Annexes

Annexe 1 : Brève présentation du Cameroun

I. Situation géographique

Le Cameroun est un pays d’Afrique Centrale situé au fond du Golfe de Guinée, entre les 2eet 13e degrés de latitude Nord et les 9e et 16edegrés de longitude Est. Le pays a une superficie de 475.650 kilomètres carrés et une population de 19.406.100 habitants136. Le Cameroun est limité à l’Ouest par le Nigéria, au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée Équatoriale, à l’Est par la République Centrafricaine, et au Nord-est par le Tchad. Enfin, au sommet du triangle, au Nord, le pays est coiffé par le Lac Tchad. Le milieu naturel, fort diversifié, est ainsi constitué : 

  • Le sud forestier (Régions du Centre, de l’Est, du Littoral, du Sud et du Sud-ouest) est situé dans les zones maritime et équatoriale caractérisées par une végétation dense, un vaste réseau hydrographique et un climat chaud et humide avec des précipitations abondantes. Les deux plus grandes villes du pays : Douala (capitale économique avec ses activités commerciales et industrielles, ville abritant le principal port du pays) et Yaoundé (capitale politique) sont dans cette partie du pays.
  • Les hauts plateaux de l’ouest (régions de l’Ouest et du Nord-Ouest), dont l’altitude moyenne est supérieure à 1 100 m, forment une zone riche en terres volcaniques, favorables à l’agriculture. La végétation y est moins dense que dans le sud forestier et le climat frais.
  • La zone soudano- sahélien (Régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord) est une région de savanes et de steppes. En dehors du plateau de l’Adamaoua où le climat est plus tempéré, le reste de cette région est caractérisé par un climat tropical chaud et sec aux précipitations de plus en plus limitées au fur et à mesure que l’on se rapproche du lac Tchad.
Figure 1 : Carte géographique du Cameroun

II. Aperçu historique et Organisation politico-administrative

Le Cameroun a été découvert par les Portugais en 1472 et colonisé par l’Nations-Unies en 1884. C’est un pays bilingue137, composé d’une zone francophone et d’une zone anglophone. En effet, au terme du Traité de Versailles (à la fin de la première guerre mondiale), le pays a été placé, en 1919 par la Société Des Nations (SDN), sous mandat des administrations française (pour le Cameroun Oriental avec pour capitale Yaoundé) et anglaise (pour le Cameroun Occidental avec pour capitale Buéa). Le pays accède à l’indépendance le 1erjanvier 1960 pour le Cameroun sous tutelle138française et le 1eroctobre 1961 pour le Cameroun sous tutelle anglaise. À cette dernière date, le Cameroun devient un Etat fédéral. Le 20 mai 1972, à la suite d’un référendum, les deux États fédérés deviennent un État unitaire (République Unie du Cameroun). En 1983, la République Unie du Cameroun devient République du Cameroun. Après une longue période de régime du parti unique au lendemain de l’indépendance, le multipartisme qui existait déjà dans le pays avant l’indépendance est réintroduit au Cameroun par la loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d’association.

Le pouvoir exécutif est exercé par un Président de la République élu au suffrage universel pour un mandat de sept ans renouvelable une fois. Le Président Paul Biya, au pouvoir depuis le 6 novembre 1982, a été réélu en octobre 2004 pour un deuxième septennat139. L’Assemblée Nationale exerce le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire est exercé par la Cour Suprême. Il existe également un Conseil Économique et Social et une Chambre/Cour des Comptes. La constitution de janvier 1996 prévoit par ailleurs un Sénat et un Conseil Constitutionnel non encore fonctionnels à ce jour.

III. Aperçu socio-économique

Le développement économique du Cameroun repose, principalement comme la plupart des pays en voie de développement, sur le secteur primaire. Les productions agricoles vivrières (maïs, manioc, banane plantain, macabo, riz, mil, sorgho et arachide) et de cultures de rente (cacao, café, coton, caoutchouc, banane, ananas) font de l’agriculture camerounaise la plus riche d’Afrique Centrale. D’une manière générale, le pays est auto-suffisant sur le plan alimentaire. Cependant les habitudes alimentaires des populations ne favorisent pas toujours une alimentation quotidienne équilibrée.

Le Cameroun reste un pays pauvre : selon la Deuxième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages (ECAM II), en 2001, deux personnes sur cinq (40 %) vivaient en dessous du seuil de pauvreté, estimé à 232 547 FCFA par adulte et par an. Le taux d’activité de la population âgée de 15-64 ans était de 66 % en 1987, selon le Deuxième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH). Selon l’ECAM, le taux d’activité au sens du Bureau International du Travail (BIT) était estimé en 2001 à 72 %.

