3.1.4 Les interactions à trois facteurs

Nous avons observé quatre interactions doubles significatives : Isolement x Alcoolisation x Motivation [F(1,71)=12,10 ; p< .001] ; Sexe x Isolement x Logement [F(1,71)=5,36 ; p<.05] ; Sexe x Alcoolisation x Logement [F(1,71)=3,75 ; p=.05] ; Isolement x Motivation x Logement [F(1,71)=16,06 ; p<.0001].

Etudions la première interaction Isolement x Alcoolisation x Motivation [F(1,71)=12,10 ; p< .001] ; à partir de la Figure 12, du Tableau 37 et du Tableau 38 correspondants respectivement aux moyennes obtenues et au test de Duncan:

Figure 12 : Interaction à trois facteurs Isolement x Alcoolisation x Motivation (Plan principal)
Tableau 37 : Moyennes obtenues pour l’interaction Isolement x Alcoolisation x Motivation (Plan principal)
I*A*M; Moy. Non Pondérées (Feuille de données8)
Effet courant : F(1, 71)=12,104, p=,00086
Décomposition efficace de l'hypothèse
Isolement Alcoolisation Motivation Moyennes Position
1 Pas isolé (I1) Alcoolisé (A1) Pas motivé (M1) 65,4583 7
2 Pas isolé (I1) Alcoolisé (A1) Motivé (M2) 122,2361 4
3 Pas isolé (I1) Pas alcoolisé (A2) Pas motivé (M1) 58,8299 8
4 Pas isolé (I1) Pas alcoolisé (A2) Motivé (M2) 136,2257 3
5 Isolé (I2) Alcoolisé (A1) Pas motivé (M1) 81,8924 6
6 Isolé (I2) Alcoolisé (A1) Motivé (M2) 147,8993 2
7 Isolé (I2) Pas alcoolisé (A2) Pas motivé (M1) 89,2500 5
8 Isolé (I2) Pas alcoolisé (A2) Motivé (M2) 161,9549 1
Tableau 38 : Test de Duncan interaction Isolement x Alcoolisation x Motivation
Test Duncan ; variable VD_1 (Feuille de données8)
Probabilités Approximatives des Tests Post Hoc
Erreur : MC Intra = 576,32, dl = 71,000
Isolement Alcoolisation Motivation {1}
65,46
{2}
122,24
{3}
58,83
{4}
136,23
{5}
81,89
{6}
147,90
{7}
89,25
{8}
161,95
1 Pas isolé (I1) Alcoolisé (A1) Pas motivé (M1)   0,0001 0,0016 0,0000 0,0001 0,0000 0,0001 0,0000
2 Pas isolé (I1) Alcoolisé (A1) Motivé (M2) 0,0001   0,0000 0,0001 0,0001 0,0001 0,0001 0,0001
3 Pas isolé (I1) Pas alcoolisé (A2) Pas motivé (M1) 0,0016 0,0000   0,0000 0,0001 0,0000 0,0001 0,0000
4 Pas isolé (I1) Pas alcoolisé (A2) Motivé (M2) 0,0000 0,0001 0,0000   0,0001 0,0001 0,0001 0,0001
5 Isolé (I2) Alcoolisé (A1) Pas motivé (M1) 0,0001 0,0001 0,0001 0,0001   0,0000 0,0006 0,0000
6 Isolé (I2) Alcoolisé (A1) Motivé (M2) 0,0000 0,0001 0,0000 0,0001 0,0000   0,0001 0,0001
7 Isolé (I2) Pas alcoolisé (A2) Pas motivé (M1) 0,0001 0,0001 0,0001 0,0001 0,0006 0,0001   0,0000
8 Isolé (I2) Pas alcoolisé (A2) Motivé (M2) 0,0000 0,0001 0,0000 0,0001 0,0000 0,0001 0,0000  

