A - Discours sur le paludisme au début du présent millénaire

Les recherches scientifiques sur le paludisme sont menées depuis de nombreuses années et reprécisent constamment les savoirs existant sur la maladie. Grâce à ces recherches, la transmission du paludisme, le diagnostic, le comportement du vecteur et les médicaments pour la traiter sont aujourd’hui bien connus. A. Riffet (2002) a donné un aperçu de ces recherches réalisées dans le paysde 1959 à 2001. En général,les savoirs issus des recherches sont examinés et validés par des commissions techniques, notamment au niveau de l’OMS au cours des rencontres d’experts qu’elle organise régulièrement. Des stratégies de lutte sont ainsi examinées, adoptées et recommandées aux pays membres de l’organisation pour leur mise en œuvre dans les programmes nationaux. La réunion ministérielle sur le paludisme d’Amsterdam de 1992 et le sommet des chefs d’Etats africains sur l’initiative Faire Reculer le Paludisme d’Abuja de l’an 2000 que nous avons évoquées plus haut en sont des prototypes. Ces rencontres auxquelles le Cameroun a pris part produisent des éléments qui alimentent les échanges discursifs autour du phénomène paludique dans les pays.

Aussi, certains éléments vont-ils apparaître comme socle de la construction des discours sur le paludisme. Ces éléments sont le fruit des investigations scientifiques (biologiques, biochimiques, médicales, etc.) sur cette pathologie ou des reprises des savoirs identifiés dans le premier chapitre afin de les vulgariser auprès du public cible. En fait, un document recensant exhaustivement de tels éléments n’existe pas.

En revanche, l’opuscule Savoir pour sauver 41 qui a la prétention de rassembler « l’essentiel de ce que les familles et les communautés doivent savoir sur les problèmes courants de santé » pour en prévenir les désagréments à ceux de leurs membres qui sont ciblés peut nous servir de document de référence pour identifier ces éléments clé pour la construction des discours sur le paludisme. La première édition de cette publication est parue en 1989, la seconde en 1993, la troisième en 2001 et on en est aujourd’hui à la quatrième édition parue en 2010. Jusqu’à l’aube du présent millénaire, ces éléments fondateurs des discours se présentaient comme indiqué dans le tableau suivant :

Tableau 2 : Eléments fondateurs des discours sur le paludisme

(Source : Tableau préparé par nos soins à partir des renseignements contenus dans « Savoir pour sauver, 2001 »)

Dans le cas des discours de santé publique, ces éléments servent à élaborer des messages d’information et de sensibilisation à l’attention du public cible. Les autres discours s’adossent sur ces éléments qui fondent leur légitimité auprès du public.

Le choix des énoncés publiés dans cet opuscule comme éléments fondateurs des discours sur le paludisme est sans doute réducteur de la diversité des thèmes à aborder sur le paludisme. Au demeurant, nous avons choisi de les retenir comme tels car, Savoir pour sauver 42 est publié au moins en 15 millions d’exemplaires et est largement vulgarisé dans le monde43. Il s’agit d’un document qui constitue une grande source d’inspiration pour la presque totalité des parties prenantes aux différentes problématiques de santé qu’il aborde et pour lesquelles il donne des conseils à suivre pour les résoudre. Autre précision : les auteurs de ce document n’en présentent pas le contenu comme les seuls conseils à suivre pour lutter contre les problèmes de développement objets de la publication. Ceci suggère par conséquent que des rajouts peuvent y être apportés en fonction des cibles à aborder.

Ainsi présentés, les éléments fondateurs des discours sur le paludisme contenus dans ce document, à l’examen, suggèrent quelques commentaires et quelques critiques : d’abord, ils s’appuient sur des informations épidémiologiques sur la maladie. Lorsqu’ils sont accompagnés des statistiques sur le paludisme, ils sont assez pertinents pour montrer que le paludisme est une maladie grave dont on peut toutefois se prémunir. Ensuite, ils précisent clairement que les enfants et les femmes enceintes sont les cibles les plus à risque de la maladie. Enfin, ils indiquent que la prévention du paludisme peut se faire par l’empêchement de la prolifération des moustiques dans l’environnement et par la protection contre leurs piqûres.

Notes
41.

Publié par l’UNICEF, en collaboration avec l’OMS, l’UNESCO, l’UNFPA, le PNUD, ONUSIDA, le PAM et la Banque Mondiale.

42.

La première édition était publiée en 1989 par l’UNICEF, l’OMS et l’UNESCO ; la seconde, en 1993 par les 3 premiers et l’UNFPA

43.

Il est publié en Anglais et en Français, mais les éditeurs encouragent sa reproduction, y compris en d’autres langues, avec simplement comme conditionnalité de mentionner la source de l’information.