C - Relations entre sujet, représentation et objet

La figure ci-dessous montre les relations entre le sujet et l’objet au cours de la construction d’une représentation ou alors d’une forme de savoir pratique entre les deux.

(Source : D. Jodelet, 2003 : 60)

L’observation de cette figure schématisant le processus de représentation sociale permet de dégager deux instances d’interaction entre le sujet et l’objet :

• la première est celle de construction qui fait que la représentation est une activité de construction et d’expression du sujet. Cette activité peut renvoyer à des processus cognitifs ; le sujet est donc considéré d’un point de vue épistémique. Dans ce cas, si le sujet est par exemple une maladie, la construction qu’on peut en faire peut résulter des savoirs existants et permettre ainsi d’en parler sous forme de genèse et de symptomatologie de celle-ci. La construction peut aussi se faire par des mécanismes intrapsychiques, auquel cas, la construction sera largement influencée par des projections fantasmatiques, des investissements pulsionnels, identitaires ou des motivations particulières de l’individu qui la fait. Le sujet peut tout aussi bien être considéré d’un point de vue psychologique, ce qui fera que la construction sera largement influencée par les perceptions culturelles de celui-ci.
• la seconde instance sera celle de la modélisation de l’objet ainsi construit en vue de faire du sujet construit une forme de savoir directement matérialisé dans un objet nommable ou apparaissant dans les comportements.

Le passage de la première à la seconde instance est donc le processus de construction de la représentation. Il s’opère à travers le rapprochement du sujet d’une forme quelconque de savoir et la traduction de ce savoir en une pratique comme le résultat d’un compromis psycho-social. C’est ainsi que pour un phénomène donné, des individus d’un même groupe d’appartenance vont s’appuyer sur les savoirs existants pour identifier le phénomène et lui trouver des expressions leur permettant de le nommer sur le plan linguistique ; ils vont par la suite développer des attitudes et des aptitudes culturellement marquées pour intégrer ce phénomène dans leur vécu quotidien. Ce phénomène peut être la maladie, la santé comme nous l’avons vu dans ce chapitre ; il peut aussi bien être autre chose auquel l’homme fait face.

Au terme de ce chapitre, nous pouvons conclure que le phénomène de représentation remonte au 19e siècle avec E. Durkheim qui en parle d’abord en termes de représentations collectives. A sa suite, S. Moscovici s’intéresse à nouveau aux représentations dans les années 1960. Ils les abordent, dans la perspective sociologique comme Durkheim, mais sous l’angle psycho-social. Au lieu de parler des représentations collectives, il parle des représentations sociales pour rendre compte des constructions psychologiques qui s’opèrent pour un phénomène donné au sein d’un groupe ou d’une collectivité et qui permet aux individus dans ce milieu de l’identifier et de mieux le maîtriser. Le concept de représentations, de manière générale, concernent des sujets fort divers. Nous voulons l’appliquer, dans le prochain chapitre, au paludisme en Afrique.