B - Discours économique sur le paludisme au Cameroun

Il apparaît être le second en importance dans la discrimination des discours sur le paludisme au Cameroun. Nous en parlons en termes de discours économique pour mettre en prime les buts (cachés ou clairement exprimés) visés par les acteurs de ces discours, au delà de la présentation de l’incidence économique de la maladie et de la prévention de sa survenue chez les Camerounais. En effet, des aspects économiques sont visibles dans les énoncés de ce discours ayant notamment trait aux :

Ce discours est généralement de type promotionnel et il emprunte souvent au langage du commerce et du marketing avec une orientation claire vers le renforcement des ventes et la réalisation des profits. Cela est plus marqué pour les dispositifs de protection contre les piqûres des moustiques dont les ventes sont accompagnées souvent de spots ou d’insertions publicitaires dans les medias. S’agissant par exemple des moustiquaires, certains acteurs diffusent des publicités sur des types de moustiquaires bien déterminées. C’est le cas de Super moustiquaire, vendue par l’organisation non gouvernementale ACMS avec une tablette de ré-imprégnation nommée BLOC.

Les médicaments se prêtent peu aux mêmes traitements discursifs que les dispositifs de barrière contre les piqûres de moustiques. Leurs ventes ne sont pas accompagnées de publicité car la publicité sur les médicaments est, en principe, interdite au Cameroun. Néanmoins, en 2005, à la suite de la résistance avérée du plasmodium aux antipaludéens courants administrés en monothérapie, le Ministère de la santé publique a adopté la bithérapie, à base d’ACT, dans le traitement du paludisme au Cameroun à partir de 2006. De nouveaux antipaludéens sont apparus dans les officines publiques et privées où ils sont le plus souvent vendus aux patients sans ordonnance médicale.

Il est indéniable que ce discours s’appuie sur un argumentaire solide de santé publique qui fonde son existence. Il est important pour la prévention du paludisme chez l’homme, mais, il sert aussi par moments, un dessein économique pas toujours visible. Les prix pratiqués dans les officines privées pour les nouveaux antipaludéens38 dans un environnement où le pouvoir d’achat est généralement bas, sont révélateurs de cette propension affairiste qu’on ne peut facilement défaire de certains énoncés du discours sur la prévention du paludisme par les médicaments au Cameroun. L’existence d’un marché parallèle de vente illicite de médicaments (y compris des antipaludéens) en pleine expansion dans le pays vient corroborer cette assertion. Qu’en est-il du discours politique ?

Notes
38.

Autour de 4 000 francs CFA, soit un peu plus de 6 euros pour le traitement d’un accès palustre simple.