2. Bithérapie comme nouvelle orientation thérapeutique contre les cas de paludisme simple

L’institution de la bithérapie au Cameroun comme parade contre les résistances aux antipaludéens administrés en monothérapie est présentée par la presse camerounaise comme l’application d’une décision de l’OMS. A l’origine, des antipaludéens très efficaces étaient fabriqués à partir de l’artémisinine, substance extraite d’une plante chinoise. Cameroon tribune n° 8521/4720 du 24 janvier 2006 nous apprend en page 7 que l’OMS a demandé aux firmes pharmaceutiques de cesser de commercialiser des antipaludéens simplement à base d’artémisinine. Armand Essogo qui rapporte l’injonction de l’organisation faitière de la santé mondiale indique que depuis 2004, le Cameroun a adopté l’association artésunite (dérivée de l’artésinine) et l’amodiaquine (avec pour dérivée flavoquine, amoquine, camoquin…). Le vice président du comité national Roll back malaria, Pr. Same Ekobo anticipe sur les subventions du gouvernement et du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme et sur l’organisation au niveau du programme national de lutte contre le paludisme pour relever les contraintes éventuelles de l’accessibilité géographique et financière des nouveaux antipaludéens, administrés en bithérapie, sur l’ensemble du territoire national. Ceci devrait, en principe, entraîner une meilleure gestion de la prévention secondaire de cette endémie dans le pays. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on va assister à un foisonnement du marché camerounais avec des combinaisons à base d’artémisinine.

Le 19 février 2007, le ministère de la santé publique a publié les prix à observer dans les structures sanitaires publiques pour ces combinaisons. Le traitement d’un accès palustre se situe autour de 600 francs CFA, même si les investigations des journalistes ne confirment pas un respect strict de ces dispositions sur le terrain. Dans un article au titre fort révélateur : Traitement du paludisme : des prix variables malgré la gratuité, Sidonie Ndjabum note la gratuité sous le couvert de la réduction des prix des médicaments antipaludéens annoncée en grande pompe par le ministre de la santé publique affiche ses limites. Il y a, en effet, une variation des prix d’un hôpital à un autre ; les prix des six combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine, homologués par le ministère de la santé publique sont différemment observés dans les formations sanitaires. Dans ce même article, l’on apprend que la réduction des prix opérée ne concerne que les antipaludéens pour le traitement des accès palustres simples. En cas de paludisme grave, la prise en charge coûte en moyenne 5.000 à 10.000 francs CFA par jour (La Nouvelle Expression, n° 1988 du 29 mai 2007, p. 9).