Ces résultats montrent que le personnage fictif décrit comme isolé socialement, qui n’est pas alcoolisé et qui est motivé a obtenu la cotation moyenne la plus élevée avec 161,95 mm. Le personnage décrit comme pas isolé socialement, pas alcoolisé et qui n’est pas motivé obtient la cotation moyenne la plus faible avec 58,83mm. Qu’une personne soit décrite comme isolée socialement ou non, ce sont les personnes décrites comme motivées qui obtiennent les cotations moyennes les plus élevées (122,24mm, 136,23mm ; 147,90mm et 161,95mm). Les deux personnages décrits comme isolés socialement et motivés obtiennent les meilleurs cotations et ceci quel que soit l’état d’alcoolisation apparent (147,90mm et 161,95mm). L’alcoolisation permet donc de réaliser une différence entre deux personnes définies comme isolée et motivée. Il est observé le même phénomène entre les deux personnages décrits comme pas isolés et motivés, où c’est la personne non alcoolisée qui obtient la cotation la plus élevée (136,23mm) par rapport à la personne décrite comme alcoolisée (122,24mm). Des résultats identiques sont observés dans les cas où les personnes sont décrites comme isolée et non motivée (81,89mm pour la personne alcoolisée et 89,25mm pour la personne non alcoolisée). L’alcoolisation du demandeur est donc dans ces 6 scénarios utilisée comme un facteur défavorable et la personne non alcoolisée obtient avec des caractéristiques identiques une cotation inférieure aux personnes décrites comme non alcoolisés. Par contre, dans le cas où une personne est décrite comme pas isolée socialement et pas motivée, c’est la personne qui est alcoolisée le jour de l’entretien qui obtient une cotation moyenne supérieure à la personne décrite comme non alcoolisée (64,46mm et 58,83 mm respectivement). Toutefois les écarts des moyennes qui les séparent avec toutes les autres permettent de penser qu’ils ont très peu de chance d’être admis en CHRS.

La deuxième interaction significative est la suivante : Sexe x Isolement x Logement avec [F(1,71)=5,36 ; p<.05]. L’analyse des résultats de cette interaction est réalisée à partir de la Figure 13, du Tableau 39 et du Tableau 40

Figure 13 : Interaction Sexe x Isolement x Logement (Plan principal 72 sujets)
Tableau 39 : Moyennes obtenues pour l’interaction Sexe x Isolement x Logement (Plan principal 72 sujets)
S*I*L; Moy. Non Pondérées (Feuille de données8)
Effet courant : F(1, 71)=5,3640, p=,02345
Décomposition efficace de l'hypothèse
Pers. Fictif
Sexe Isolement Logement Moyenne Position
1 Homme (S1) Pas isolé (I1) Chez un tiers (L1) 87,0139 7
2 Homme (S1) Pas isolé (I1) A la rue (L2) 98,8333 5
3 Homme (S1) Isolé (I2) Chez un tiers (L1) 112,4375 3
4 Homme (S1) Isolé (I2) A la rue (L2) 126,0069 1
5 Femme (S2) Pas isolé (I1) Chez un tiers (L1) 90,7153 6
6 Femme (S2) Pas isolé (I1) A la rue (L2) 106,1875 4
7 Femme (S2) Isolé (I2) Chez un tiers (L1) 116,6701 2
8 Femme (S2) Isolé (I2) A la rue (L2) 125,8819 1
Tableau 40 : Test de Duncan pour l’interaction Sexe x Isolement x Logement (Plan principal 72 sujets)
Test Duncan ; variable VD_1 (Feuille de données8)
Probabilités Approximatives des Tests Post Hoc
Erreur : MC Intra = 430,65, dl = 71,000
Sexe Isolement Logement {1}
87,02
{2}
98,83
{3}
112,44
{4}
126,01
{5}
90,72
{6}
106,19
{7}
116,67
{8}
125,88
1 Homme (S1) Pas isolé (I1) Chez un tiers (L1) 0,0001 0,0000 0,0000 0,0359 0,0001 0,0000 0,0000
2 Homme (S1) Pas isolé (I1) A la rue (L2) 0,0001 0,0001 0,0000 0,0001 0,0002 0,0001 0,0000
3 Homme (S1) Isolé (I2) Chez un tiers (L1) 0,0000 0,0001 0,0001 0,0001 0,0007 0,0170 0,0001
4 Homme (S1) Isolé (I2) A la rue (L2) 0,0000 0,0000 0,0001 0,0000 0,0000 0,0001 0,9427
5 Femme (S2) Pas isolé (I1) Chez un tiers (L1) 0,0359 0,0001 0,0001 0,0000 0,0001 0,0000 0,0000
6 Femme (S2) Pas isolé (I1) A la rue (L2) 0,0001 0,0002 0,0007 0,0000 0,0001 0,0001 0,0001
7 Femme (S2) Isolé (I2) Chez un tiers (L1) 0,0000 0,0001 0,0170 0,0001 0,0000 0,0001 0,0001
8 Femme (S2) Isolé (I2) A la rue (L2) 0,0000 0,0000 0,0001 0,9427 0,0000 0,0001 0,0001

