3. De Moïse à Philon : la fin de la migration (Migr., 25-35)

La dernière partie de la section que nous avons choisi de commenter est caractérisée à la fois par la poursuite de la réflexion de Philon sur les départs, convoquant cette fois-ci à nouveau Moïse, mais surtout Jacob, et surtout par une description de la fin de la migration. Alors que celle-ci n’apparaît pas dans la structure d’ensemble du traité qui traite des différentes dimensions de la migration en elle-même, Philon lui accorde en réalité, dès la première section de son traité, un développement important. Ainsi, la notion de départ est envisagée de façon véritablement complète, le point d’arrivée étant déjà mis en lumière : il s’agit de la résidence dans la terre promise à Abraham, qui est la sagesse et la dispensation des grâces divines.

À partir de l’Exode, Philon remonte donc chronologiquement vers Jacob, puis Isaac, c’est-à-dire en direction d’Abraham, pour livrer une présentation de la fin qui lui est assignée par Dieu. La deuxième caractéristique de ce développement, qui fonde la possibilité pour Philon de passer d’un personnage à l’autre pour décrire un unique parcours, est la manière dont il unifie les différentes figures qu’il évoque pour en faire des aspects différents mais convergents d’une unique réalité, celle de l’intellect. Derrière la multiplicité des épisodes et des situations, c’est une même réalité qui est décrite. Enfin, le dernier élément particulièrement significatif de cette séquence est la réflexion que fait Philon, au terme de son développement, sur une expérience personnelle, par laquelle il cherche à confirmer les analyses qu’il a proposées : nous verrons à quel point cette réflexion est éclairante sur la focalisation de sa pensée sur les opérations de l’intellect, et les conséquences que cela entraîne sur son exégèse.