D – Caractéristiques sociales des discours sur le paludisme au Cameroun

En abordant l’analyse de discours comme celle d’un objet sociologique, J. Widmer (2007) nous apprend que l’architecture de l’énonciation d’un discours est constituée par les composantes suivantes : l’énonciateur, le destinataire, le monde décrit ainsi que les modalités des rapports entre ces trois éléments. Ils forment une relation triadique parce que toute transformation qui affecte l’un des pôles affecte les deux autres, ainsi que les modalités de leurs rapports. Ces trois pôles sont observables aux énoncés (ou tout autre matériel signifiant) et inclut le rapport réflexif à lui-même. L’énonciateur a pour fonction d’établir un lien de communication entre un amont et un aval à propos d’un monde commun, afin de provoquer un interprétant en réception. L’énonciation comporte des actes, des acteurs, un temps, un lieu ainsi qu’une scène ou un cadre.

La modalité peut concerner divers prédicats. Il peut s’agir, du côté de l’énonciateur, de prédicats épistémiques ou des prédicats évaluatifs sur un savoir donné. S’agissant du discours sur le paludisme, les prédicats épistémiques peuvent être que les anophèles femelles transmettent le paludisme et les prédicats évaluatifs peuvent donner des statistiques sur l’incidence du paludisme dans une région du pays. Il peut aussi s’agir de prédicats d’action permettant à l’énonciateur de recommander une action quelconque au destinataire. Ainsi, l’énonciateur peut demander aux populations de dormir sous une moustiquaire pour éviter les piqûres nocturnes de moustiques.

L’énonciation présente enfin une médiation entre énonciateur et destinataire. Cette énonciation est déterminée par un contexte institutionnel. Les discours peuvent, dans ces conditions, être dits objectifs si l’énonciateur se pose en symétrie avec le destinataire. Il peut aussi y avoir asymétrie entre les deux pôles comme dans le cas des discours pédagogiques où l’énonciateur apparaît comme dispensateur d’enseignement à l’endroit du destinataire. Enfin, le destinataire peut entretenir des rapports divers avec l’énonciateur, avec le monde décrit ou avec l’énoncé.