IV - Enonciation des discours sur le paludisme a l’aube du troisième millénaire

Le troisième millénaire démarre avec la lutte contre la pauvreté comme une des grandes préoccupations du moment ; au cœur de celle-ci, figure la maîtrise de l’endémie palustre. Les pays pauvres impaludés ou non et les pays riches, indemnes de cette maladie, se concertent, galvanisés qu’ils sont par la détermination inspirée un peu avant le début du siècle par le lancement de l’initiative mondiale FRP. Il est désormais question d’impulser le développement des pays et des populations encore sous le joug de cette maladie en combattant cette dernière de manière frontale. Il n’est plus question, dans cette nouvelle offensive, d’éradiquer le paludisme comme c’était le cas il y a une quarantaine d’années, mais de la contrôler de sorte qu’il ne soit plus une entrave au développement dans les parties du globe où le fléau continue de sévir. Le discours international sur la prévention du paludisme est par conséquent articulé autour des éléments de cette détermination à faire reculer le paludisme. Dans cette optique, ce discours s’adosse sur les faits historiques suivants :

• les 7 et 8 septembre 2000 à new-York, lors de la cinquante cinquième session de l’assemblée générale des Nations Unies, les pays membres s’engagent dans l’épanouissement général des peuples du monde en adoptant 8 objectifs du développement pour le millénaire dont ils fixent l’échéance en 2015. Au nombre de ceux-ci, l’objectif 6 cible, entre autres, le combat contre le paludisme ;
• les chefs d’Etat et de Gouvernement africains, réunis à un sommet sur le paludisme à Abuja, adoptent la Déclaration d’Abuja pour faire reculer le paludisme en Afrique le 25 avril 2000. Celle-ci est assortie d’un plan d’action, un cadre de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation. Il s’agit là d’une onction politique forte pour combattre cette endémie qui entrave le développement des pays impaludés ;
• le Fonds Mondial de Lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme est créé en 2002. C’est une structure dont le but est de mobiliser des ressources financières additionnelles, à travers le partenariat public-privé, et de les mettre à la disposition des pays pauvres. Ces ressources visent à apporter une contribution significative et durable à ces pays pour la réduction des infections, des maladies et des décès dus au SIDA, à la tuberculose et au paludisme ; à réduire la pauvreté à travers les OMD. S’agissant de la prévention du paludisme, la création de ce fonds mondial est apparue comme une parade importante au problème de ressources financières identifiées dans la décennie 1990 constituant une des entraves majeures à la mise en œuvre des activités de la plupart des programmes nationaux de lutte contre cette maladie ;
• le phénomène de résistance du plasmodium aux antipaludéens courants qui s’était signalé depuis le début des années 1980 s’est intensifié au début du troisième millénaire. La bonne vieille chloroquine a été rangée en raison de son inefficacité croissante. Selon l’IRD, l’utilisation des médicaments aux modes d’action indépendants pour prévenir l’émergence de résistances a été recommandée pour le traitement du paludisme au même titre que pour le traitement de la tuberculose et la lutte contre le SIDA.

Ce discours international sur le paludisme a aussi inspiré les différents types de discours sur la maladie au plan national. Nous nous proposons de les passer en revue maintenant.