Deuxième partie : aspects méthodologiques

I- Cadre de la recherche

Nos premières années de présence sur le terrain de la néonatologie, à l’occasion de la maîtrise et du D.E.A, ont été l’occasion de rencontres cliniques et de prises en charge psychologiques auprès de femmes ayant accouché prématurément et dont le bébé était hospitalisé. Très vite nous avons senti la nécessité d’accéder à ‘ « l’espace-temps de la périnatalité  psychique », ’ (S.Missonnier, 2003, p.38), c’est-à-dire l’avant et l’après de la naissance prématurée.

Il nous est apparu que les femmes rencontrées dans le cadre de la naissance prématurée de leur enfant nous parlaient de l’après-coup d’un premier traumatisme : la grossesse. Nous avons alors réfléchi à un protocole permettant d’appréhender « l’avant » de la prématurité et nous avons choisi d’interroger la grossesse elle-même. Etant donné le caractère imprévisible de la plupart des naissances prématurées, il est difficile de rencontrer les femmes avant la naissance de l’enfant prématuré. Par le biais des hospitalisations pour Menace d’Accouchement Prématuré (MAP), des entretiens avec des femmes enceintes et susceptibles d’accoucher très prématurément ont été possibles et nous ont permis de recueillir des données sur leurs vécus de grossesse. La surveillance médicale propre à l’hospitalisation pour MAP nous a conduite à interroger les effets de la prise en charge médicale sur le déroulement d’une grossesse. Qu’est-ce que la MAP induit et peut-être symbolise déjà ? Pourquoi cette alerte n’a-t-elle pas toujours lieu ? Permet-elle aux femmes de se re-saisir de quelque chose ?

Ainsi, avons-nous rencontré de nombreuses femmes enceintes. Parmi ces femmes, certaines ont accouché à terme sans incidents somatiques lors de leur grossesse, d’autres ont accouché à terme mais après avoir été hospitalisées pour des menaces d’accouchement prématuré et d’autres ont accouché très prématurément après une MAP. Toutes ces femmes ont en commun l’expérience de la grossesse, expérience que nous avons questionnée avec deux outils principaux : l’IRMAG et le dessin que nous présenterons un peu plus loin.

Nos choix méthodologiques tiennent compte du caractère interdisciplinaire de la psychopathologie périnatale. Aussi cette recherche se déroule-t-elle sur trois services différents : celui de néonatologie qui est au centre de la réflexion, celui des grossesses pathologiques au sein duquel ont été rencontrées les femmes hospitalisées pour MAP et celui de la consultation gynécologique.