G - Utilisation des représentations sociales du paludisme au Cameroun et Relations internes

Les représentations sociales du paludisme au Cameroun telles que nous les avons identifiées jouent plusieurs fonctions dans la société camerounaise : elles servent notamment à la construction de référence et d’identité, à la normativité et à la justification a posteriori des conduites sociales vis-à-vis de la maladie.

Les éléments du noyau central pourraient, à eux seuls, permettre de circonscrire et de cerner totalement le phénomène paludique. Ces éléments sont, pour l’essentiel, ceux des discours de référence sur le paludisme. Ils sont l’émanation de la norme en matière de paludisme car ils reflètent les résultats de recherches dans ce domaine tels que produits par les laboratoires. Il convient toutefois de noter que ces éléments sont produits en débarrassant, autant que faire se peut, les résultats bruts de leurs jargons scientifiques au sortir des laboratoires. Grace à ce processus de vulgarisation, le discours, purement scientifique au départ, épouse les contours des termes plus familiers qui permettent son assimilation et sa manipulation par les différents acteurs sociaux, y compris ceux qui n’ont aucune culture scientifique.

Le noyau central et le système périphérique sont très importants dans les représentations sociales d’un objet ou d’un phénomène. Pour le paludisme au Cameroun, les deux types d’éléments sont complémentaires. Ceux du noyau central sont plus normatifs et incontournables. Ils sont empruntés aux discours des experts internationaux sur le paludisme et doivent être acceptés en l’état. Par exemple, il est établi que le plasmodium est transmis à l’homme par l’anophèle femelle ; ceci est une vérité contre laquelle nous n’y pouvons rien quelle que soit la société dans laquelle nous vivons. Par contre, les éléments périphériques traduisent les interactions entre les acteurs sociaux autour d’un objet ou d’un phénomène donnés.

Ces deux types d’éléments ont une fonction d’orientation auprès des acteurs sociaux et sont à la base des comportements de ces acteurs vis-à-vis de la maladie. A titre d’illustration, il n’est pas établi que la survenue d’un accès palustre ou alors les complications de la maladie sont le fait de pratique sorcière quelconque. De même, ne pensons-nous pas qu’il existe de « bons » ou de « mauvais paludisme » comme certains Camerounais disent. Ces représentations conditionnent leurs pratiques face à la prévention du fléau paludique au Cameroun.