parler du paludisme, mais seuls 13% en zone urbaine et 7% en zone rurale déclarent utiliser une moustiquaire. L’accès à ce dispositif de lutte contre les piqûres des moustiques serait, selon l’enquête, plus facile en zone urbaine qu’en zone rurale, compte tenu de l’éloignement du centre d’acquisition du dispositif et des contraintes financières.

A. Riffet (2002), dans une thèse de médecine de l’université de Bordeaux intitulée« Le paludisme au Cameroun : Revue bibliographique de 1959 à 2001 », fait un inventaire des travaux de recherche clinique et des enquêtes épidémiologiques sur la maladie pendant cette période. Il note une insuffisance de la lutte antivectorielle, principalement au niveau familial et la faiblesse de l’immunité chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, groupes les plus exposés au paludisme. Les travaux d’A. Riffet ne font pas mention de recherche sur les échanges discursifs dans le cadre de cette lutte au Cameroun.

T. Awono Avouzoua (2002)analyse la stratégie de communication pour la mise en œuvre de l’initiative  Faire Reculer le paludisme  par le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) pendant la période 2001-2006 dans unmémoire de fin d’étude, réalisé pour l’obtention du diplôme supérieur de journaliste spécialisé en Santé et environnement de la division III de l’ESSTIC, Université de Yaoundé II. Il s’agit d’une étude prospective des stratégies retenues par le Cameroun à travers le PNLP aux lendemains de la déclaration d’Abuja pour faire reculer le paludisme en Afrique. Ce travail a été effectué juste après l’adoption d’un plan stratégique de lutte contre cette maladie par le Ministère de la santé publique. Il recense les différentes activités d’IEC à mettre en œuvre par le programme. L’auteur ne s’attarde toutefois pas sur les acteurs de la mise en œuvre de ces interventions et ne s’intéresse guère aux discours à convoquer dans ces interventions.

Le Ministère de la santé publique publie en 2002 le document de plan stratégique de lutte contre le paludisme au Cameroun pour la période 2002-2007.Cette publication présente l’organisation de la lutte contre le paludisme au Cameroun pendant cette période. Il montre la segmentation de la population et énumère les différentes interventions qui peuvent permettre au pays de diminuer la morbidité et la mortalité dues à cette maladie dans le pays. Des activités IEC sont envisagées dans ce plan pour lutter contre le paludisme, mais, les discours à utiliser ne sont pas abordés dans les détails. Un autre document du plan stratégique de cette lutte a aussi été élaboré par ce ministère en 2007 pour la période 2007-2010.

Les bureaux de l’OMS pour l’Afrique et de la Méditerranée Orientale (AFRO/EMRO) ont publié, en 2004, le « Rapport sur la mise en œuvre du plan d’action de la déclaration d’Abuja ». Ce document note les efforts des différents pays pour faire reculer le paludisme, mais déplore la couverture des interventions essentielles qui reste encore assez faible. Il propose en outre 14 recommandations pour améliorer la situation actuelle. La recommandation n° 8, qui nous intéresse, conseille aux pays de conduire un plaidoyer auprès des leaders politiques, administratifs, traditionnels et religieux, puis de sensibiliser les populations sur les priorités dans cette lutte afin de multiplier les interventions de communication dans la lutte. Cette recommandation suggère l’utilisation des outils IEC appropriés, surtout pour les populations déshéritées. Au demeurant, aucune indication précise n’est donnée sur la manière d’élaborer ces outils IEC.

Dans son mémoire de Masters à l’Unité de Formation Doctorale de l’ESSTIC soutenu en 2005, R. Mbouzeko a analysé la communication dans la lutte contre le paludisme au Cameroun. Il s’est essentiellement focalisé sur l’analyse sociologique de la production des messages de sensibilisation. Le document présente les messages diffusés à l’intention des populations ciblées dans le cadre de la lutte contre le paludisme au Cameroun. Notre présente recherche prolonge ce travail de Masters et essaye de dégager les logiques qui sous-tendent les discours, puis les perceptions et les pratiques des populations dans le cadre de la lutte contre cette maladie.

