A - Discours de santé publique sur le paludisme au Cameroun

Ces discours comprennent des énoncés standards sur les causes et les symptômes de la maladie, ainsi que les mesures élémentaires de prévention. En l’absence d’une politique nationale clairement définie pour la lutte le paludisme dans le pays, l’essentiel des discours sur cette maladie est ainsi organisé :

- Au niveau stratégique : les discours servent à l’élaboration des stratégies de lutte, d’abord orientées vers l’appui aux campagnes de masse, puis, basées sur les principes des soins de santé primaires. L’OMS (1978) présente en effet les soins de santé primaires comme :

‘« des soins essentiels fondés sur des méthodes pratiques, scientifiquement valables et socialement acceptables et des technologies universellement accessibles aux individus et aux familles, dans les communautés, à travers leur complète participation et à un coût que la communauté et le pays peuvent prendre en charge à chaque étape de leur développement dans un esprit d’autosuffisance. Ils forment une partie intégrale aussi bien du système de santé du pays dont ils constituent le pilier, que du développement économique et social global de la communauté ». ’

Des huit composantes des soins de santé primaires, les premières, troisièmes, sixièmes et huitièmes ont été les plus utilisées dans les discours. Elles concernent notamment :

‘Pour la composante 1 : L’éducation sur les méthodes de prévention et de lutte contre les principaux problèmes de santé ;
Pour la composante 3 : L’approvisionnement en eau et des mesures d’assainissement de base ;
Pour la composante 6 : La prévention et la lutte contre les endémies locales, et ;
Pour la composante 8 : la fourniture des médicaments essentiels.’

Ces orientations stratégiques des discours sont difficiles d’application au plan opérationnel.

- Au niveau opérationnel : Les discours apparaissant sous forme normative au niveau stratégique vont être déclinés en messages de sensibilisation visant à accompagner les campagnes de chimioprophylaxie de masse dans la perspective de l’éducation sanitaire à l’endroit des individus. Les populations sont, par cette voie, progressivement initiées à l’identification des symptômes de la maladie et à la recherche de médicaments recommandés pour une prise en charge convenable des accès palustres (nivaquine ou chloroquine, puis, d’autres médicaments plus efficaces). En 1989, les éléments fondateurs de ces discours ont été publiés dans la première édition du document Savoir pour Sauver, ce qui a contribué à faciliter la construction et l’énonciation des discours de santé publique sur le paludisme.

La structuration en cours du système de santé et l’absence de politique de

lutte indiquant clairement les approches et mesures recommandées, les responsabilités des communautés et des individus dans cette lutte, n’a certainement pas permis de limiter les effets néfastes de cette endémie sur les populations. Le rapport de la conférence mondiale d’Amsterdam sur le paludisme fait ainsi le point de l’analyse de la situation de la lutte contre cette endémie :

‘« Les expériences nationales ont mis en évidence un très large éventail de problèmes, propres à tel ou tel pays ou groupe de pays ou au, contraire, généralisés. Au delà de ces problèmes et d’autres aussi graves et courants que la résistance des parasites du paludisme aux médicaments chimiques et des moustiques vecteurs aux insecticides, il est apparu clairement qu’un grand nombre d’obstacles à la lutte antipaludique étaient communs à la grande majorité des pays d’endémie. » (OMS, 1992 : 6)’

Ce commentaire reflète les conclusions des travaux auxquels le Cameroun a pris part lors des réunions préparatoires. Il tient aussi pour le discours de santé publique d’alors sur le paludisme au Cameroun. Examinons à présent les discours économiques sur cette maladie pendant cette même période.