En matière de santé, en 1990 le Ministère de la Santé comptait 1 lit pour 393 habitants et 1 médecin pour 11 407 habitants. Selon les projections, en 2004, le pays comptait 1 lit pour 442 habitants et 1 médecin pour 5 673 habitants.

IV. Bref aperçu de la p olitique de santé

1. Historique

Quatre étapes majeures ont marqué jusqu’ici l’évolution de la politique sanitaire du Cameroun :

La période coloniale, caractérisée par : (i) l’exercice d’une médecine mobile initiée par le Docteur Eugène Jamot dans le Cameroun Oriental, (ii) la gratuité des soins médicaux aux administrateurs coloniaux, militaires, religieux et accessoirement aux colonisés ; (iii) l’extension du réseau sanitaire vers les zones rurales ; (iv) la formation médicale à Dakar, et para médicale à Ayos ; (v) la mise sur pied de programmes verticaux mobiles de lutte contre les endémies locales (trypanosomiase, paludisme).

La période post-indépendance, marquée par l’expérimentation des approches de santé communautaire, susceptibles d’assurer aux populations des soins de santé techniquement valables et en harmonie avec leurs réalités locales.

La période post Alma Ata basée sur les Soins de Santé Primaires (SSP) dont l’objectif général était d’amener, d’ici à l’an 2000, tous les peuples à un niveau de santé en leur permettant de mener une vie socialement et économiquement productive.

La politique actuelle se situe dans le cadre d’une approche de la région africaine qui tient compte des similitudes des systèmes sanitaires globalement en déclin. Elle tient donc compte des recommandations issues de certaines rencontres importantes organisées par les Etats africains au cours desquelles des stratégies concertées ont été développées. Parmi ces rencontres, Il convient de citer la conférence de Lusaka (1985), la conférence interrégionale de l´OMS à Harare (Août 1987), le sommet des Chefs d’États de l’OUA (Juillet 1987) et la conférence de Bamako (septembre 1987).

2. Réformes récentes et mise en place d’une politique de santé

Au Cameroun, les réformes élaborées et rendues publiques en 1989 ont été officiellement adoptées en 1992 par la Déclaration de Politique Sectorielle de Santé et, en 1993, par la Déclaration de mise en œuvre de la Réorientation des Soins de Santé Primaires. Dans ce concept, les principes suivants constituent les éléments de base :

  • la participation de la communauté dans le but de son auto responsabilisation vis-à-vis de ses problèmes de santé ;
  • la mise en évidence du lien étroit entre le développement et la santé ;
  • le respect des Droits de l’Homme, comme celui d’être informé et celui de l’intégrité de l’individu, y compris son libre arbitre.

Dans le cadre de ces réformes, le centre de santé est appelé à jouer le rôle d’intermédiaire entre la communauté et les services de santé ; c’est aussi dans les centres de santé que sont dispensés les soins intégrés, continus et globaux. Ces réformes reposent sur :

  • le financement des activités des Soins de Santé Primaires par le biais des contributions communautaires et non communautaires ;
  • le succès de la mise en œuvre des SSP par la supervision et le Système National d’Informations Sanitaires ;
  • le développement de la participation communautaire par la mise sur pied et le fonctionnement des structures de dialogue et de gestion.

La mise en œuvre de ces politiques a conduit à l’élaboration du document des stratégies sectorielles de la santé qui a été adopté en octobre 2001. Dans ce document, le Gouvernement compte à l’horizon 2010 (i) réduire de 1/3 au moins la charge morbide globale et la mortalité des groupes de populations les plus vulnérables, (ii) mettre en place, à une heure de marche et pour 90 % de la population, une formation sanitaire délivrant le Paquet Minimum d’Activités (PMA) et (iii) pratiquer une gestion efficace et efficiente des ressources dans 90 % des formations sanitaires et services de santé publics et privés à différents niveaux de la pyramide.

Pour atteindre ces objectifs, les autorités ont développé un ensemble de huit programmes à travers lesquels elles mènent des actions spécifiques pour améliorer sensiblement la santé des Camerounais. Il s’agit de (i) la lutte contre la maladie, (ii) la santé de la reproduction, (iii) la promotion de la santé, (iv) les médicaments et consommables médicaux essentiels, (v) le processus gestionnaire, (vi) l’amélioration de l’offre de la santé, (vii) le financement du secteur de la santé et (viii) le développement institutionnel.

