1.3 Hypothèses de recherche

La première partie de la thèse a mis en lumière un manque de places disponibles en CHRS d’insertion et que les critères définis par la loi (Art L345-1 du code de l’action sociale et des familles) ne sont pas suffisants pour permettre aux travailleurs sociaux de définir les priorités d’admission en CHRS. D’autre part, il semblerait que certains individus qui pourraient au regard de la loi, prétendre à une place en CHRS d’insertion, n’y sont pas admis. Plusieurs sociologues (Pelège, 2004 ; Damon, 2002) ont montré que les travailleurs sociaux participaient d’une certaine manière à une catégorisation des personnes. Ils trieraient le public entre  « les prêts » et les « pas prêts » pour l’insertion. Cette catégorisation correspond à la notion du bon et du mauvais pauvre, mis en relief par Geremek (1987) dans son ouvrage consacré aux pauvres du Moyen Age. Face à ces observations, et compte tenu des modalités d’élaboration de la formation d’impression dégagées dans la troisième partie de ce document et des caractéristiques des représentations sociales, il paraît raisonnable de penser que les travailleurs sociaux partagent des représentations sur les critères d’admission en CHRS et d’émettre les hypothèses suivantes :

  1. La mise en concurrence des demandeurs amène les travailleurs sociaux à élaborer en partie leur jugement de la nécessité d’admission en CHRS d’insertion sur d’autres critères que ceux définis par la loi.
  2. Les éléments du noyau central seront conformes aux critères définis par la loi.
  3. Les éléments des périphéries seront composés des autres critères.
  4. Les critères d’admission évoluent au cours de la formation.

Afin de vérifier ces quatre hypothèses, nous utiliserons le concept de la théorie du noyau central (Abric, 1989) et la méthode de l’association libre (Abric, 2003 ; De Rosa, 2003) et réaliserons notre étude auprès d’un échantillon composé de travailleurs sociaux et d’étudiants en travail social.