Dès la seconde moitié du XIVe siècle, la peinture tchèque occupe une place aussi importante, dans l’art européen, que celle des ateliers italiens ou flamands, comme le signale justement Jan Białostocki322. Et, cette époque désignée, entre 1350 et 1400, sous le nom du « beau style » est représentée en Bohême par des artistes remarquables tels que le Maître de Vyšší Brod, le Maître de Třeboň et le Maître Théodoric. Ces peintres réussirent à traduire des modèles byzantins en motifs occidentaux, ce qui caractérise leur style propre323.
L’ouvrage de Matějček et Pešina, consacré à la peinture gothique tchèque, reste toujours une des principales sources de référence324. Il existe cependant de nombreux travaux au sujet des figurations mariales (picturales ou bien sculptées) confectionnées de manière spectaculaire autour de l’an 1400, c’est-à-dire la période des « belles Madones »325. Bartlová a démontré, dans son étude minutieuse concernant les tableaux tchèques du XVe siècle, l’importance des images de la Vierge à l’Enfant dans les courants artistiques locaux326 . Outre leur provenance et techniques de production, elle les avait examinées du point de vue iconographique et typologique, et avait insisté sur les deux principaux types : Regina et Beata (les représentations de la Vierge en buste ou en pied, portant une couronne ou avec la tête couverte d’un maphorion)327 . Les tableaux mariaux incrustés de reliques sont également pris en considération ; et leur étude comparative avec des œuvres polonaises vise à découvrir, un peu plus loin, d’importantes similitudes328.
Cf. J. BAŁOSTOCKI, L’art du XV e siècle des Parler à Dürer, Paris 1993, p. 36-38.
En dernier lieu, voir ROYT 2002.
MATĚJČEK, PEŠINA 1955.
Cf. W. PINDER, Zum Problem der Schönen Madonnen um 1400, „Jahrbuch der preussischen Kunstsammlungen”,44 : 1923, p. 147-170 ; J. PEČÍRKA, O krásných Madonách, „Volné směry”, 37 : 1941-42, p. 14-26, 38-43 ; O. PÄTCH,Die Gotik der Zeit um 1400 als gesamteuropäische Kunstsprache, (dans :) Europäische Kunst um 1400, (cat. de l’expo.) Kusnthistorisches Museum Wien 1962, p. 52-65 ; J. PEŠINA, J. HOMOLKA,K problematice evropského umění kolem roku 1400, „Umění”, 11 : 1963, p. 161-203 ; A. KUTAL, České gotické umění, Praha 1972, p. 105-133 ;
A. LEGNER (éd.), Die Parler und der schöne Stil 1350-1400. Europäische Kunst unter den Luxemburgern, (Ein Handbuch zur Ausstellung des Schnütgen-Museums in der Kunsthalle Köln), Köln 1978, vol. 1-3 ; G. SCHMIDT,Kunst um 1400. Forschungsstand und Forshungsperpesktiven, (dans :) G. POCHAT, B. WAGNER (éd.), Internationale Gotik in Mitteleuropa, (Kunsthistorisches Jahrbuch, 24), Graz 1991, p. 34-49. Voir aussi M. DEITERS, Kunst um 1400 im Erzstift Magdeburg. Studien zur Rekonstruktion eines verlorenen Zentrums, Berlin 2002, passim.
BARTLOVÁ, Poctivé obrazy..., 2001.
Ibid., p. 78.
Voir chap. V, § 4 ; VI, § 3 ; VII, § 1.