1.1. La cour

Tournons-nous vers les événements, invoqués plus haut, liés aux donations des tableaux pieux par la reine Élisabeth Lokietek et la reine Hedwige d’Anjou à des églises de Cracovie, qui eurent lieu à la fin du XIVe siècle1150. Nous avons réaffirmé que la cour jouait un rôle d’intermédiaire dans l’importation des peintures religieuses de provenance italienne, voire italo-byzantine. Il est fort probable que les tableaux-reliquaires, comme de nombreuses images mariales et christiques ad instar Graecae picturae mentionnées dans les registres du trésor de la cathédrale de Wawel, étaient aussi des offrandes royales1151. On est d’ailleurs enclin à supposer que leur production était parfois incitée par la cour. Les souverains en faisaient apparemment des donations à la noblesse, ceci à titre de certaines gratifications. Des tableaux dévotionnels seraient ainsi arrivés dans le milieu provincial par l’entremise de la cour royale. D’après une mention dans des archives, la reine Anna Jagellon (1523-1596)1152 avait offert un tableau-reliquaire à une dame noble Margareta Brandis, lequel tableau était jadis déposé dans une église paroissiale du diocèse cracovien1153. Néanmoins, faute d’indications plus précises, on ne sait pas s’il s’agissait, dans ledit cas, d’un reliquaire gothique, ou bien d’une production déjà moderne du XVIe siècle. Or, la désignation « Imago Misericordiae », sous laquelle il figure dans l’inventaire du XVIIe siècle, peut se rapporter soit à une représentation de Misericordia Domini, soità une Vierge de miséricorde 1154. Pour notre part, nous pensons que c’était l’un des anciens tableaux, christique et/ou marial, dont la dévotion continuait à se répandre au-delà de l’époque médiévale1155.

Notes
1150.

Voir supra chap. Ier, § 4.2.1.

1151.

Cf. Inwentarz katedry wawelskiej z roku 1563, (Inventaire de la cathédrale de Wawel, 1563), (éd.) Bochnak, op. cit., passim.

1152.

« Anna Dei gratia Infans Regni Poloniae » ; Voir Polski słownik biograficzny, Kraków 1935, vol. I, p. 129 ; Z. SATAŁA, Poczet polskich królowych, księżnych i metres, Szczecin 1990, p. 202 ; A. LANGER, Rezidenzfunktion – Rezidenzwechsel : Krakau und Ujazdów / Warschau zur Zeit von Bona Sforza und Anna Jagiellonka, (dans :) M. Dmitrieva, K. Lambrecht (éd.), Krakau, Prag und Wien : Funktionen von Metropolen im frühmodernen Staat, Stuttgart 2000, p. 70.

1153.

Voir Catalogue : III.B, n° VIII.

1154.

Cf. entre autres P. PERDRIZET, La Vierge de Miséricorde : étude d’un thème iconographique, Paris 1908, passim ; SCHLIE, op. cit., p. 309-331.

1155.

Chap. VII, § 2.