C - Pharmaco-résistance dans le traitement antipaludique et la vaccination contre le paludisme

A partir de 1985, le phénomène de chloroquinorésistance33 déjà d’actualité dans les pays de l’Afrique de l’Ouest atteint le Cameroun. Des évaluations de chimiosensibilité du plasmodium falciparun à la chloroquine et à l’amodiaquine sont effectuées dans le sud du Cameroun. Les taux de résistance de ce parasite aux médicaments antipaludiques courants sont significatifs. Des études ont toutefois recommandé de continuer à utiliser ces produits comme des médicaments de première intention pour traiter les accès palustres simples (P. Gazin et al, 1990). Au demeurant, le phénomène de résistance à la chloroquine ira grandissant, obligeant les individus à recourir à de nouveaux médicaments pour soigner leurs accès palustres ; les conséquences de cette nouvelle donne dans le traitement contre le paludisme sont indiquées dans la déclaration d’Amsterdam en ces termes :

‘« La complication de la pharmacorésistance complique le traitement du paludisme et impose souvent le recours à de nouveaux médicaments qui risquent d’être plus coûteux ou plus toxiques que la chloroquine » (OMS, 1992 :4). ’

La lutte contre cette maladie au Cameroun, après la conférence ministérielle sur le paludisme de 1992 a suivi les étapes ci-après :

Côté vaccin, devant l’échec de l’éradication mondiale du paludisme et plus tard la chiomiorésistance du plasmodium au médicament de traitement courant (chloroquine) et l’incidence toujours importante du paludisme, des initiatives de recherches vaccinales ont vu le jour dans le monde. La plus ancienne, initiée par le groupe dirigé par Ruth et Victor Nussenzweig du Centre médical de l’Université de New York, a démarré en 1967. C’est en 1988 que le colombien, Manuel Elkin Pattaroyo de l’Instituto de Immunologia de Bogota en Colombie propose au monde le vaccin SPf66 dont les essais cliniques se sont avérés plus encourageants, mais insuffisants pour une utilisation à grande échelle et une protection prolongée. Comme évolution des savoirs dans ce domaine, le journal Mutations en ligne, sous la plume de Marion Obam, publie un article le 14 janvier 2009 dont le titre est : Recherche : Un vaccin contre le paludisme en chantier. A travers celui-ci, il annonce la découverte du candidat vaccin Rts,s/As contre le paludisme comme résultats partiels des recherches commencées en 2001 après la signature d'un accord de partenariat entre Glaxosmithkline (Gsk) et Path Malaria vaccine initiative (Mvi). Si les tests sont concluants, Rts,s/As deviendra un vaccin devant protéger les nourrissons et les jeunes enfants contre le paludisme.

Ce chapitre liminaire de la partie de notre travail consacrée à la construction des discours sur le paludisme nous a permis de passer en revue l’essentiel des savoirs existant actuellement sur cette pathologie. La trajectoire historique choisie nous a donné l’occasion de les présenter suivant la séquence de leurs occurrences, suivant les multiples conjectures qui ont accompagné les recherches et l’organisation de la lutte contre la pathologie dans le monde. L’intérêt en est que ce chapitre nous donne une vue paranomique sur la pathologie. Les différents acteurs impliqués dans la lutte auront la latitude de puiser dans ce creuset pour discourir sur le paludisme suivant les trajectoires qu’ils se donnent. Nous nous pencherons, dans le prochain chapitre, sur les différentes modalités de construction de ces discours.

Notes
33.

Résistance du plasmodium falciparum à la chloroquine.