2-3-1- Facteurs sociaux

Dès 1969, les travaux de E.Papiernik mettaient en évidence le rôle des facteurs sociaux dans la prématurité. Plusieurs recherches (N.Butler., E.Alberman, 1969), ont également montré que la prématurité était plus fréquente dans les classes défavorisées et qu’elle était également significativement corrélée au niveau d'études de la mère.

D'autres facteurs socio-démographiques ont également été repérés : le très jeune âge de la mère, le nombre élevé d’enfants, le fait de vivre seule, de ne pas exercer d'activité professionnelle, l’existence d’antécédents obstétricaux pathologiques, des antécédents d'avortement spontané ou d'interruption volontaire de grossesse répétés. Concernant l’âge de la mère, une expertise collective de l’Inserm sur la grande prématurité (1997) souligne que

‘« les résultats présentés dans la littérature sont relativement disparates quant à l’influence de l’âge maternel sur l’incidence de la grande prématurité ». ’

En France, les travaux menés par N.Mamelle (1984) sur les relations entre les conditions de travail et la prématurité ont permis de montrer le rôle important de facteur de risque que tenait la pénibilité du travail. L’impact de ces facteurs de risques varie suivant les populations, les pays, et les périodes. Toutefois, et il semble important de le souligner,

‘« les études françaises de ces 25 dernières années ont toujours observé que les femmes qui exerçaient une activité professionnelle pendant la grossesse avaient un risque de prématurité plus faible que celles qui n’avaient pas d’activité professionnelle, et ce même après la prise en compte des caractéristiques socio-démographiques associées à l’exercice d’une activité professionnelle » (Expertise collective INSERM, Op.Cit).’

D’après l’étude de R.Copper et al. (1996), la seule variable psychosociale qui demeure significativement associée à un risque d’accouchement prématuré est le stress. Beaucoup de chercheurs se sont intéressés au rôle du stress dans les naissances prématurées. Les avis convergent pour dire que des facteurs de stress (c'est-à-dire les événements objectifs auxquels sont exposés les individus) pourraient intervenir dans la prématurité par différents mécanismes directs, comme des modifications hormonales, ou indirects, comme une augmentation de la susceptibilité aux infections ou des comportements pouvant présenter un risque de prématurité. Les résultats obtenus parR.Cooper et al., suggèrent que les événements de vie pendant la grossesse n'augmentent pas le risque de prématurité sauf lorsqu'ils ont été perçus comme très stressants par les femmes. Ainsi, demeure-t-il bien difficile de penser le facteur stress en dehors du processus de subjectivation.

‘« Les relations entre les divers facteurs de stress et des éléments spécifiques du soutien social durant la grossesse font qu’ils sont souvent étudiés conjointement dans la littérature » (F.Vendittelli., P.Lachcar, 2002, p.504).’

Dans un objectif de prévention de la prématurité, des interventions de type «support social» ont été mises en place. Inspirées des pratiques développées par S.Fraiberg aux Etats-Unis dans les années 70, ces interventions consistent essentiellement en visites à domicile auprès de femmes enceintes évaluées à haut risque au regard des critères sociaux, des antécédents gynécologiques ou en raison de complications de la grossesse.

Différentes études (B.Blondel et B.Marshall, 1996, G.Mellier, 1996) ont montré que ce type d’intervention était efficace dans la prévention de la prématurité pour des populations à très haut risque sur le plan social et psychologique, par exemple en cas de grand isolement social.

D’autres études (L.Seguin, M. Saint-Denis et al., 1993) soulignent que le soutien social ne suffit pas à lui seul à améliorer les indicateurs périnataux mais qu’il est fort utile en terme de bénéfice psychologique pour la femme enceinte, et à long terme, il aurait un impact sur l’équilibre psychologique des mères et sur la relation mère-enfant.