C - Discours politique sur le paludisme au Cameroun

Comme nous l’avons déjà signalée plus haut, la caractéristique majeure du paludisme est que cette maladie ne sévit de nos jours que dans les pays pauvres. Des stratégies efficaces de lutte contre cette endémie ont été correctement mise en œuvre dans les pays où la maladie a été éradiquée ; elles sont, au demeurant, coûteuses et ne peuvent être répliquées dans les pays hébergeant encore la maladie que si ceux-ci reçoivent une assistance des bailleurs de fonds ou des pays riches. Le discours politique sur le paludisme sert prioritairement cette cause et sert aussi à la mobilisation des populations pour lutter contre le fléau paludique.

Ce type de discours est généralement produit par de hauts commis de l’administration, dans des grands fora et rencontres internationales, scientifiques ou non. Ce sont des sortes d’outils de plaidoyer pour attirer l’attention de la communauté internationale et susciter la mobilisation des ressources financières nécessaires à la mise en œuvre des stratégies de lutte avérées. Ce discours met en prime le devoir de solidarité mondiale afin d’aider les pays pauvres à se débarrasser de ce fléau qui plombe leurs développements. Les énoncés choisis pour un tel discours ne s’appesantissent guère plus sur les actions à mener aux niveaux opérationnels, mais montrent la volonté des pays de mettre en route des politiques conséquentes, ainsi que leurs limites financières pour assurer une lutte bien coordonnée au niveau des communautés et des individus ;

Tels se présentent donc les différents discours sur le paludisme au Cameroun. Cependant, présentés comme nous l’avons fait semble biaiser la réalité inhérente à ces échanges discursifs qui ne s’applique pas exclusivement à la médecine conventionnelle moderne. Il nous semble juste d’adjoindre aux éléments des différents types de discours présentés, ceux relevant de la médecine traditionnelle. Ils n’apparaissent pas au niveau stratégique car la réflexion pour la complémentarité des deux formes de médecine dans le système de santé du Cameroun est encore en cours. Au demeurant, ces éléments sont présents au niveau opérationnel. Ils appartiennent en général au discours de santé publique car ils ont beaucoup plus trait soit à l’évitement de la survenue des fièvres, soit au traitement des accès fébriles qui sont les symptômes majeurs du paludisme auxquelles les adeptes de cette forme de médecine s’attaquent le plus souvent.

Certains de ces éléments, un peu comme dans le discours sur le SIDA, semblent se démarquer de la rationalité scientifique qui indexe le moustique et le plasmodium dans la transmission du paludisme. Mais, ces éléments mettent simplement en exergue certaines considérations culturelles liées à cette maladie. Ces éléments de la médecine traditionnelle apparaissent aussi de plus en plus dans le discours économique, notamment avec l’invasion du marché local par des produits asiatiques pour la prévention de cette endémie. Ces produits sont généralement vendus avec force publicité, dans plusieurs médias locaux, y compris ceux interpersonnels.39

Notes
39.

Ces produits sont souvent présentés et vantés au public par des vendeurs ambulants