3.2.2 Les étudiants de première année sans stage en CHRS

La population est composée de 30 sujets dont 6 sont des hommes et 24 sont des femmes. Les deux tiers des étudiants sont en formation d’éducateurs spécialisés (20 sujets) et l’autre tiers (10 sujets) en formation d’assistante du service social. L’ensemble de la population a évoqué 217 mots, ce qui correspond à une moyenne de 7,23 mots ou expression par sujet. Comme précédemment, la fréquence moyenne et le rang moyen d’importance ont été calculé (valeur de 5,8 et 4,36 respectivement). Le coefficient de corrélation entre le rang moyen d’importance et le rang moyen d’apparition est de r=0,3265 avec p<.05

Le Tableau 14 correspond à la liste des mots les plus évoqués par les étudiants de première année n’ayant jamais réalisé de stage en CHRS.

Tableau 14: Liste des mots les plus évoqués par les étudiants de première année
Table de fréquences : Var7 (étudiants 1ere année)
Effectifs % Indiv.
Errance 8 3,686636
sans_logement 6 2,764977
Exclusion 6 2,764977
Précarité 5 2,304147
sans_emploi 5 2,304147
Addiction 4 1,843318
Solitude 4 1,843318
Isolement 3 1,382488
rupture_familiale 3 1,382488
sans_travail 3 1,382488
sans_domicile_fixe 2 0,921659
sans_domicile 2 0,921659
Volonté 2 0,921659
besoin_d’accompagnement 2 0,921659
problème_d’addiction 2 0,921659
Exclue 2 0,921659
difficultés_relationnelles 2 0,921659
difficultés_sociales 2 0,921659
victime_de_violence 2 0,921659
sans_ressources 2 0,921659
grande_précarité 2 0,921659
difficultés_professionnelles 2 0,921659
personne_en_errance 2 0,921659
projet_de_vie 2 0,921659
sans_repère 2 0,921659
sans_papier 2 0,921659

Nous constatons que les mots errance, sans logement, exclusion, précarité et sans emploi sont les plus utilisés par les étudiants de 1ere année. Le mot motivation qui était le plus évoqué par les professionnels des CHRS n’apparaît pas pour ce groupe. Ensuite, il a été réalisé un regroupement des mots et expressions dans des catégories de signification. Il a été possible de rassembler 175 mots dans 17 catégories différentes. Trois catégories peuvent être supprimées car il n’y a qu’un à deux mots. Ainsi, les catégories « Demander de l’aide »(2), « Autonomie »(0) et « Accepter adhérer respecter les règles »(2) sont des critères très peu évoqués par les étudiants de première année qui n’ont aucune expérience en CHRS. Les 42 mots ou expressions non utilisés ont été rassemblés dans une catégorie « Autre », parce que leur faible fréquence ne permettait pas de constituer une catégorie à part entière et que leur proximité avec les catégories constituées n’était pas très nette. Les calculs ont été faits à l’aide du Tableau 15 puis mis en forme dans le Tableau 16

Tableau 15 : Tableau résumant les résultats obtenus par les étudiants de 1ere année
Tableau 16 : Noyau central et éléments périphériques Etudiants 1ére année

Nous constatons que le noyau central est composé de trois éléments dont deux étaient déjà présents lors de l’analyse qui a porté sur l’ensemble des sujets (n=230). Ainsi les catégories « Sans logement », « Isolement/Exclusion », se retrouvent dans les éléments qui composent le noyau central des étudiants de première année. La catégorie de signification « Errance » apparaît dans le noyau central.

La première périphérie est composée des éléments « Addiction Alcool », « Difficultés et problèmes sociaux » « Sans emploi » et « Pauvreté économique », Les mots ou expression qui évoquent l’addiction ou l’alcoolisation obtiennent avec 8,9 % des mots exprimés, la fréquence est donc élevée, mais le rang moyen d’importance est assez faible (5,69). La polarité est positive avec un indice de +0,19.

La deuxième périphérie est composée des éléments « Caractéristiques sociales », « Troubles psychique », « Besoin d’accompagnement ou d’aide », « Projet » et « Violence » Ce dernier obtient avec un indice de –1 une polarité négative. La case des éléments contrastés est composée de « Victime de violence », « Rupture familiale ou sociale », « Précarité », « Motivation désir, volonté », « Urgence ». La catégorie « Victime de violence » est par sa fréquence (5,6%) et par son rang d’importance (2,9) très proche du noyau central.

Les résultats qui viennent d’être exposés ont été obtenus en utilisant les rangs d’importance indiqués par les étudiants. Nous allons vérifier s’il existe des écarts significatifs entre les rangs d’importance et les rangs d’apparition. Pour ceci, il a été appliqué pour chaque catégorie, un test (Test t) de comparaison entre ces deux rangs. Les résultats montrent des écarts significatifs pour les catégories « Addiction Alcool » (Test t= -2,63 ; dl=15 ; p<.05), « Sans logement » (Test t= -2,408, dl 16, p<.05), « Pauvreté économique » (Test t=-2,313, dl=10 ; p<.05) « Sans emploi » (Test t=-2,267 ; dl=13 ; p<.05) et « Victime de violence » (test t= 2,623 ; dl=9 ; p<.05). Les résultats montrent que les étudiants de première année ont eu tendance à inscrire pour les quatre premières catégories, un rang d’importance moins élevé que pouvait le laisser paraître le rang d’apparition et ont agi totalement différemment avec les mots ou expressions de la catégorie « Victime de violence ».

Nous observons un écart important avec le groupe de professionnels qui travaillent en CHRS. Le noyau central diffère de celui des professionnels. Il est composé de seulement trois éléments et possède en commun la question logement et de l’exclusion. La catégorie de signification « Accepter adhérer respecter les règles » qui est centrale pour les professionnels en CHRS n’est évoquée que deux fois et n’est plus significative. Les mots ou expression qui évoquent l’« Errance » et qui n’étaient pas exprimés chez les travailleurs sociaux de CHRS se trouvent ici dans le noyau central. Le critère « Motivation, désir, volonté » est dans la catégorie des éléments contrastés, alors qu’il était dans le noyau central des professionnels. Ceci signifie qu’un petit nombre d’étudiants pensent ce critère comme important. Les mots ou expressions qui évoquent le « besoin d’accompagnement ou d’aide » se situent dans la deuxième périphérie, alors qu’ils se situaient dans le noyau central des professionnels. En ce qui concerne les polarités des mots, nous voyons que l’addiction et les troubles psychiques ne sont pas considérés par les étudiants de ce groupe comme des critères négatifs pour intégrer un CHRS. Ce point est très important, car il les différencie totalement des professionnels qui les considèrent eux comme des critères défavorables pour intégrer un CHRS.

Après avoir constaté les différences qui existent entre les professionnels et les étudiants de première année, nous allons analyser les représentations sociales attachées aux critères d’admission pour les étudiants de troisième année qui n’ont jamais réalisé de stage en CHRS.