1.3 Le modèle du continuum (Fiske et Neuberg, 1990)

Le modèle du continuum décrit par Fiske et Neuberg (1990), permet de comprendre comment l’individu se forme une impression de quelqu’un, en passant d’un jugement strictement catégoriel qui a la prééminence, à un jugement spécifique qui n’intervient que sous certaines conditions. La Figure 2 explique comment fonctionne le processus.

Figure 2 : Le modèle du continuum (Fiske et Neuberg, 1990)

Source : Leyens et Beauvois (1997)

Ce modèle postule que lorsqu’une personne rencontre un individu pour la première fois, elle commence par percevoir les signes extérieurs qui lui permettront de repérer la catégorie sociale à laquelle elle appartient. Les premières informations peuvent être simplement le sexe ou un signe distinctif (ex : couleur de peau, tenue vestimentaire, signes religieux, signe d’appartenance communautaire, alliance, …). Dans le cas où la rencontre ne doit pas se poursuivre, la perception de l’individu sera conforme au stéréotype de la catégorie d’appartenance repérée. Si un intérêt minimal est suscité ou que la rencontre doit se poursuivre, d’autres informations sur l’individu apparaîtront. Si les nouveaux renseignements sont conformes aux stéréotypes et que la rencontre ne doit pas se poursuivre, l’impression finale sera toujours exprimée conformément à la catégorie repérée. Dans le cas où les informations ne confirment pas les attentes, la personne va essayer de re-catégoriser l’individu ou de créer un sous-groupe de la catégorie initiale. S’il lui est impossible de re-catégoriser et qu’il a une motivation pour continuer la rencontre, la personne commencera à construire un jugement individualisé.

Ainsi avant de réaliser un jugement individualisé d’une personne, le percevant dispose de théories toutes faites qui lui permettent de construire rapidement et sans gros efforts cognitifs une première hypothèse. Pour ne pas se contenter de cela, il est indispensable que le percevant aille chercher de nouvelles informations et par conséquent qu’il ait une motivation bien particulière pour le faire. Le chapitre suivant sera consacré aux motivations qui poussent un percevant à aller plus loin que la perception catégorielle de la personne.