2-2- Définition de la prématurité

‘« Tant qu’il n’est pas né, un vieux fœtus n’est pas un grand prématuré » (F.Daffos, 2006, p.66)’

Pendant de nombreuses années, la prématurité a été définie par un petit poids de naissance (PN). Aujourd’hui, seul l’âge gestationnel permet de définir la prématurité.Selon la définition de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), est prématurée toute naissance survenant avant 37 semaines d'aménorrhée (SA). On distingue la prématurité moyenne (de 32 SA à 36 SA + 6 jours), la grande prématurité (28 à 32 SA + 6 jours) et la très grande ou extrême prématurité (< 28 SA). Cette définition succède donc à celle fondée sur le poids de naissance de l’enfant et qui ne permettait pas de distinguer la prématurité d’un problème de croissance in utero.

Actuellement, la grande prématurité représente un problème majeur de santé publique. Elle contribue pour une part importante à la mortalité périnatale et elle est associée à un risque élevé de séquelles neurologiques. C'est pendant le dernier trimestre de la grossesse que la plupart des organes acquièrent une fonctionnalité permettant à l'enfant de s'adapter à la vie extra-utérine. Toute naissance prématurée comporte donc le risque qu'une série de fonctions, contrôlant l'homéostasie et les adaptations nécessaires au nouvel environnement aérienne soient pas effectives.

Depuis 1993, tous les enfants nés vivants ou viables (c'est-à-dire à partir de 22 semaines d'âge gestationnel ou pesant au moins 500 grammes) sont enregistrés à l'Etat-Civil, même s'ils décèdent précocement. Pour les enfants morts-nés avant 28 semaines, il n’y avait jusqu’à présent pas d’enregistrement à l’état civil mais une "déclaration d'enfant sans vie". Il s’agissait, médicalement, d’une fausse couche tardive.

Mais depuis le sept février 2008, la Cour de cassation a jugé qu’un foetus né sans vie pouvait être déclaré à l'état-civil, quel que soit son niveau de développement. En obtenant le droit d'inscrire leur bébé sur les registres de l'état-civil, les parents obtiennent du même coup la possibilité de donner un nom à leur enfant, de bénéficier de certains droits sociaux comme le droit au congé maternité, ou encore celui de récupérer son corps afin d'organiser ses obsèques.

Parmi les 40 000 enfants qui naissent avant terme chaque année en France, environ 10000 sont des grands prématurés d'âge gestationnel inférieur à 33 semaines d'aménorrhée. Aujourd'hui, les progrès extraordinaires de ces trois dernières décennies permettent à des enfants nés aux limites de la viabilité de vivre sans séquelles, faisant parfois oublier la violence que représente toute naissance très prématurée, tant pour l’enfant que pour les parents. La viabilité du foetus, qui correspond à l’aptitude à vivre hors du sein maternel est actuellement fixée à 22 SA par l’OMS, et pour le poids, à partir de 500 grammes. En réalité, il n’y a quasiment pas de survivants à 22 SA (- de 10% à 23 SA) et 10% à 24 SA. À 5 mois (24 SA), le fœtus pèse en moyenne 680 grammes et mesure 33cms et à 28 SA (6 mois), il pèse 1200 grammes et mesure 38cms.

Les facteurs impliqués dans la très grande prématurité sont divers. Nous ne développerons pas dans notre travail les facteurs médicaux. M-L Turner et I.Krymko-Bleton (2002) rappellent toutefois dans leur article qu’une recherche canadienne (St André et al., 1996) a montré que dans 66% des cas, les menaces d’accouchement prématuré qui se concrétisent, sont sans cause médicale connue. Ainsi une énigme plane sur l’origine de ces naissances prématurées. Il apparaît donc pertinent de se pencher sur cette composante inconnue et certains auteurs ont fait l’hypothèse qu’elle soit éventuellement d’ordre psychologique.