B. L’exposé allégorique (Abr., 99-106)

Nous avons vu que Philon ouvrait son exposé littéral avec une référence à la vertu : si celle-ci n’intervient plus explicitement dans le récit de l’épisode, elle occupe en revanche une place centrale dans l’exposé allégorique. C’est à travers elle que Philon parvient à asseoir le sens des relations entre Dieu et les acteurs du récit, mais aussi, sans doute, qu’il parvient à illustrer de quelle manière s’exerce la vertu de piété d’Abraham dans ce passage, en distinguant entre une vertu en quelque sorte immanente, qui est en jeu dans le conflit entre Sarah et le pharaon, et une vertu transcendante qui concerne la relation à Dieu. Il procède en deux temps : le premier est une présentation paradoxalement inversée de la relation entre le masculin et le féminin dans l’union des âmes, qui va à l’encontre du sens commun comme de traditions philosophiques majeures ; le deuxième est une application aux deux intellects figurés par le roi et par Abraham de la question de l’union à la vertu, et du rôle de Dieu.