1-1-La population

La population est composée de 18 femmes, volontaires pour la recherche. 8 femmes primipares et 10 femmes multipares. La population se divise en trois groupes :

  • Groupe 1 : 10 Femmes enceintes hospitalisées pour MAP
    Sous groupe 1-1 : 5 femmes hospitalisées pour MAP et ayant accouché à terme
    Sous groupe 1-2 : 5 femmes hospitalisées pour MAP et ayant accouché très prématurément
  • Groupe 2 : 3 Femmes ayant accouché très prématurément sans MAP
  • Groupe 3 : 5 Femmes enceintes ayant accouché à terme (groupe témoin)

Les critères d’inclusion communs aux quatre groupes pour la participation à la recherche sont les suivants:

  • grossesse unique
  • terme compris entre 24 et 29 SA (très grande prématurité),
  • femmes multipares ou primipares,
  • aucun trouble psychiatrique avéré dans le dossier médical avant et pendant la grossesse.

Les grossesses gémellaires ont été exclues car de nombreuses études épidémiologiques ont montré que le risque de grande prématurité est très fortement augmenté dans les grossesses multiples par rapport aux grossesses uniques, et s'accroît avec le nombre de fœtus.

En France, en 1988-89, le taux de grande prématurité observé pour l'ensemble des grossesses multiples était 15 fois supérieur à celui observé pour les grossesses uniques (B.Blondel, 1996). Le facteur physiologique est ici prédominant.

Au regard de ces données, il semblait plus difficile d’appréhender les enjeux psychopathologiques propres à la grande prématurité avec les grossesses multiples. Par ailleurs les vécus de grossesses multiples font l’objet de recherches spécifiques (J.C.Pons, C.Charlemaine, E.Papiernik, 2000) et sont comparés aux grossesses uniques. Les grossesses multiples auraient donc constitué un biais important.

‘« Dans une étude concernant les grossesses triples, il a été observé que l’intensité corporelle de la femme accompagnée de la fatigue, de l’insomnie et des préoccupations sur sa propre santé et sur celle des bébés, pouvait mener à un appauvrissement temporaire de la vie psychique de celle-ci (Robin, Bydlowski, Cahen et Josse, 1991). Cet appauvrissement pourrait se manifester par une diminution ou une absence de rêves, de représentations et de remémorations infantiles, processus à l’inverse intensifiés lors d’une grossesse unique » (J.Wendland, 2007, p.8).’

Nous n’avons pas souhaité séparer les primipares des deuxièmes pares ou multipares, afin que demeure la possibilité d’observer si ce facteur a réellement un impact sur les vécus de la grossesse et si les femmes enceintes y font elles-mêmes référence1.

De plus, les données françaises de l’enquête périnatale de 1995 ne révèlent pas de différence du taux de prématurité significatif entre les primipares et les multipares.

Comme nous l’avons dit, nous avons interrogé lors d’un précédent travail (G.Moulin, 2002), la répétition de l’accouchement prématuré et ce qu’elle pouvait signifier de l’organisation psychosomatique de ces femmes. Aussi semblait-il pertinent de ne pas se priver de possibles situations de répétition en excluant les multipares.

Par ailleurs, la recherche de H.Riazuelo (2004) sur les spécificités de l’attente d’un second enfant, relevait dans les dessins une place plus importante donnée à l’accouchement chez les femmes deuxièmes pares, souvent en lien avec des éléments traumatiques du premier accouchement. H.Riazuelo ‘ (p.152) ’ ‘ ’a également observé une plus grande facilité à se dessiner enceinte chez les deuxièmes pares :

‘« elles représentent clairement le fœtus, le cordon, le placenta et semblent plus en prise avec la réalité propre de la grossesse » ’

Chez les deuxièmes pares, le dessin de l’enfant ressemble davantage à un fœtus tandis que les primipares dessinent des enfants.

Notre choix méthodologique nous permet d’approfondir cette piste.

Nous avons choisi de présenter la population sous la forme d’un tableau afin d’en faciliter le repérage mais notre démarche n’a pas de visée comparative. Il ne nous paraît pas pertinent au regard de nos hypothèses de procéder à une comparaison des échantillons. Nous avons cherché à faire travailler de façon dynamique ce qui émerge dans les différents groupes.

Notes
1.

Les travaux de J.T.Condom et V.Esuvarathan (1990) traitant de l’expérience de la grossesse chez les femmes primipares et deuxièmes pares ont montré que les femmes deuxième pares étaient plus stressées au cours de leur grossesse que les primipares. D’après ces auteurs, le stress est plus lié aux facteurs environnementaux qu’aux effets de la parité. Il n’y a pas vraiment de consensus autour des effets de la parité sur la grossesse.