La Fédération Nationale des Associations de Réinsertion Sociale (FNARS) qui est la plus grosse fédération de ce secteur, regroupe plus de 750 associations adhérentes. Elle dénonce depuis des années un manque de 15.000 places pour faire face à une demande croissante. Le ministère de l’emploi du travail et de la cohésion sociale affirme dans son plan Hiver 2004-2005, sa volonté d’augmenter les places en CHRS. Selon le rapport de la cour des comptes (2007), les crédits votés pour les CHRS ont augmenté de 21% en 6 ans. Malgré cela, les associations d’aide aux sans-abri appuyées par la FNARS continuent à déplorer d’être dans l’incapacité de répondre favorablement à toutes les demandes. Cette pénurie de place se vérifie aussi au sein des instances départementales chargées de la question des sans domicile. Par exemple pour le département du Rhône, le schéma directeur de recomposition de l’offre de l’hébergement dans la région Rhône Alpes (Juillet 2009) stipule « Malgré l’importance du dispositif d’accueil, l’ensemble des demandes ne peut être satisfait » (P. 5)14. Le schéma directeur de l’Isère15 souligne que « seulement un ménage sur trois est admis suite à sa demande » et que « dans les structures d’accueil d’urgence, il est constaté une augmentation du nombre de refus d’hébergement par manque de place hors période hivernale ». De plus« Les CHRS accueillants les femmes et les familles de l’agglomération grenobloise enregistrent une vingtaine de ménage régulièrement sur les listes ». Ainsi malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, les demandes restent toujours largement supérieures aux places disponibles et cet état de fait n’est pas sans conséquence sur les pratiques des travailleurs sociaux à l’égard de la sélection et sur sa justification.
Allemand et Catahier (2004) ont consacré un ouvrage sur le fonctionnement des CHRS. Ce livre est édité par la FNARS et fait référence dans le domaine professionnel. Les auteurs passent en revue tout le fonctionnement des CHRS, les missions, le public accueilli, les activités, l’accompagnement social, le statut des CHRS, le financement etc.… Sur les deux cents pages, les auteurs abordent la question de l’admission de manière très succincte (moins d’une page). Les questions éthiques que peuvent susciter la sélection des publics sont traitées et résumées par cette phrase (page 122) : « Il paraît illusoire d’imaginer que toute personne relevant de l’article L 345-1 du code de l’action sociale et des familles, puisse être accueillie partout, sans condition, en ayant accès à tous les services ». La sélection du public en demande d’aide devient ainsi une pratique normale. Il n’est absolument pas abordé la question des critères d’admission et de l’équité. Il n’y a qu’une phrase qui stipule que « En raison de leur histoire et de leur capacité d’accueil limité au regard des besoins, les CHRS ont mis en place leurs propres critères d’admission, ce qui aboutit parfois à exclure de fait un certain nombre de personnes. » et « qu’il faut donc coordonner les réponses sur un territoire, en l’occurrence le département » alors que les critères d’admission sont eux extrêmement vagues et permettent toutes les interprétations.
Face au manque de place récurrent et à la sélection qui en résulte, il devient important de regarder les profils des personnes qui n’entrent pas dans les CHRS d’insertion et qui stagnent dans les dispositifs d’urgence.
Consultable sur :
http://www.rhone-alpes.sante.gouv.fr/social/hebergement/acrobat/schema_directeur/rhone_2009_2011.pdf
Chaque département de la région Rhône-Alpes a produit en Juillet 2009 un schéma directeur de recomposition de l’offre de l’hébergement dans la région Rhône Alpes. Ils sont tous consultables sur le site : http://www.rhone-alpes.sante.gouv.fr dans la rubrique Cohésion sociale Prévention de l’exclusion et insertion.