B. Regina cœli

D’autres représentations sont composées avec une inscription qui est un extrait de l’antienne mariale : Regina cœli laetare, alleluia / Quia quem meruisti portare (…). La récitation de cette prière en procession avec une image de la Madone aurait sauvé, selon la légende, la ville de Rome de la peste1306. La phrase (ou bien son abréviation), évoquant la Reine des cieux, se trouve exposée soit sur l’encadrement, entre des loges à reliques (Pl. IV, XII-XIII ; fig. 96), soit dans le tableau, composée avec le nimbe marial (Pl. XV, XXVII). Il est notoire que ledit texte, lié à la christophanie (la révélation du Christ après sa résurrection)1307 accompagne un certain nombre de représentations de la Vierge à l’Enfant (sans ou avec des reliques), connues sur les territoires de Bohême et de Pologne1308.

Son introduction dans le contexte des tableaux-reliquaires mariaux met ainsi l’accent sur l’expression sémantique des mots compte tenu de la représentation picturale. De la sorte, une prière propitiatoire est adressée à la Vierge Reine et Corédemptrice, censée être présente dans son image dont le pouvoir d’opérer des miracles serait, en outre, renforcé par les reliques qui y sont incluses. Cette complexité du contenu dévotionnel dépend bien sûr de la destination de telles images-objets dans des pratiques rituelles1309.

Notes
1306.

Chap. II, § 1.3.2, note n° 659.

1307.

M. ALBERTZ, Über die Christophanie der Mutter Jesu, „Theologische Studien und Kritiken”, 86 : 1913, p. 483-516 ;T. DOBRZENIECKI, Legenda średniowieczna w piśmiennictwie i sztuce. Chrystofania Marii, (dans :) J. Lewański (éd.), Średniowiecze. Studia o kulturze, Wrocław 1965, t. II, p. 25-26, 79-80, 96-97, 100 ; Voir aussi M. VETÖ, Philosophie et religion : essais et études, Paris 2006, p. 104 ss. ; O. MAINVILLE, Les christophanies du Nouveau Testament : historicité́ et théologie, Montréal 2008, passim.

1308.

GUMIŃSKA, HERMANOWICZ-HAJTO 1993, p. 33 ; GADOMSKI 1986, p. 35 ; BARTLOVÁ, loc. cit.

1309.

Voir infra § 5.1.