A - Discours de santé publique sur le paludisme au Cameroun

Ce discours est dit de santé publique parce qu’il regroupe l’ensemble des phrases, textes et énoncés sur cette maladie conformément aux principes de santé publique. Le but visé par ces discours est de fournir des outils sous forme d’information correcte sur la maladie et de conseils pour amener les individus et les communautés à bien identifier le paludisme et à savoir comment se prémunir pour éviter de le contracter, d’en souffrir et/ou d’en mourir s’ils attrapent la maladie.

Il est important de noter que pour une bonne prévention du paludisme au niveau du Cameroun, il faut un environnement favorable, c’est-à-dire une organisation du système de santé qui facilite la réponse aux exigences liées aux trois types de prévention (primaire, secondaire et tertiaire) indispensables à une lutte conséquente contre cette endémie. Cela suppose aussi que cette organisation du système de santé est bien comprise des populations qui en sont des clients et que bon usage en est faite par celles-ci. Prévenir le paludisme suppose aussi que l’éducation sanitaire des populations sur cette pathologie est convenablement assurée. Le cas échéant, les victimes potentielles de la maladie sauront exactement ce qu’il faut faire pour éviter de contracter la maladie, reconnaître précocement les signes d’alerte devant les amener à s’inquiéter et à rechercher les soins appropriés, dans les lieux indiqués, pour éviter les complications des accès simples de la maladie qui peuvent entraîner la mort.

Le discours de santé publique sur le paludisme au Cameroun prend en compte chacun des détails précédents. Il s’appuie sur des éléments qui fondent le sujet dans la rationalité scientifique, sur la politique sectorielle de réorientation des soins de santé primaires adoptée par le pays en 1992, sur le programme national de lutte contre le paludisme créé en 1995 et sur les plans stratégiques nationaux de lutte contre le paludisme34. Pour autant, il n’est pas consigné in extenso dans un document donné, mais il apparaît dans les déclarations des acteurs de lutte contre cette maladie ou les acteurs de la communication sociale sur le paludisme au Cameroun. L’essentiel des énoncés qui le constituent sont indiqués dans les documents normatifs qui reprennent les éléments de politique sus-évoqués sur l’endémie. Les autres éléments de ce discours de santé publique sont tirés de l’organisation du système de santé du Cameroun et de ce que celle-ci prévoit pour la lutte contre les maladiestransmissibles.Les énoncés de ce discours comprennent les éléments suivants pour les 3 types de prévention :

A Prévention primaire 

La politique nationale de lutte contre le paludisme au Cameroun en vigueur en ce moment a retenu deux approches stratégiques pour la prévention du paludisme : la lutte antivectorielle et le traitement préventif intermittent35 chez la femme enceinte.

S’agissant de la lutte antivectorielle, elle est dirigée contre le vecteur du microbe causant le paludisme, c’est-à-dire le moustique. Elle est essentiellement basée sur les aspersions intra-domiciliaires et l’utilisation de la moustiquaire imprégnée d’insecticides. Il faut cependant noter que depuis l’arrêt des campagnes de pulvérisation d’insecticides dans les domiciles, dans les haies et frondaisons sur la voie publique pour la lutte contre le paludisme dans les années 1960, les aspersions intra-domiciliaires n’ont repris au Cameroun, et à titre expérimental, qu’en 2008. L’insecticide utilisé était alors le DDT, à nouveau recommandé à faible concentration par l’OMS pour éviter la pollution de l’environnement. Les campagnes de masse pour cette forme de lutte antivectorielle ne sont pas encore organisées dans le pays. Le ministère de la santé publique encourage les populations à compléter localement les deux approches stratégiques de prévention du paludisme ci-dessus par des interventions supplémentaires que sont la lutte anti-larvaire et l’assainissement de l’environnement, surtout dans les zones des grands travaux et les zones d’irrigation.

L’utilisation de la moustiquaire imprégnée d’insecticides est la méthode la plus recommandée par les pouvoirs publics au Cameroun, depuis quelques années, pour la prévention du paludisme. Aussi, le ministère de santé publique organise-t-il fréquemment des campagnes de distribution gratuite de ce dispositif de lutte. Plusieurs organisations de la société civile et du secteur privé suivent cet exemple. Parallèlement, le ministère renforce les centres de ré-imprégnation de moustiquaires existant déjà dans les ménages. Il s’efforce aussi, depuis quelques temps, à mettre à la disposition des populations des moustiquaires à imprégnation longue durée et renforce la sensibilisation des communautés à l’utilisation de ce dispositif de protection contre les piqûres de moustiques.

S’agissant du traitement préventif intermittent, il est destiné à la femme enceinte chez qui le paludisme est une maladie dangereuse. Ce traitement prophylactique doit lui être administré lors des consultations prénatales à partir du troisième mois de grossesse. Il est basé sur une bithérapie36, au lieu d’une monothérapie37, en raison de la résistance croissante du plasmodium à l’antipaludéen courant (chloroquine) et moins cher.

B Prévention secondaire et prévention tertiaire

Ces deux types de prévention appellent l’utilisation de médicaments. Des antipaludéens efficaces sont recommandés par le PNLP, en cas d’accès palustres, tant à domicile, pour les cas de paludisme simple, que dans une formation sanitaire, pour les cas de paludisme grave. L’approche stratégique de prise en charge du paludisme à domicile est en cours d’expérimentation. Des relais communautaires ont été formés, à ce propos, pour une meilleure sensibilisation des populations.

Le discours de santé publique sur le paludisme est loin d’être immuable. Il est très sensible aux changements d’orientation des stratégies mondiales de lutte contre la maladie. Sur le plan stratégique, ce discours traduit les options politiques gouvernementales et les stratégies nationales en vigueur pour la lutte contre la maladie. Sur le plan opérationnel, ce discours est décliné en stratégies et messages de communication pour guider les communautés, les familles et les individus dans la lutte. Cette présentation montre toute l’importance du discours de santé publique sur la prévention du paludisme. Il a souvent, de ce fait, tendance à faire ombrage aux autres types de discours qui sont pourtant tout autant utile à la prévention de cette pathologie au Cameroun.

Notes
34.

Deux plans stratégiques nationaux de lutte contre le paludisme ont été élaborés depuis le début du présent millénaire (pour les périodes 2001-2006 et 2007-2010).

35.

Il s’agit de la prise d’un antipaludique à titre prophylactique (la sulfadoxine pyriméthanine) par la femme enceinte.

36.

L’antipaludéen utilisé ici résulte de la combinaison de deux molécules : la sulfadoxine et la pyriméthanine.

37.

La chloroquine.