II - Tentative d’organisation des représentations sociales sur le paludisme au Cameroun

A - Représentations sociales générales du paludisme

Le dépouillement des propositions de représentations du paludisme au Cameroun par les 128 Camerounais enquêtés se présente comme suit :

Tableau 13 : Distribution des représentations sociales générales du paludisme, Cameroun, 2008

(Source : Présente recherche)

La représentation graphique de ces résultats se présente comme indiqué dans la figure 11.

Figure 11 :Illustration de la répartition des représentations sociales Générales du paludisme, Cameroun, 2008

(Source : Présent recherche)

Le total cumulé des représentations sociales du paludisme au Cameroun telles que proposées par les enquêtés est de 350, c’est-à-dire largement au dessus de notre population. L’explication en est que les individus interrogés ont, par moments, proposé plusieurs représentations du paludisme qui ont été regroupées dans la même catégorie. La figure 3 montre ainsi les regroupements faits et permet de comparer les fréquences des différentes catégories des représentations.

Deux représentations apparaissent proéminentes dans ces résultats ; ce sont, par ordre décroissant : Santé ou maladie, et Economique. Tous les enquêtés (128) perçoivent le paludisme au Cameroun d’abord comme une maladie ou comme un problème de santé. Les résultats montrent aussi que, de toutes les représentations proposées pour cette pathologie au Cameroun, une fois sur trois (36,57%), on la regarde avant tout comme une maladie ou un problème de santé. Il apparaît des déclarations de ces personnes qu’elles savent que le moustique est le vecteur de la maladie, mais certaines parmi ces personnes ne savent pas toujours les conditions environnementales réelles favorables au développement du moustique. C’est pour cette raison que dans la perception de la maladie, elles parlent de : saleté, propreté, Habitations au bord des rivièressans nécessairement lier ces éléments aux eaux stagnantes dans un environnement aéré qui favorisent la prolifération des moustiques.

S’agissant de la perception du paludisme au Cameroun sous l’angle Economique, les explications l’accompagnant insistent sur le prix à payer pour l’acquisition des dispositifs de lutte contre les moustiques (insecticides, bombes aérosol, fumigènes, etc.) et la cherté des médicaments pour la prise en charge des accès palustres. Les explications qui ressortent des entretiens approfondis avec les enquêtés révèlent que les antipaludéens sont en général chers, surtout les nouvelles molécules administrées en bithérapie depuis 1986 face à la résistance du plasmodium aux monothérapies jusque là utilisées pour soigner des cas de paludisme. Un phénomène qui corrobore cette vision des choses est celui du médicament de la rue ou des médicaments vendus par des marchants ambulants. Ces médicaments ne sont guère fiables, mais ils sont à portée de la bourse d’un grand nombre d’individus. C’est sans doute aussi pour cela que les enquêtés ont avancé comme autres perceptions de cette maladie au Cameroun la subvention des médicaments ou les médicaments traditionnels qui apparaissent comme des alternatives à la situation présente pour la prise en charge des accès palustres.

Les aspects stratégiques, politique, affaire du village, surnaturel et autres des perceptions sont peu marqués chez les personnes enquêtées. Néanmoins, ils sont importants par leur diversité et leurs références culturelles. Pour une bonne partie des enquêtés, le paludisme est perçu suivant des acquis culturels souvent en discordance avec les représentations scientifiques de la maladie. La place des esprits maléfiques, des sorciers et des ancêtres est encore forte dans l’explication de la survenue de la maladie. De même aussi, le recours aux guérisseurs traditionnels et aux marabouts semble fréquent chez certaines personnes consultées. La catégorie autres apparaît quelque peu marginale dans les représentations du paludisme, elle contient souvent des images et idées qui montrent une grande variété des perceptions du fléau. Chez les enquêtés, les mots inducteurs que sont Le paludisme au Cameroun peuvent ainsirenvoyer à des représentations aussi variées que : Vol, GIC-santé, tradi-praticien, moyen d'autopromotion pour certains, argent géré sans transparence, refus des labos d'investir dans les vaccins, duperies des ONG, détournement des fonds, médias, Ignorance, peur, misère, promiscuité, anxiété, Ignorance, malnutrition, etc. Il serait intéressant de voir la répartition de ces représentations selon les variables que nous avons identifiées plus haut.