L’observation du graphique et des deux tableaux montrent que les deux personnages fictifs décrits comme un Homme x Isolé x A la rue (126,01mm) et une Femme x Isolée x A la rue (125,88mm) obtiennent tous les deux à égalité le meilleur score pour être accueillis en CHRS avant tous les autres personnages (test de Duncan p<.0001). Ainsi lorsque les travailleurs sociaux de notre échantillon sont face à des personnes à la rue et isolées socialement, le sexe du demandeur n’est pas pris en considération et les hommes et les femmes sont à égalité. Par contre, dans le cas des personnages fictifs Femme x Isolé x Logé chez un tiers (116,67mm) et Homme x Isolé x Logé chez un tiers (112,44mm), nous constatons que l’écart de 4,23mm entre ces deux personnages est significatif (Test de Duncan p<.02). Ainsi, en cas d’hébergement chez un tiers et en situation d’isolement social, la femme obtient une moyenne supérieure à celle de l’homme. Pour les personnages fictifs décrits comme Femme x Pas isolé x A la rue (106,19mm) et Homme x Pas isolé x A la rue (98,83mm), la femme obtient également une meilleure moyenne que l’homme (test de Duncan p<.0001). Ceci signifie qu’une femme à la rue et qui n’est pas isolée socialement a plus de chance d’intégrer un CHRS qu’un homme ayant les mêmes caractéristiques. Pour terminer, les deux personnages fictifs qui obtiennent les plus mauvaises cotations pour intégrer un CHRS sont : Femme x Pas isolé x Logé chez un tiers (90,72mm) et Homme x Pas isolé x Logé chez un tiers (87,01mm). Le test de Duncan appliqué à ces données nous permet d’affirmer qu’en cas de mise en concurrence, c’est le personnage fictif Homme x Pas isolé x Logé chez un tiers qui a le moins de chance d’intégrer un CHRS que tous les autres.

Ces résultats permettent de constater que lors de cette interaction les travailleurs sociaux vont, dans l’ordre de priorité, donner plus d’importance à l’isolement social puis ensuite au type de logement dans lequel est hébergé le demandeur et pour terminer dans certains cas au sexe du demandeur. En effet, le sexe n’est pas pris en considération lorsque les personnages sont décrits comme isolés socialement et vivant à la rue, mais est utilisé dans les autres cas et les femmes obtiennent avec les même caractéristiques une cotation plus favorable que les hommes.

La troisième interaction est Sexe x Alcoolisation x Logement avec [F(1,71)=3,75, p=.05]. La Figure 14, le Tableau 41 et le Tableau 42 permettent de réaliser cette analyse.

