1. Symptômes du paludisme

L’invasion du sang d’un individu par le plasmodium constitue la primo-infection. Elle se passe généralement de façon inaperçue. Selon L’OMS (2005), le paludisme est une maladie fébrile aiguë dont la période d’incubation est de sept jours au moins. Par conséquent, toute maladie fébrile dont les symptômes se manifestent moins d’une semaine après la première exposition possible n’est pas le paludisme.

La forme la plus grave est causée par plasmodium falciparum et présente des caractéristiques cliniques variables telles qu’une fièvre, des frissons, des céphalées, des douleurs et faiblesses musculaires, des vomissements, de la toux, de la diarrhée et des douleurs abdominales. D’autres symptômes liés à une insuffisance organique peuvent survenir (par exemple, une insuffisance rénale aiguë, des convulsions généralisées, un collapsus circulatoire) et conduire au coma et à la mort. On estime qu’environ 1% des sujets infectés par Plasmodium falciparum meurent de la maladie. Les premiers symptômes, parfois bénins, ne sont pas toujours faciles à reconnaître. Pour des voyageurs ayant séjourné dans des pays impaludés, il faut songer au paludisme à falciparum dans tous les cas de fièvre inexpliquée commençant à un moment quelconque entre le septième jour et trois mois (ou davantage dans de rares cas) après la dernière exposition possible aux piqûres des moustiques ; toute personne présentant un épisode fébrile pendant cette période doit immédiatement solliciter un bon diagnostic.

Un diagnostic précoce et un traitement approprié peuvent sauver des vies. Le paludisme à plasmodium falciparum peut être mortel si le traitement est différé de plus de 24 heures. Le diagnostic s’effectue sur un frottis sanguin prélevé sur le patient et porte sur la recherche des parasites du paludisme. Si le premier frottis ne révèle aucun parasite mais les symptômes subsistent malgré tout, il est conseillé de prélever une série d’échantillons sanguins et d’en examiner les frottis à des intervalles de 6 à 12 heures. Les femmes enceintes, les enfants de moins de 5 ans et les voyageurs âgés sont particulièrement exposés à la maladie. Le paludisme chez une femme enceinte accroît le risque de décès maternel, de fausse couche, de morti-naissance et de décès néonatal. La prévention et le traitement du paludisme à falciparum deviennent plus difficiles à mesure que s’accroît la résistance du Plasmodiun à divers médicaments. Les formes de paludisme causées par d’autres espèces de Plasmodium sont moins graves et rarement mortelles.

Une pharmaco-résistance a, au demeurant, été signalée pour Plasmodium vivax, principalement en Indonésie (Irian Jaya) et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un plus grand nombre de cas sporadiques étant déclarés en Guyane. Pour plasmodium vivax, on a constaté une sensibilité décroissante à la chloroquine en Inde, au Myanmar, en République de Corée, en Thaïlande, ainsi qu’au Brésil, en Colombie et au Guatemala. Une résistance de Plasmodium malariae à la chloroquine a été aussi signalée en Indonésie.

Les accès palustres se manifestent souvent le soir et sont précédés de prodromes ou signes d’alerte annonçant la crise aigüe. Ils se déroulent généralement en 3 phases étalées sur plusieurs heures :

  • une phase de frissons intenses accompagnés d’une poussée de température (39 à 40°C) et d’une baisse de tension artérielle ; le patient frissonne sous la couverture ;
  • une phase de fièvre sèche pendant laquelle la température peut atteindre 40 à 41°C ; la peau est sèche et brûlante. Le patient rejette ses couvertures ;
  • une phase de sueurs abondantes : la température retombe, la tension artérielle remonte ; les urines du patient sont foncées.

Les directives de l’OMS reprises dans le document du plan stratégique de lutte contre le paludisme au Cameroun 2007-2010 produit par le Ministère de la santé publique indiquent que la primo-infection et les accès palustres ainsi décrits représentent ce qu’on nomme paludisme simple. Pour en finir, le patient doit nécessairement prendre un antipaludéen, généralement par voie orale, pour tuer les parasites contenus dans son sang. Si le patient n’est pas rapidement traité, les parasites peuvent provoquer des dégâts sur certains de ses organes (rate, foie, cerveau, etc.).

