C - Quelques remarques sur le corpus

D’abord : le caractère squelettique de la production médiatique sur le paludisme pendant la période d’étude : En effet, en 17 années, Cameroon tribune, le grand quotidien d’information national, a publié près de 197 articles, tous genres confondus, faisant explicitement apparaître le mot paludisme dans leurs intitulés, soit une moyenne de près de 12 articles par an ou à peine 1 article par mois. La Nouvelle Expression, quotidien privé, n’a guère fait mieux en publiant 63 articles en 8 ans, soit une moyenne de 8 articles par an. Pour une maladie qui est le principal motif de consultation et la première cause de mortalité dans un pays, cette présence timide dans les médias pose le problème de la volonté d’en parler, d’échanger sur cette pathologie et d’en améliorer la qualité de la prévention. Il nous semble indiqué de nous attarder sur les raisons possibles de ce manque d’intérêt de la presse pour un sujet aussi névralgique. En voici quelques conjectures que pourraient éventuellement confirmer des sondages d’opinions auprès des professionnels des médias :

Enfin, sur le plan des rubriques dans lesquelles les articles sur le paludisme ont été généralement publiés, il faut constater que celles-ci sont, par ordre d’importance : Société (nationales, provinces, régionales, santé) ; Dossiers de la rédaction ; Magazine ; Actualités, Editorial et pages vertes.

S’agissant du caractère parcimonieux du traitement de l’information médiatique sur le paludisme, il faut souligner que Roger Owona, un journaliste de Cameroon tribune en avait fait le même constat dans un billet intitulé Tant pis, on attendra… que publie l’édition n° 7515/3804 du 15 octobre 2002 de ce quotidien d’information, en page 11. En voici un extrait fort évocateur :

‘« …Il arrive qu’un événement ou un fait de société s’appréhende en fonction du battage médiatique orchestré autour de celui-ci. Il paraît qu’un parfait non-évènement défraie la chronique, et vice-versa. C’est un peu le cas du paludisme. En matière de médiatisation, il apparaît comme un parent pauvre. Qu’on le veuille ou pas, les médias ne lui ont pas accordé jusqu’à présent tout le traitement adéquat. Certes, de temps en temps, on le sort des tiroirs du quasi-oubli. Mais, est-ce suffisant au regard des ravages causés par le palu ? » ’

Nous en avons fait le même constat, ce qui nous a suggéré la parade d’exploiter les journaux pendant une période relativement longue afin de multiplier les chances de bien capter le regard des médias sur le paludisme au Cameroun. Les références des articles retenus dans le corpus d’analyse à l’issue de ce travail, leurs titres, les rubriques et les pages dans lesquelles ils ont été publiés sont répertoriés dans l’annexe 5 de notre travail. Avant de passer à l’analyse du discours médiatique sur le paludisme au Cameroun, abordé en profondeur dans le chapitre 8, nous avons tenté une analyse socio-discursive des contenus des discours sur le paludisme afin de dégager les principales caractéristiques sociales des discours tenus sur cette endémie au Cameroun.