A - Maladie et lutte

Le paludisme, comme nous l’avons indiqué plus haut, est une maladie infectieuse parasitaire, causée par un parasite du sang, le plasmodium. Il existe quatre types de plasmodium : plasmodium falciparum, Plasmodium malariae, Plasmodium vivax et Plasmodium ovale. La répartition géographique de ce parasite se présente ainsi :

  • plasmodium vivax se rencontre dans la plupart des zones tempérées, autant que dans de nombreux pays tropicaux, bien qu'il soit essentiellement absent de l'Afrique de l'Ouest. Il est la cause la plus fréquente de la fièvre tierce bénigne.
  • plasmodium malariae présente une répartition plus clairsemée, grossièrement superposable à celle de plasmodium falciparum. Il est la cause du paludisme « bénin » quarte car ayant une périodicité des recrudescences fébriles de trois jours
  • plasmodium ovale, qui cause une forme « bénigne » de paludisme ou fièvre tierce, n'est rencontré que dans certaines zones de l'Afrique intertropicale.
  • plasmodium falciparum est très répandu en Afrique subsaharienne où le taux de mortalité extrêmement élevé lui est en grande partie imputable. Des signes inquiétants témoignent de l'extension du paludisme à P. falciparum à de nouvelles régions et de sa résurgence dans des zones où il avait été éliminé. L'infection à P. falciparum est la plus sévère et peut entraîner la mort du patient.

A côté de ces quatre types de plasmodium classiquement connus, la taxonomie en retient un cinquième aujourd’hui : Plasmodium knowlesi. Il estgénétiquement proche de Plasmodium vivax, et microscopiquement, de Plasmodium malariae. Plasmodium knowlesi est un parasite des primates qu’on considérait récemment comme exceptionnel chez l’Homme mais qu’on sait maintenant courant en Malaisie, Thaïlande, Myanmar, Philippines et Singapour. C’est un parasite à cycle court, de vingt quatre heures seulement (J. Breuil, 2009).

Pour ce qui de la transmission de la maladie, le plasmodium est inoculé à l’homme au cours de la piqûre et du repas sanguin des femelles de moustiques infestées qui appartiennent à diverses variétés d'anophèles. Les photographies de la figure 1 montrent un moustique en plein repas sanguin.

Figure 1 : Moustique au cours d’un repas sanguin

(Source : www.asnom.org 2001-2007)

L’anophèle femelle pique généralement du coucher au lever du soleil et sa piqûre est particulièrement indolore, à la différence de celles de certains moustiques23. Cet insecte affectionne le sang humain. Il en a besoin pour la maturation de ses œufs qu’il pond dans des eaux claires, dormantes, en milieu ensoleillé et sans végétation. Les vieilles boîtes de conserves, les vieux pneumatiques et autres objets usagers contenus dans les détritus ménagers offrent d’excellentes opportunités de collecte de telles eaux. Bien souvent, depetites quantités d’eau, aux aisselles des plantes, suffisent pour cette ponte. Il s’y développe des larves qui formeront d’autres moustiques. Aussi les broussailles et autres champs aux abords des habitations favorisent-ils la prolifération des moustiques et par conséquent entretiennent l’endémie palustre.

Le microbe du paludisme pénètre dans l’organisme de l’hôte humain lorsqu’un anophèle contaminé parasite le sang d’un hôte. Il subit alors une série de transformations au cours de son cycle de vie complexe. Grâce à ces changements, il engendre des plasmodies capables d’infecter à nouveau un moustique s’il pique cet hôte à présent contaminé. (OMS, 2005).Au cours du repas sanguin de l’anophèle, le sang infecté est absorbé et le parasite va continuer son développement dans l’estomac du moustique. Les jeunes parasites qui en seront issus migreront aussi plus tard dans les glandes salivaires du moustique pour une autre contamination d’un individu sain au cours d’une prochaine piqûre. Le cycle homme-moustique-homme est ainsi fermé. La transmission peut également se faire par transfusion sanguine d’un individu dont le sang est infecté à un individu sain, ou encore par la transmission du parasite de la mère à l'enfant au cours de la grossesse. (OMS, op. cit.).Le schéma ci-dessous illustre les différentes phases de développement du plasmodium tant chez le moustique que chez l’homme. Elles sont au nombre de cinq  et suivent les séquences ci-après :

  • la première phase intervient juste après la piqûre d’un individu infecté par un moustique. Le plasmodium jeune passe alors dans les glandes salivaires du moustique et évolue progressivement vers l’estomac de l’insecte ;
  • la seconde phase est celle de multiplication du parasite dans l’estomac du moustique ;
    il en résulte de nombreux gamétocytes qui seront à l’origine de plasmodies. Celles-ci vont recoloniser les glandes salivaires du vecteur et pénétrer dans le corps d’un individu sain, à la faveur d’une prochaine piqûre et de la succion du sang de celui-ci par l’anophèle femelle ;
  • la quatrième phase est la phase hépatique. Après la piqûre du moustique, les parasites inoculés à l’homme sain par le moustique sont entraînés par la circulation sanguine, sous forme de sporozoïtes, et atteignent le foie. Ils se différencient dans les cellules hépatiques pour donner la forme invasive appelée mérozoïte qui colonise le corps de l’individu. La différenciation des parasites dans les cellules hépatites entraîne souvent une légère augmentation de la taille de cet organe, ainsi que celle de la rate. La mesure de l’index splénique chez les enfants pour apprécier le niveau d’endémicité du paludisme dans une communauté (technique très utilisée pendant l’époque coloniale par les médecins indigènes) était évaluée à partir de cette modification anatomique.
  • La dernière étape est celle de libération des parasites adultes du foie et la
    colonisation des hématies du sang par les nouveaux plasmodiums. L’individu peut dès lors développer les premiers symptômes du paludisme. S’il est piqué par un anophèle femelle, celle-ci peut prélever son sang avec l’agent pathogène de la maladie et le transmettre à un autre individu sain au cours de la prochaine piqûre et du subséquent repas sanguin sur un autre homme sain.
Figure 2 : Cycle de développement du parasite du paludisme

(Source: Farbenfabriken Bayer in Bill McConnel, 2002)

Les différentes étapes du cycle de développement du parasite du paludisme ainsi présentées, cet autre schéma monte clairement la complémentarité entre l’homme et le moustique dans l’infection palustre :

Figure 3 : Rôles complémentaires de l'homme et du moustique dans le cycle de transmission du paludisme

(Source : www.asnom.org 2001-2007)

L’homme et le moustique apparaissent ainsi comme des individus qui hébergent le plasmodium. Il est inoculé à l’homme sain par un moustique qui l’a préalablement prélevé du sang d’un homme infecté. Le plasmodium se développe dans le corps du moustique sans incidence sur l’hôte, cependant qu’il provoque la fièvre et des frissons chez l’homme infecté. Nous avons ainsi présenté comment l’homme contracte la maladie. Il y a des signes annonciateurs de la contamination ou symptômes qui montrent que l’individu infecté par le parasite développe la maladie.

Notes
23.

C’est le cas des culex dont les piqûres ne passent pas inaperçues.