1) La narration littérale (Abr., 168-177)

La première partie de l’exposé littéral représente une narration assez fidèle et relativement concise du sens littéral. Néanmoins, Philon apporte un certain nombre de modifications qui rendent la narration plus fluide, mais qui saturent aussi le texte de motifs d’éloge d’Abraham, notamment en dramatisant le récit et en ajoutant de nombreuses notations sur l’attachement d’Abraham à Isaac et la fermeté avec laquelle il obéit jusqu’à la fin à Dieu. Philon procède également à un découpage qui l’amène à passer sous silence toute la fin de l’épisode scripturaire : il oriente l’exposé dans le sens d’une focalisation exclusive sur la question de l’obéissance totale d’Abraham à Dieu, c’est-à-dire sur sa piété, au détriment d’une explication d’ensemble de l’épisode. Nous insisterons sur les principaux éléments du développement de Philon qui permettent d’éclairer ces différents aspects, afin d’exposer comment Philon développe la question de la piété d’Abraham sous la forme d’une obéissance parfaite, qui fait de lui plus qu’un sage.