a) Tableaux uniques

Le plus ancien tableau-reliquaire est, d’après notre recherche, celui de l’église paroissiale des pauliniens de Beszowa, dont nous ne disposons que d’une mention dans des sources historiques du XVe siècle1237. L’inventaire dressé en 1421 confirme l’existence d’un tableau marial, désigné alors comme tabula noviter picta.

Parmi les œuvres conservées jusqu’à nos jours, que nous avons rassemblées dans le catalogue1238, l’image de l’église du Saint-Sacrement de Cracovie (Pl. II) témoigne de l’ancienneté de ce type de reliquaire, qui remonte en Pologne aux premières décennies du XVe siècle1239. Son apparition dans la littérature historique et religieuse1240 avait initié plusieurs études au sujet de ses valeurs tantôt dévotionnelles, tantôt artistiques ; pendant des années, elle a fait l’objet de recherches sur sa datation et son origine1241. Ce tableau tchèque, provenant de Roudnice et daté autour du troisième quart du XIVe siècle, fut repeint et transformé en reliquaire à Cracovie, au début du siècle suivant1242. A cette époque-là, on le décora de tôles d’argent et d’un cadre-reliquaire incrusté de camées. L’état actuel de la représentation démontre, en réalité, diverses interventions artistiques. Des éléments linéaires suggèrent des inspirations byzantines. Par contre, la maîtrise des clairs-obscurs prouve l’occidentalisation de l’ancien type pictural. Le tableau est considéré comme l’interprétation tchèque d’une version italienne de la Kykkotissa chypriote1243, ce que devrait confirmer notre analyse iconographique1244.

Les panneaux-reliquaires uniques, de dimensions relativement restreintes, sont les plus répandus en Pologne. Des cavités géométriques (rondes, carrées, rectangulaires, ovales, en forme de losanges) destinées à enchâsser des reliques, disposées sur des encadrements et fermées sous verre, font partie intégrante de ces tableaux. Leur nombre varie, en règle générale, entre quatre1245 et une vingtaine1246. L’un des plus remarquables est le reliquaire marial du couvent des capucins, qui contient quarante logettes garnies de nombreuses reliques1247.

Notes
1237.

Catalogue : III.B, n° I.

1238.

Catalogue : III.A.

1239.

Catalogue : III.A, n° 1.

1240.

Voir notamment J. DE NIGRA VALLE, Genealogia sacri et apostolici Ordinis Canonicorum Regularium S. Augustini, ex Congregatione Lateranesi S. Salvatoris Contexta, Cracoviae 1707, p. 83 ;
S. BARĄCZ, Cudowne obrazy Matki Najświętszej w Polsce, Lwów 1891, p. 119, n° 151.

1241.

Cf. MATĚJČEK, MYSLIVEC 1934-1935, p. 16-18 ; M. WALICKI, Malarstwo polskie. Gotyk - renesans - wczesny manieryzm, Warszawa 1961, p. 292-293 ; KOŘÁN, JAKUBOWSKI 1975, p. 3-12 ; Idem 1976, p. 229-233 ; GADOMSKI 1981, p. 53, 113 ; KOMINKO 1999, passim.

1242.

Chap. Ier, § 4.1.2 ; Voir supra § 1.2, 2.

1243.

KOŘÁN, JAKUBOWSKI, loc. cit. ; ŚNIEŻYŃSKA-STOLOT 1984, p. 20-21 ; GADOMSKI 1981, op. cit. ; K. STEJSKAL, Die byzantinischen Einflüsse auf die gotische Tafelmalerei (dans :) Ikone und frühes Tafelbild, Wissenschaftliche Beiträge Martin-Luter-Universität Halle-Wittenberg 1986 / 67, Halle (Saale) 1988, p. 160 ; L. HADERMANN-MISGUICH, La Vierge Kykkotissa et l’éventuelle origine de son voile (dans :) Festschrift für Klauss Wessel zum 70. Geburtstag in memoriam, München 1988 (Münchener Arbeiten zur Kunstgeschichte und Archeologie) vol. 2 ; GADOMSKI 2001, p. 325 s. Voir supra chap. Ier, § 4.1.2.

1244.

Voir infra § 4.A.

1245.

Catalogue : III.A, n° 3, 16.

1246.

Catalogue : III.A, n° 1, 4, 7, 8, 11, 12, 14, 15, 17.

1247.

Catalogue : III.A, n° 6.