Deuxième partie
Images incrustées de reliques : entre l’orient et l’occident

Chapitre IV
L’origine des images incrustées de reliques

Avant d’aborder la question principale des tableaux-reliquaires, il convient de reconstruire le processus de développement du type formel dès son origine. Il semble que ses racines soient vraiment lointaines ; dans la première phase, le modèle de l’icône enfermée dans un large encadrement revêtu de décoration figurative aurait tiré son inspiration de créations hellénistiques. A titre d’exemple, on peut citer ici une stèle du Musée de Naples (fig. 58). C’est la disposition de la scène qui devrait attirer notre attention, ce que souligne pour la première fois dans les études sur iconographie chrétienne André Grabar949 ; la représentation centrale d’une divinité est entourée des thèmes narratifs liés à des épisodes dans lesquels elle intervient950.

Une telle jonction du contenu de l’image avec celui exposé sur le cadre trouverait sa continuité plastique dans la production des tableaux de piété médiévaux. Plusieurs interprétations de ce schéma ont été réitérées tout au long du Moyen Âge, d’abord dans l’art byzantin des icônes, pour être enfin transmises dans la peinture des Duecento et Trecento italiens, et sur les territoires de l’Europe centrale du XVe siècle, dans des tableaux d’autel et dans des retables portatifs951. La question suivante qui se pose, dans ce contexte, est celle de la transformation de ce genre de panneau en reliquaire. D’où vient alors cette idée d’incruster des reliques dans des encadrements de peintures religieuses ?

Notes
949.

GRABAR (1979) 1994, p. 148.

950.

Ibid. ; En dernier lieu, voir CHASTEL 1999, p. 16 s.

951.

Cf. CHASTEL, loc. cit.