Annexe 3 : Déclaration d’Abuja pour faire reculer le paludisme en Afrique

Nous, Chefs d’État et de gouvernement des pays africains réunis à Abuja, au Nigeria, le 25 avril 2000,

Rappelant , d’une part, la Déclaration de Harare faite par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) le 4 juin 1997 sur la prévention et la lutte contre le paludisme dans le cadre de la relance économique et du développement de l’Afrique et, d’autre part, l’Initiative africaine de lutte contre le paludisme, au 21è siècle, devenue à la fin de l’année 1998 le projet « Faire reculer le paludisme en Afrique » ;

Conscients des précédentes déclarations relatives à la santé et au développement adoptées par l’Organisation de l’Unité Africaine ;

Reconnaissant que le paludisme constitue un mal et un fardeau économique pour des centaines de millions d’Africains et un obstacle au développement et à la réduction de la pauvreté

Notant:

  • que chaque année, le paludisme cause environ un million de décès en Afrique ;
  • que neuf cas de paludisme sur 10 dans le monde surviennent en Afrique subsaharienne ;
  • que le paludisme coûte, chaque année, jusqu’à 12 milliards de dollars EU à l’Afrique, alors qu’une petite fraction de ce montant suffirait pour lutter contre cette maladie ;
  • que les personnes les plus touchées sont parmi les plus démunies du continent et que le paludisme continue à les maintenir dans la pauvreté ;
  • qu’une famille vivant dans une zone endémique peut dépenser jusqu’à 25 % de son revenu annuel pour la prévention ou des traitements antipaludiques ;
  • que le paludisme a réduit de 1,3 % par an le taux annuel de croissance économique des pays africains, entraînant ainsi, sur une période de 35 ans, une baisse du PIB de 32 % par rapport à ce qu’elle aurait pu être, n’eût été l’action du paludisme
  • que le paludisme peut resurgir dans les régions où il a été maîtrisé,

Considérant que des possibilités existent pour prévenir, traiter et guérir le paludisme

Reconnaissant :

  • la forte détermination des pouvoirs publics, des communautés et des partenaires du développement à améliorer la santé et à promouvoir le bien-être des populations africaines ;
  • que tous les pays africains ont signé et ratifié la Convention sur les Droits de l’Enfant qui reconnaît le droit de tous les enfants à une bonne santé et à une bonne nutrition.

Conscients que la dynamique du mouvement de lutte contre le paludisme aidera à réduire le fardeau que constitue cette maladie ;

Convaincus qu’il existe désormais une occasion unique d’inverser la situation du paludisme en Afrique ;

3. RENOUVELONS NOTRE ATTACHEMENT  :

aux principes et aux objectifs de la Déclaration de Harare de 1997 ;

4. EXPRIMONS NOTRE DÉTERMINATION À DÉPLOYER DES EFFORTS INTENSIFS POUR :

i. réduire de moitié la mortalité imputable au paludisme en Afrique d’ici l’an 2010, en mettant en œuvre les stratégies et les mesures adoptées lors du présent sommet pour faire reculer le paludisme ;

ii. initier des actions au niveau régional pour assurer la mise en œuvre, la surveillance et la gestion de l’Initiative – Faire reculer le paludisme.

iii. prendre des mesures appropriées au niveau de chaque pays, pour fournir des ressources destinées à faciliter la réalisation des objectifs de l’Initiative – Faire reculer le paludisme.

iv. travailler de concert avec nos partenaires dans les pays touchés par le paludisme pour réaliser les objectifs fixés et octroyer les ressources nécessaires en s’appuyant sur les secteurs public et privé et sur les organisations non gouvernementales ;

v. créer, dans nos pays, un environnement propice à une participation accrue des partenaires internationaux à nos activités de lutte antipaludique.

