D - Représentations sociales selon les lieux d’habitation

Le dépouillement des résultats de l’enquête montre la distribution ci-après en fonction du lieu d’habitation des enquêtées :

Tableau 16 : Distribution des représentations sociales par lieu d’habitation

(Source : Présente recherche)

Figure 14 : Illustration de la distribution des représentations sociales selon les lieux d’habitation
Figure 14 : Illustration de la distribution des représentations sociales selon les lieux d’habitation

(Source : Présente recherche)

Dans notre échantillon d’enquête, 74 personnes résident à Yaoundé ou à Douala et 54 personnes dans une localité du pays autre que ces deux métropoles. L’évocation des mots paludisme au Cameroun fait prioritairement venir à l’esprit de personnes enquêtées des images de la santé ou de la maladie, indépendamment de leur lieu d’habitation. Il convient de noter que les écarts les plus nets concernent les catégories économique, politique, et surnaturel. Une des explications possibles pour cet écart dans la catégorie économique est que les parents restés en milieu rural reçoivent de temps à autre un appui en numéraire pour les soins de santé, y compris des accès palustres, des enfants installés en ville, au nom de la solidarité et du devoir d’assistance au sein des familles. Cela serait de nature à atténuer le poids économique de la maladie en dehors des grandes métropoles où les individus sont généralement appelés à payer eux-mêmes pour ces soins.

L’écart dans la catégorie politique serait sans doute à mettre sur le compte des difficultés liées à l’accessibilité géographique de certaines populations rurales aux formations sanitaires. Certains des enquêtés viennent des régions souffrant de ce problème et accusent les politiques de lutte contre le paludisme qu’ils jugentinsuffisamment équitables. Enfin, l’écart observé dans la catégorie surnaturel fait voir que la lutte contre le paludisme continue d’être plombée par des considérations culturelles irrationnelles qui vont grandissant, à mesure que l’on s’éloigne des grandes métropoles. Le fait même que l’évocation du paludisme ne renvoie pas systématiquement à une maladie ou un problème de santé montre que le Camerounais a du mal à se défaire des acquis culturels identitaires de son milieu d’origine(le village, la tribu ou la région) et ceci aura nécessairement une influence dans ses pratiques vis-à-vis de la maladie.

Au total donc, cette méthode de collecte de représentations sociales nous a permis d’examiner la perception du paludisme en fonction des variables sexe, profession et lieu d’habitation. De ce qui se dégage des idées, pensées et croyances spontanément recueillies auprès des personnes interrogées, le phénomène paludique est bien connu à travers le Cameroun. Sa perception par la victime potentielle de la maladie varie en fonction de chacune des trois variables choisies tout en gardant un consensus sur deux images prioritaires qui, par ordre décroissant des choix sont celles de santé ou de maladie et d’économie. D’autres images viennent aussi à l’esprit des personnes interrogées lorsqu’on leur parle du paludisme au Cameroun, mais dans des proportions moindres comparées aux images précédentes. Celles-ci ont trait à la politique, aux aspects stratégiques de la lutte contre cette pathologie, à des éléments culturels spécifiques de certains villages ou tribus du pays, au surnaturel et à beaucoup d’autres considérations (présentées à l’annexe du présent travail).

Pour confirmer cette tendance et surtout tenter une hiérarchisation des différentes images que suggère la perception du phénomène par les personnes interrogées, nous les avons soumis à un exercice d’assemblage, dans la troisième partie de notre enquête. L’analyse des résultats donne une idée de l’organisation des représentations sociales du paludisme au Cameroun.