Les tableaux-reliquaires mariaux, auxquels nous consacrons plus particulièrement cette étude, apparaissent sur le territoire de la Pologne à l’époque du bas Moyen Âge. Notre objectif est de démontrer leur spécificité compte tenu des créations semblables identifiées tant dans le monde byzantin qu’en Occident médiéval. Les questions essentielles qui se posent ici relèvent tout d’abord de l’uniformité formelle et iconographique des tableaux concernés, dont un nombre remarquable est conservé jusqu’à nos jours1147 ; plusieurs autres sont cités dans des archives1148. Sommes-nous bien en droit de parler de leur importance sur le plan européen ?
Avant de donner une réponse, il faut bien sûr procéder à une analyse détaillée des œuvres. Nous allons essayer de déterminer leur provenance, afin de connaître leurs commanditaires et leurs auteurs ou, tout au moins, des ateliers de créations – car dans le cas de la peinture gothique en Pologne, on parle plus souvent d’un atelier que d’un artiste concret. Cela nous permettra d’indiquer le milieu dans lequel ces reliquaires s’étaient répandus. La typologie et le rapprochement iconographique des œuvres rassemblées dans le catalogue serviront ensuite à établir leur étude comparative, et donc à désigner l’origine du modèle formel connu en Pologne1149. Enfin, se pose la question de la fonction et de l’usage d’une telle image-objet dans la société polonaise. S’agit-il des mêmes rites propagés dans l’Église, ou plutôt d’une piété singulière qui jalonnait la vie quotidienne des communautés locales ? Faut-il estimer ces tableaux-reliquaires de manière exceptionnelle, comme des objets du culte officiel ? Sinon, avons-nous tout simplement à considérer les tableaux d’affection, de type provincial, utilisés à des fins de dévotion privée ?
Catalogue : III.A.
Catalogue : III.B.
Voir infra chap. VII, § 1.