Le programme « Lutte contre la Maladie » est axé sur (i) la lutte contre les grandes endémies de santé publique que sont le paludisme, première cause de mortalité et de morbidité pour lequel un programme spécifique a été élaboré, la lèpre, l’onchocercose, la cécité, la trypanosomiase humaine africaine, le ver de guinée, la schistosomiase, (ii) la lutte contre certaines maladies chroniques constituant un problème de santé publique au nombre desquels l’hypertension artérielle, le diabète, l’épilepsie, la drépanocytose, les cancers, l’asthme, les affections rhumatismales, la surdité, (iii) la lutte contre les épidémies, notamment le choléra, la rougeole, la méningite cérébro-spinale, et la prise en charge des urgences dues aux catastrophes et accidents et (iv) la lutte contre la tuberculose et les IST/SIDA pour lesquelles un programme spécifique a été adopté en septembre 2000.

Le programme « Santé de la Reproduction » met l’accent sur (i) la santé de la mère, de l’adolescent et de la personne âgée, (ii) le programme élargi de vaccination (PEV) axé sur la protection des enfants de 0 à 11 mois et de 1 à 5 ans contre des maladies évitables par la vaccination telles que la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la variole, l’hépatite, la fièvre jaune, la poliomyélite, la rougeole, etc., (iii) la promotion de la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME) notamment les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës, le paludisme, la rougeole et les carences nutritionnelles chez les enfants de moins de 5 ans.

Le programme « Promotion de la Santé » concerne surtout (i) l’information, l’éducation et la communication de santé, éléments nécessaires pour amener les populations à adopter des comportements et styles de vie favorables à leur santé, (ii) l’alimentation et la nutrition nécessaires pour réduire l’incidence des malnutritions protéino-énergétiques, de l’anémie et de la carence en vitamine A chez les enfants de moins de 5 ans, les adolescents, les femmes enceintes et celles qui allaitent et (iii) la santé mentale et le comportement humain.

Le programme « Médicaments Réactifs et Dispositifs Médicaux Essentiels » a pour but de développer des stratégies permettant de rendre disponibles dans toutes les structures sanitaires les médicaments essentiels, de préférence sous leur forme générique, les réactifs ainsi que les dispositifs médicaux essentiels de qualité, et d’en faciliter l’accès aux populations.

Le programme « Processus Gestionnaire », porte sur l’amélioration de la gestion financière du secteur de la santé, des infrastructures et équipements, des ressources humaines, du système d’information sanitaire, en vue d’améliorer l’offre des soins et services de la santé. Le programme « Amélioration de l’Offre des Soins et Services » porte sur le développement des ressources humaines et des infrastructures et équipements, la réforme hospitalière et sur la définition et des protocoles et normes des soins. Ces différentes actions permettront de (i) rendre disponibles des ressources humaines tant sur le plan qualitatif que quantitatif pour la mise en œuvre de la politique sanitaire nationale, (ii) contribuer à l’amélioration de l’offre des services en matière de santé pour toutes les couches de la population camerounaise et (iii) contribuer à l’amélioration de la qualité des soins et de la prise en charge des malades dans le réseau hospitalier.

Le programme « Financement de la Santé » consiste à (i) mettre en place un système tarifaire par protocole de soins, permettant d’assurer l’accessibilité sur le plan financier de toutes les couches de la population, en particulier des plus pauvres, aux soins de santé, (ii) d’augmenter le financement public de la santé et sa liquidité et (iii) d’encourager la promotion du partage du risque maladie dans le financement de la santé par l’intermédiaire notamment de la création par les communautés d’une mutuelle de santé au niveau de chaque district de santé. Le programme « Développement Institutionnel », axé sur le renforcement des capacités institutionnelles et le développement du partenariat, vise à définir le rôle des différents acteurs qui interviennent dans le système de santé et de recentrer le rôle de coordination que doit jouer le Ministère de la Santé Publique pour le succès de la mise en œuvre de la stratégie.

Notes
136.

Résultats du recensement général de la population et de l’habitat de 2005 publiés en 2010.

137.

Le Français et l’Anglais sont les deux langues officielles.

138.

Après la seconde guerre mondiale, la SDN devient l’Organisation des Nations Unies (ONU) ; la notion de « Mandat » devient « Tutelle ». Le Cameroun oriental est ainsi placé sous tutelle française et le Cameroun occidental sous tutelle britannique.

139.

Avant la constitution de 1996, le mandat était de 5 ans, illimité et, depuis cette constitution, la durée du mandat a été allongée à 7 ans renouvelables.