Figure 14 : Interaction Sexe x Alcoolisation x Logement (Plan principal)
Tableau 41 : Moyennes obtenues pour l’interaction Sexe x Alcoolisation x logement
S*A*L; Moy. Non Pondérées (Feuille L modifié+ variable modifiées)
Effet courant : F(1, 71)=3,7507, p=,05077
Décomposition efficace de l'hypothèse
Sexe Alcoolisation Logement Jugement en mm Position
1 Homme (S1) Alcoolisé (A1) Chez un tiers (L1) 97,08 8
2 Homme (S1) Alcoolisé (A1) A la rue (L2) 107,67 5
3 Homme (S1) Pas Alcoolisé (A2) Chez un tiers (L1) 102,36 6
4 Homme (S1) Pas Alcoolisé (A2) A la rue (L2) 117,17 2
5 Femme (S2) Alcoolisé (A1) Chez un tiers (L1) 99,58 7
6 Femme (S2) Alcoolisé (A1) A la rue (L2) 113,15 3
7 Femme (S2) Pas Alcoolisé (A2) Chez un tiers (L1) 107,80 4
8 Femme (S2) Pas Alcoolisé (A2) A la rue (L2) 118,92 1
Tableau 42 : Test de Duncan pour l’interaction Sexe x Alcoolisation x Logement (Plan principal 72 sujets)
Test Duncan ; variable VD_1 (Feuille L modifié+ variable modifiées)
Probabilités Approximatives des Tests Post Hoc
Erreur : MC Intra = 426,14, dl = 71,000
Sexe Alcoolisation Logement {1}
97,08
{2}
107,67
{3}
102,37
{4}
117,17
{5}
99,58
{6}
113,15
{7}
107,80
{8}
118,92
1 Homme (S1) Alcoolisé (A1) Chez un tiers (L1)   0,000 0,004 0,000 0,151 0,000 0,000 0,000
2 Homme (S1) Alcoolisé (A1) A la rue (L2) 0,000   0,003 0,000 0,000 0,003 0,939 0,000
3 Homme (S1) Pas Alcoolisé (A2) Chez un tiers (L1) 0,004 0,003   0,000 0,110 0,000 0,003 0,000
4 Homme (S1) Pas Alcoolisé (A2) A la rue (L2) 0,000 0,000 0,000   0,000 0,022 0,000 0,313
5 Femme (S2) Alcoolisé (A1) Chez un tiers (L1) 0,151 0,000 0,110 0,000   0,000 0,000 0,000
6 Femme (S2 Alcoolisé (A1) A la rue (L2) 0,000 0,003 0,000 0,022 0,000   0,003 0,002
7 Femme (S2 Pas Alcoolisé (A2) Chez un tiers (L1) 0,000 0,939 0,003 0,000 0,000 0,003   0,000
8 Femme (S2 Pas Alcoolisé (A2) A la rue (L2) 0,000 0,000 0,000 0,313 0,000 0,002 0,000  

Les deux personnages décrits comme un homme pas alcoolisé et vivant à la rue (117,17mm) et une femme, pas alcoolisée et vivant à la rue (118,92mm) obtiennent à égalité le meilleur score pour intégrer un CHRS. Les deux personnages qui obtiennent les scores les plus faibles sont à égalité les personnages décrits comme un homme alcoolisé et vivant chez un tiers (97,08mm) et une femme alcoolisée et vivant chez un tiers (99,58mm). Ainsi dans ces cas, le sexe du demandeur n’est pas pris en considération. Par contre, si les personnes fictives ne sont pas alcoolisées et qu’elles vivent chez un tiers, c’est la femme (107,80mm) qui a la priorité par rapport à un homme (102,37mm) (Test de Duncan p<.005). Dans le cas où les personnes sont à la rue et sont alcoolisées le jour de l’entretien, le sexe permet également de faire un choix et donner la priorité à la femme (113,15mm) par rapport à l’homme (107,67mm) (Test de Duncan p<.005).

La dernière interaction à trois facteurs est Isolation x Motivation x Logement avec [F(1,71)=16,06 ; p<.0001]. La Figure 15 et les Tableau 43 Tableau 44 montrent les résultats de cette interaction.

Figure 15 : Interaction Isolement x Motivation x Logement (Plan principal 72 sujets)
Tableau 43 : Moyennes obtenues pour l’interaction Isolement x Motivation x Logement (Plan principal)
Tableau 44 : Test de Duncan pour l’interaction Isolement x Motivation x Logement (Plan principal 72 sujets).

I=isolement avec 1= Pas isolé et 2= Isolé socialement

M=Motivation avec 1=Pas motivé et 2=Motivé

L=Logement avec 1= Vit chez un tiers et 2= Vit à la rue

Le test de Duncan appliqué à ces données montre que tous les écarts entre les moyennes sont significatifs avec au minimum p<.0001. Ainsi, le scénario qui a obtenu la meilleure cotation est représenté par le personnage fictif décrit comme Isolé socialement Motivé et vivant à la rue (158,87mm). Le personnage fictif qui obtient la cotation moyenne la plus faible est décrit comme pas motivé, pas isolé et vivant chez un tiers (56,95mm). Les quatre personnages décrits comme motivés obtiennent les meilleures moyennes. Les informations sur l’isolement social perçu et le type de logement permettent donc de faire la différence entre les personnes rangées dans le même niveau de motivation. Ainsi une personne motivée qui n’est pas isolée et qui vit chez un tiers passera avant une personne qui n’est pas perçue comme motivée alors même qu’elle est isolée socialement et qu’elle vit à la rue. La motivation est donc le premier critère qui permet de sélectionner le public.