3. Représentations sociales dans la zone de paludisme équatorial à transmission forte et continue, y compris Yaoundé et Douala

Les informateurs originaires de cette zone ou habitués à celle-ci ont indiqué des images, pensées et idées ci-après que l’on peut ainsi regrouper : Maladie, traitement, prévention, agent, sort, connaissances. Les explications se présentent comme suit :

  • Connaissances
    • Ignorance et négligence des populations ;
    • Souffrance et recherche effrénée de l’argent empêchant de bien se nourrir ;
    • Sensibilisation des populations à travers les medias, surtout les radios de proximité.

En rapprochant ces différentes représentations du paludisme dans les trois zones délimitées en fonction de la durée de la transmission de la maladie pendant l’année, quelques conclusions s’imposent :

a) A quelques nuances près, l’on note les mêmes représentations de la maladie dans les trois zones. Quel que soit le faciès écologique auquel l’informateur est habitué, le paludisme apparaît d’emblée comme une maladie dangereuse. Les représentations les plus frappantes de cette pathologie ont trait au moustique qui la provoque, à l’offre de soins disponible dans l’environnement pour la prise en charge de la maladie et aux habitudes thérapeutiques des populations dans les différentes zones.

Le traitement vient tout de suite à l’esprit lorsqu’on parle du paludisme au Cameroun. Cette image fait penser aux difficultés des populations à se procurer des médicaments de qualité ou à pouvoir les acquérir à la mesure de leurs bourses (ou à moindre coût) pour traiter la maladie. L’argent apparaît comme un élément frappant dans la perception du paludisme. Il intervient à un double niveau : d’abord comme l’élément indispensable à la prise en charge de la maladie en même temps qu’il représente un élément perturbateur d’une lutte appropriée contre le paludisme. Ce second aspect de présentation de l’argent est soutenu dans les explications faisant appel à des expressions d’emprunt, à consonance péjoratives, comme « gros sous », « corruption », « grosses voitures ». Le paludisme apparaîtrait comme un motif de mobilisation d’énormes sommes d’argent auprès des bailleurs de fonds, mais, cet argent ne serait pas toujours utilisé à bon escient par les structures nationales compétentes.

Une autre représentation du paludisme qui vient à l’esprit des personnes consultées est celle de la prévention de la maladie. Elle vient montrer que les populations dans les différentes zones écologiques de la maladie savent qu’en mettant en œuvre certaines mesures, elles peuvent éviter de contracter la maladie. Mais, la difficulté majeure est la bonne observance de ces mesures, eu égard à la pauvreté et à l’environnement globalement favorable à la prolifération des moustiques.

Les autres représentations du paludisme portent sur les croyances des populations sur la maladie. On retrouve ici des références à des pratiques magiques, maléfiques ou surnaturelles. Ainsi, le paludisme serait un sort lancé à un individu, surtout lorsque la maladie tarde à guérir. La consommation de certains aliments ne serait pas recommandée, au motif qu’ils transmettent le paludisme. C’est le cas des aliments crus et des fruits comme la mangue, surtout en chaque début de saison des mangues. Enfin, les sorciers et les esprits sont reconnus comme détenteurs de pouvoirs pouvant transmettre le paludisme.

b) Lorsqu’on examine les explications qui sont données pour appuyer ces représentations de la maladie, on y retrouve les marqueurs que nous avons indiqués plus haut.

Notes
110.

Distribution de la nivaquine à titre prophylactique.