II- la néonatologie

2-1- Naissance de la néonatologie

La néonatologie (science du nouveau-né) est une branche de la pédiatrie qui se consacre aux soins du nouveau-né normal ou pathologique. C’est une science récente qui s’est beaucoup développée dans les années soixante et qui s’intéresse depuis trente ans à la période anténatale. La néonatologie s’inscrit dans le domaine de la périnatalité qui

‘« a d’abord focalisé ses études et ses recherches sur le bébé, sur le nouveau-né, puis sur le prématuré » (M.Soulé, 1999, p.28). ’

Jusqu'au milieu du 19ème siècle, les enfants prématurés étaient laissés pour compte par les médecins, bon nombre d'entre eux mouraient, et les rares survivants étaient très souvent atteints de séquelles neurologiques.

Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que la pédiatrie néonatale devient une science à part entière, la néonatologie. Les recherches scientifiques portent alors sur les adaptations physiologiques du bébé à la vie extra-utérine. En France, A.Minkowski est un des premiers à se consacrer entièrement à cette discipline. Il a donné en France, ses lettres de noblesse à la néonatologie.

Les premiers hôpitaux réservés aux enfants apparaissent à la fin du 18ème siècle mais la première chaire de pédiatrie ne sera attribuée qu’à la fin du 19ème siècle, attestant alors de l’existence d’une véritable médecine pour les enfants. C’est à la même période que sont expérimentées les premières couveuses, qui sont de simples caisses de bois isolant les nouveaux-nés. Des prématurés vivants seront exposés dans une couveuse à l'Exposition Universelle de 1889.

Les bases essentielles de la réanimation néonatale et des soins aux prématurés sont alors posées. Il faut respecter une hygiène rigoureuse, isoler les enfants du monde et les laisser grandir dans une atmosphère humide, à température constante en les alimentant par gavage. Dès la fin du 19ème siècle, la séparation du bébé prématuré d'avec sa mère apparaît donc comme faisant partie de l'ensemble des soins indispensables pour le prématuré.

Si dès le début du 20ème siècle des médecins préconisent la participation des mères à l’alimentation de leur enfant, les nombreux problèmes d’infection et le taux élevé de mortalité rencontrés vont toutefois amener les médecins à créer des unités de soins interdites d’accès aux parents. Jusqu’à la fin des années 60, les parents n’auront pas la possibilité d’entrer en contact direct avec leur bébé prématuré et ils devront se contenter, parfois pendant 3 mois, de le regarder derrière une vitre.

‘« Ce n’est qu’après 1960 environ que quelques praticiens, tels M.Klaus, M.Bergès et I.Lézine, s’attachèrent à explorer le champ psychique de la périnatalité et émirent l’opinion que le devenir des prématurés était en partie dépendant des premières relations mère-enfant » (A.Carrel, 1977, p.126). ’

C.Druon (1996) raconte dans son ouvrage À l’écoute du bébé prématuré, que dans les années 70-80, une préoccupation a émergé des services de néonatologie concernant les conséquences que pouvaient avoir ces hospitalisations longues et précoces, à la fois sur le bébé lui-même mais également sur sa famille. Finalement, les progrès technologiques et la relative maîtrise du risque d’infection ont permis l’ouverture progressive des services de néonatologie aux parents. À la fin des années 70, les parents ont pu entrer dans les unités de soins et toucher leur bébé dans la couveuse.

Dans le champ de la psychanalyse, C.Druona été une des premières à rendre compte des enjeux psychiques de la prématurité et des conséquences sur la mise en place de la parentalité. Peu à peu des recherches sur les interactions entre les parents et les enfants prématurés ont commencé à se développer (S.Lebovici, P.Mazet, J.-P.Visier, 1989), associées à des observations et une compréhension plus fine des compétences du bébé prématuré (K.Crnic, 1983). Parallèlement, les travaux sur l’observation du nourrisson d’Esther Bick se sont développés en France et l’intérêt porté aux bébés n’a fait que croître…