5. CONVENONS DE  :

prendre des mesures appropriées et durables pour renforcer les systèmes de santé afin que, d’ici l’an 2005 :

i. au moins 60 % des paludéens aient accès à un traitement rapide, adéquat et abordable dans un délai de 24 heures après l’apparition des symptômes ;

ii. au moins 60 % des personnes à risque, surtout les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, puissent bénéficier de la combinaison la plus appropriée de mesures de protection personnelle et communautaire telles que les moustiquaires traitées aux insecticides et d’autres interventions accessibles et abordables pour prévenir l’infection et la souffrance ;

iii. au moins 60% de toutes les femmes enceintes à risque, surtout les primipares, aient accès à la chimioprophylaxie ou à un traitement intermittent de présomption ;

6. LANÇONS UN APPEL

A tous les États membres pour qu’ils réforment leurs systèmes de santé pour :

i. promouvoir l’appropriation et la cogestion des programmes de l’initiative Faire reculer le paludisme par les communautés, afin d’en assurer la durabilité ;

ii. faire en sorte que le diagnostic et le traitement du paludisme puissent s’effectuer de la manière la plus large possible, y compris à domicile ;

iii. faire en sorte qu’un traitement adéquat soit accessible et disponible, même pour les groupes les plus démunis de la communauté ;

iv. continuer à redoubler de vigilance pour éviter la réapparition du paludisme

A tous les partenaires au développement

v. qu’ils annulent en totalité la dette des pays pauvres et lourdement endettés d’Afrique afin de libérer des ressources pour les programmes visant à alléger la pauvreté, y compris l’initiative –Faire reculer le paludisme.

vi. qu’ils allouent de nouvelles ressources substantielles s’élevant au moins à un milliard de dollars des Etats-Unis par an, à l’initiative Faire reculer le paludisme.

vii. qu’ils allouent des ressources supplémentaires afin de stimuler la mise au point d’un vaccin antipaludique adapté à l’Afrique et qu’ils allouent des fonds similaires aux autres technologies antipaludiques.

viii. qu’ils renforcent et soutiennent la collaboration entre les institutions de recherche à l’intérieur de l’Afrique et avec les institutions partenaires à travers le monde.

ix. qu’ils renforcent la collaboration entre les institutions de recherche et les institutions mettant en œuvre l’initiative Faire reculer le paludisme, afin d’assurer l’utilisation optimale des résultats de la recherche et de l’expérience du programme.

7. PRENONS L’ENGAGEMENT DE :

i. mettre en œuvre, dans nos pays, le plan d’action approuvé joint à la présente Déclaration ;

ii. élaborer des mécanismes destinés à faciliter la fourniture de renseignements fiables sur la situation du paludisme aux décideurs, dans les foyers, les communautés, les districts et les pays, afin de leur permettre de prendre les mesures appropriées ;

iii. améliorer l’accès à la prévention du paludisme en réduisant ou en supprimant les tarifs et droits de douanes sur les moustiquaires, les équipements, les insecticides, les antipaludiques, et autres biens et services nécessaires pour les stratégies de lutte contre le paludisme et ;

iv. octroyer les ressources nécessaires pour une mise en œuvre durable des mesures prévues dans le cadre de l’Initiative Faire reculer le paludisme ;

v. améliorer l’appui apporté à la recherche (y compris la recherche opérationnelle) pour mettre au point un vaccin, et d’autres nouveaux outils, et améliorer les outils existants ;

vi. commémorer le présent Sommet en instituant comme journée africaine du paludisme le 25 avril de chaque année et lancer un appel aux Nations-Unies pour qu’elles déclarent la prochaine décennie 2001 — 2010 décennie de lutte contre le paludisme ;

vii. étudier et renforcer la médecine traditionnelle dans le domaine de la lutte antipaludique.

8. PRIE  :

le Comité régional de l’Afrique et de la Méditerranée orientale de suivre la mise en œuvre de cette Déclaration, et de soumettre régulièrement un rapport à l’OUA, et de s’efforcer d’obtenir la collaboration des institutions des Nations Unies et d’autres partenaires.

9. DONNONS MANDAT  :

au gouvernement du Nigeria pour soumettre, au prochain sommet de l’OUA, un compte rendu du présent Sommet sur Faire reculer le paludisme, afin d’en assurer le suivi en collaboration avec les institutions des Nations-Unies et d’autres partenaires.

Cadre de suivi du plan d´action
de la Déclaration d´Abuja

10. Éléments du plan

11. INDICATEURS DE SUIVI
2000 — 2005

12. CADRE D’ÉTABLISSEMENT DES RAPPORTS