Le paludisme simple peut aussi évoluer vers le paludisme grave, un accès pernicieux ou un neuro-paludisme. Cette dernière forme de la maladie se manifeste avant tout par des troubles neurologiques. Le patient peut présenter des troubles de conscience (coma), des convulsions (chez l’enfant). Il peut aussi avoir des troubles psychiques. Ces symptômes peuvent souvent être accompagnés d’une insuffisance rénale nécessitant une dialyse ou d’une détresse respiratoire aiguë qui requiert une ventilation artificielle. A côté de ces formes de paludisme, il en existe d’autres, trompeuses, qui surviennent surtout chez les enfants. Il s’agit des accès de fièvre inconstants, combinés à des troubles digestifs. (MSP, 2007).

Les femmes enceintes, les enfants de moins de 5 ans, les voyageurs venant des régions indemnes de paludisme et certaines personnes dans des conditions particulières (personnes ayant subi une opération chirurgicale ou une greffe d’organes et personnes ayant subi une transfusion sanguine) constituent des cibles particulièrement vulnérables de cette maladie. S’agissant particulièrement des femmes enceintes, le placenta contient une grande quantité de globules rouges parasités qui perturberait ainsi les échanges entre la mère et le fœtus et provoquerait une diminution du poids de l’enfant à la naissance (IRD, 2005). Dans les zones d’Afrique où le paludisme est endémique, la maladie serait responsable de 30% des cas de faible poids observés chez le nouveau-né. 3 à 5% des décès de nourrissons africains sont ainsi dus à plamodium falciparum qui représente aussi un danger sérieux pour la femme enceinte chez qui elle cause 2 à 15% des anémies maternelles (IRD, Op cit.).

Dans les années 1980, avec la découverte du VIH, un virus transmis par le sang, des débats fort nourris ont eu lieu sur la possibilité de transmission concomitante du VIH et du plasmodium d’un individu infecté par le VIH à un individu sain par le moustique. Après investigations, des travaux scientifiques ont montré que cela n’est pas possible. Afin de vulgariser ce nouveau savoir sur le VIH et SIDA, en 1989, l’OMS a publié un document de prévention du SIDA par la promotion de la santé dont le titre est : Questions et réponses sur le SIDA à l’intention des stations de radio. Il aborde plusieurs aspects de la question. Les extraits ci-après de ce document apportent des éléments qui apaisent les appréhensions du public sur la transmission de la maladie par les moustiques et les punaises.

‘« Q : Les moustiques propagent-ils le SIDA ?
R : Non
Q : Et d’autres insectes piqueurs ou suceurs ?
R : Non plus
Q : Pourquoi les moustiques ne peuvent-ils transmettre le SIDA ?
R : Il semble y avoir plusieurs raisons pour lesquelles le moustique ne transmet pas le virus du SIDA. On pourrait penser qu’un moustique est comme une « seringue volante » qui peut être contaminée et propager le virus par injection quand il pique. L’image peut être bien trouvée, mais elle ne tient pas compte des faits. Pour commencer, les moustiques n’injectent pas du sang, ils en tirent. Quand ils piquent quelqu’un, ils injectent une substance qui empêche le sang de se coaguler et ils sucent une certaine quantité de ce sang. Quand ils s’envolent, ils vont digérer leur repas, et non le réinjecter à une autre personne. Qui plus est, il ne s’agit que de quantités de sang infimes, et la probabilité que le virus du SIDA s’y retrouve est extrêmement réduite, même s’il s’agit du sang d’une personne infectée.
Après qu’un moustique ait pompé du sang, un autre obstacle, dans le corps du moustique, s’oppose à la transmission du virus du SIDA. Nous savons que le virus vit dans certaines cellules du corps humain et qu’il ne vit pas dans les cellules d’un insecte. Cela signifie que, biologiquement, les moustiques ne peuvent pas « héberger » le virus du SIDA à la différence du parasite du paludisme qui prospère chez le moustique et se communique aux gens piqués par celui-ci. » (OMS, 1989) ’

Nous avons gardé ces extraits larges pour donner une idée des discours à la propagation desquels les médias, comme la radio, ont été mis à contribution afin de juguler l’épouvante qui associait le moustique à la propagation du VIH. Cette découverte est venue à temps dédouaner la partie du monde où le paludisme sévit de façon endémique.

Ainsi se présente donc le paludisme dans le processus de sa contraction et dans ses manifestations symptomatiques. L’homme en étant sa cible de prédilection, Il est important de voir comment il s’est organisé, au fil des ans, pour faire face à la menace que cette maladie représente pour lui.