En 2005, E. Fondjo, R. Okalla Abondoproduisent le rapport « Collecte des données sur le paludisme au Cameroun ». Il s’agit des résultats d’une enquête transversale réalisée en décembre 2004, financé par le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme dans 166 districts de santé du pays9 pour apprécier l’atteinte des objectifs régionaux de lutte contre cette maladie au Cameroun. Ce rapport présente des résultats préoccupants  sur la prévention du paludisme dans le pays : en effet, moins d’une personne sur 5 (18%) dort sous une moustiquaire et 7 personnes sur 100 en moyenne utilisent une moustiquaire imprégnée d’insecticides pour éviter de contracter la maladie du fait des piqûres des moustiques. Pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, les taux moyens d’utilisation de ce dispositif de lutte sont de 14,04% pour les premières et 7,5% pour les seconds. La chimio-prophylaxie est, par contre, mieux observée chez la femme enceinte10 (42,20%). L’enquête a aussi débouché sur le constat de l’existence d’un écart significatif entre la disponibilité de la moustiquaire et l’utilisation de la moustiquaire imprégnée. Elle recommande, pour combler les écarts observés, l’utilisation d’une part de l’IEC pour sensibiliser les communautés sur l’importance de cette barrière contre les piqûres de moustiques et d’autre part, l’accroissement de l’offre de service des moustiquaires imprégnées à travers la formation des personnes en service dans les centres d’imprégnation des moustiquaires.

Nous mettons dans cette catégorie le document intitulé « l’Appel à l’action de Yaoundé : Tous unis contre le paludisme », engagement lancé par les partenaires de la lutte contre le paludisme à l’issue de la réunion du MIM11 et du 5e Forum du partenariat FRP tenus à Yaoundé, Cameroun du 13 au 19 novembre 2006. Cet appel à l’action tire ses fondements dans l’ampleur du paludisme sur les jeunes enfants et les femmes enceintes, des conséquences économiques de la maladie en Afrique et du constat de la non-atteinte des objectifs à mi-parcours de la déclaration d’Abuja pour Faire Reculer le Paludisme en Afrique. Il engage les gouvernements à élaborer et mettre en œuvre des plans de lutte intégrés dans des politiques nationales de développement durable pour intensifier les interventions contre le paludisme. Suivant ce cri de détresse des acteurs, ces plans doivent être développés selon une méthode participative et bénéficier de mécanismes forts de financement, de gestion et d’une coordination au niveau national12.

Au total, la littérature répertoriée dans cette catégorie relève la gravité de la situation du paludisme au Cameroun et il convient, à juste titre, de noter ici l’importance et l’urgence des interventions de communication ciblées sur les populations présentées habituellement sous le vocable générique d’IEC. Ce concept renvoie implicitement au contenu de ce qu’il faut transmettre aux populations et à la manière de le faire. De cette revue de littérature, il ressort qu’il y a peu de travaux centrés sur les discours sur le paludisme au Cameroun. Lorsqu’ils existent, ces travaux sont focalisés sur les stratégies de lutte en termes d’IEC et de marketing social des dispositifs de prévention contre la maladie. Ceci montre que l’orientation de notre travail dans la perspective d’aborder les discours sur cette maladie dans sa globalité est originale et qu’elle offre une opportunité pour accroître nos connaissances dans ce domaine.

Notes
9.

Ce chiffre constitue le total des districts de santé dans le pays par le Ministère de la santé publique en ce moment-là. Il est à noter que ce nombre est en constante progression, le découpage du pays en districts de santé restant toujours une œuvre inachevée. Il y en a plus de 170 en 2007.

10.

Sans doute parce que les médicaments sont, pour cette méthode, pris au plus 3 fois pendant une grossesse et ce, devant le personnel soignant.

11.

Multilateral Initiative on Malaria qui est une alliance d’organismes et d’individus concernés par le paludisme

12.

L’appel à l’action de Yaoundé figure en annexe du présent travail.