1.1. Les fondements anthropologiques de l’image mariale

Nous avons constaté plus haut que dans le groupe des images de piété la place principale revient aux effigies de la Vierge à l’Enfant ⁴⁹⁸. En réalité, les représentations mariales sont devenues indissociables de l’art religieux à partir de leur introduction dans le rituel. C’est pourquoi, le concept formel des images-types ne peut pas être abordé sans connaissance de leur contenu doctrinal et des idées qui ont poussé à leur essor dans l’Église. L’histoire respective de l’icône et de l’image occidentale est impliquée par définition dans l’anthropologie chrétienne – ce que constate Daniel Sahas –, car elle est étroitement liée avec anthrôpos tant par son rapport à l’homme lui-même, qu’en relation avec Dieu⁴⁹⁹. De ce fait, la notion d’image sert de fondement à l’anthropologie chrétienne, puisque Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance ⁵⁰⁰ . D’autre part, Jérôme Baschet cherche à comprendre le rôle des images médiévales dans les relations entre les hommes, et par conséquent dans leur perception du surnaturel⁵⁰¹. La raison en est que toute l’attention se focalise sur l’homme, qui reste au centre du débat portant sur le moment du surgissement des effigies religieuses et de leur usage dans la société⁵⁰².

On doit pourtant être attentif, constate Baschet, à ne pas enfermer la définition de l’image de dévotion dans une seule fonction immuable, car elle dépend de multiples usages cultuels, liturgiques ainsi que politiques⁵⁰³. C’est pourquoi, il faut prendre en considération tous les aspects possibles relevant des fonctions religieuses et sociales attribuées aux images⁵⁰⁴. Néanmoins, avant que celles-ci aient trouvé une place confirmée dans la société chrétienne, il était nécessaire de résoudre la question de leur présence en fonction des Saintes Écritures.