La fonction de reliquaire s’attache également à des peintures de la Vierge au rosaire, comme celle du triptyque « de Konopka » (Pl. XII), ainsi qu’à deux autres : du Musée national de Varsovie (Pl. XIV) et du couvent cracovien des carmélites déchaussées (Pl. XX)1310. Ce type iconographique se popularise en Europe à partir du troisième quart du XVe siècle (fig. 93), à l’époque où la prière récitée avec le chapelet s’était déjà répandue dans sa forme définitive. La genèse de la prière n’est pour-
tant pas éclairée. S’étant transformée au cours des siècles, elle aurait pris – autour de 1483 – sa version actuelle1311. D’après la tradition dominicaine la prière du Rosaire est attribuée à la personne de saint Dominique, considéré comme son initiateur1312. Néanmoins, aucun document historique n’est susceptible de le confirmer. Cette prière propagée par le dominicain Alain de la Roche (Alanus de Rupe) – connu comme « l’Apôtre du rosaire »1313–,consistait à la contemplation des mystères de la foi par les répétitions d’un certain nombre de Pater noster et d’Ave Maria
1314. Après l’introduction du Rosaire dans le Psautier (1478), on voit se multiplier des confréries qui pratiquent cette nouvelle forme de dévotion en présence d’une image mariale1315. Cependant dès la fin du Moyen Âge, les grains enfilés symbolisaient non seulement le Rosaire dominicain, mais aussi d’autres versions de cette prière adoptées notamment dans le milieu monastique1316. D’après la terminologie polonaise, il s’agit des koronki – en français couronnes
1317
–, liées à un autre genre d’office religieux. Une forme de prière, très populaire, était la récitation de la Corona eiusdem Virginis dite bernardienne1318. Il s’ensuit que le caractère d’un tel objet présenté dans des tableaux n’est pas toujours certain1319.
Catalogue : III.A, n° 13, 14 ; IV, n° 6.
Voir notamment K.-S. MOISAN, Matka Boska Różańcowa, (dans :) K.-S. Moisan, B. Szafraniec, Maryja Orędowniczka Wiernych, (dans :)Ikonografia nowożytnej sztuki kościelnej w Polsce. Nowy Testament , (réd.)J.-St. Pasierb,Warszawa 1987, t. II, p. 44 ss.
Cf. D.-A. MORTIER, Histoire abrégée de l’Ordre de Saint-Dominique en France, Tours 1920, p. 7 ; L. FANFANI, Różaniec Najświętszej Panny Marii. Historia. Ustawodawstwo. Praktyki pobożne, Lwów 1935 ; LThK,1964, t. 9, col. 46 s. ; Legendy dominikańskie, (trad.) J. Salij, Poznań 1982, p. 33.
R. GUIETTE, La légende de la Sacristine : étude de littérature comparée, Paris 1927, p. 27, 255 ; L. RÉAU, Iconographie de l’art chrétien, Paris 1955, t. I, p. 43 ; P. CHAVY, Traducteurs d’autrefois, Moyen Âge et Renaissance dictionnaire des traducteurs et de la littérature traduite en ancien et moyen français (842-1600), Paris 1988, p. 1184 ; R. BOSSUAT, Le Moyen Âge, Paris 1992, p. 32 ; L. GAMBERO, Mary in the Middle Ages : The Blessed Virgin Mary in the Thought of Medieval Latin Theologians, San Francisco 2005, p. 315.
L.-P. FAUCHER, Les origines du rosaire, Paris 1923 ; E. MÂLE, L’art religieux du XIII e siècle en France : étude sur l’iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d’inspiration, Paris 1898 (éd. 1949), p. 206 et s. ; LThK, op. cit. p. 47.
P. PERDRIZET, La Vierge de Miséricorde : étude d’un thème iconographique, Paris 1908, p. 89, 94 ; MOISAN, op. cit., p. 45 ; C. DUPEUX, La lactation de saint Bernard de Clairvaux. Genèse et évolution d’une image, (dans :) L’Image et la production du sacré …, 1991, p. 183 s. ; M.-H. FROESCHLÉ-CHOPARD, Les Dominicains et les confrères du Rosaire, (dans :) Les mouvances laïques des ordres religieux, (Actes du IIIe Colloque International du CERCOR, Tournus, 17-20 juin 1992), Saint-Étienne 1996, p. 355-375 ; M.-C. GOMEZ-GÉRAUD, Le crépuscule du grand voyage : les récits des pèlerins à Jérusalem (1458-1612), Paris 1999, p. 541 ; H.-D. SAFFREY, L’héritage des anciens au Moyen Âge et à la Renaissance, Paris 2002, p. 264 s. ; Id., Humanisme et imagerie aux XV e et XVI e siècles : études iconologiques et bibliographiques, Paris 2003, p. 143 ss. ; J.-L. PINOL (éd.), Histoire de l’Europe urbaine, Paris 2003, p. 561 ; H. ESTIENNE, L’introduction au traité de la conformité des merveilles anciennes avec les modernes, ou, Traité préparatif à l’Apologie pour Hérodote, (éd. critique) B. Boudou,Genève 2007, vol. I, p. 793.
Cf. S. BEISSEL, Geschichte der Verehrung Marias im 16. Und 17. Jahrhundert, Freiburg im Breisgau 1910, p. 35-54.
Cf. P. RAVIER, La clef du trésor de l’Église, ou les indulgences expliquées aux fidèles, Paris 1851, p. 345 ss.
J. FIJAŁEK, Królowa Korony Polskiej. Historia kultu Matki Boskiej w Polsce średniowiecznej w zarysie, „Przegląd Kościelny”, R.1 : 1902, t. II, p. 121, 144 ss. ; K. KANTAK, Bernardyni polscy : 1453-1572, Lwów 1933, t. I, p. 151 ; A. BRÜCKNER, K. ESTREICHER, Encyklopedia staropolska, Warszawa 1937-1939 (rééd. 1990), p. 383 ; M. JESIONKOWSKI, Historia Kościoła w Polsce 966-1978, Paris 1985, p. 96 ; MOISAN, op. cit., p. 46 ; W. WYDRA, Władysław z Gielniowa : z dziejów średniowiecznej poezji polskiej, Poznań 1992, p. 123 ; S. NIEZNANOWSKI, J. PELC (éd.), Nurt reli-
gijny w literaturze polskiego śedniowiecza i renesansu
,
Lublin 1994, p. 121 ; T. MICHAŁOWSKA, Mediaevalia i inne, Warszawa 1998, p. 139.
MOISAN, loc. cit.