1. Territoires du Levant

Notre recherche nous fait revenir au haut Moyen Âge, sur les territoires du Levant. A cette époque-là, se multiplient en Orient les translations des dépouilles, des fragments d’ossements et d’autres particules de reliques⁹⁵², ce qui nécessite la confection des objets pour les conserver. Nous avons exposé, dans le chapitre précédent, à quel point les « saints restes » étaient estimés dans l’Église. Introduits dans le rituel, ils étaient enfermés dans les reliquaires dont les formes et les matériaux se diversifient non seulement en fonction de leur usage, mais aussi de l’essor artistique et des prédilections esthétiques des communautés chrétiennes.

Cette investigation sur l’origine des tableaux incrustés de reliques porte tout d’abord, selon les dernières observations de Panayotis L. Vocotopoulos, sur les reliquaires en bois⁹⁵³. Il est avéré que la décoration des boîtes-reliquaires ressemblait parfois à la peinture d’icônes. Évoquons à ce propos un reliquaire de provenance probablement palestinienne, déposé dans la collection du Musée du Vatican (fig. 62). Le décor du couvercle de cette cassette en bois, datée de la charnière des VIe et VIIe siècles, se rapporte aux principales scènes christologiques ayant trait au caractère des reliques qui y sont placées, lesquelles auraient été apportées de Terre Sainte⁹⁵⁴. Il semble que nous avons dans ce cas affaire à l’une des plus anciennes combinaisons d’une image peinte sur bois avec des reliques. Mais, d’autres exemples conservés étant moins tardifs et provenant de Byzance, on ne peut pas savoir si ce type de reliquaire était vraiment répandu en Orient, dans cette première période. Nous le tenons cependant pour fort probable ; car le coût d’un tel reliquaire, étant sans aucun doute beaucoup moins élevé par rapport aux objets d’orfèvrerie, le rendrait plus abordable.