1-1-2- Femmes enceintes hospitalisées pour MAP

Parmi les femmes qui accouchent très prématurément, certaines sont hospitalisées les jours ou les semaines précédentes pour des menaces d’accouchement prématuré. Afin d’interroger les vécus de grossesse pour les femmes qui accouchent très prématurément, nous avons rencontré des femmes hospitalisées pour MAP. Parmi elles, toutes n’accouchent pas prématurément.

Les travaux de N.Mamelle (1989, 1992) ont montré l’impact d’un suivi psychologique pendant la MAP. Nous avons, nous, souhaité questionner l’impact de l’hospitalisation elle-même sur le processus psychoaffectif de la grossesse. Ainsi, parmi les dix femmes rencontrées, aucune n’a été suivie par la psychologue du service de grossesse pathologique.

Le problème somatique à l’origine de la MAP varie d’une femme à l’autre. Il ne nous a pas semblé utile d’uniformiser notre échantillon de ce point de vue là dans la mesure où nous interrogeons la survenue de la menace d’accouchement prématuré comme témoignant d’un dysfonctionnement de l’équilibre psychosomatique de la femme enceinte. Ainsi l’expression somatique de ce dysfonctionnement, qu’il s’agisse d’une rupture des membranes ou d’une mise au travail spontanée n’a pas vraiment d’importance dans notre recherche. Dans le cadre de la naissance prématurée, ce qui est en jeu lors de la menace d’accouchement prématuré, c’est le processus de grossesse lui-même et c’est ce processus que nous avons choisi d’interroger d’un point de vue psychosomatique.

Nous avons donc rencontré dix femmes enceintes, hospitalisées pour MAP dans le service de grossesse pathologique et dont le terme était compris entre 24 SA et 29 SA, ce qui correspond à la définition de la très grande prématurité. Parmi ces femmes, cinq ont poursuivi leur grossesse jusqu'au terme après la MAP et cinq ont accouché très prématurément.

Nous convenions avec l’ensemble de ces femmes que, dans l’éventualité d’une naissance prématurée, nous poursuivrions nos rencontres lors de l’hospitalisation du bébé et ce, jusqu’à sa sortie, sous la forme d’entretiens cliniques. Nous évoquions également la possibilité d’être présente lors des consultations avec le pédiatre-réanimateur après la sortie de l’enfant et jusqu’à son premier anniversaire.

Lors de la première rencontre (qui pour cinq d’entre elles a été l’unique rencontre), nous faisions passer l’I.R.M.A.G qui est une interview pour les représentations maternelles pendant la grossesse et nous leur proposions de dessiner. Ces outils seront plus largement présentés un peu plus loin.

Nous avons choisi d’inclure dans cet échantillon deux femmes rencontrées lors de notre D.E.A afin d’approfondir les pistes de réflexion déjà soulevées à l’occasion de ce premier travail. Ainsi pour mesdames G et T, le protocole proposé est-il différent. Nous avons rencontré madame G après la naissance à terme de son fils, à la maternité et non pendant son hospitalisation pour MAP. L’entretien a eu lieu en présence de son mari qui a souhaité rester. Nous avons accepté et l’avons laissé intervenir lors de l’entretien lorsqu’il le souhaitait. Nous reviendrons sur cette situation lors de la discussion.

Nous avons rencontré madame T après la naissance prématurée de sa fille et non pendant son hospitalisation pour MAP. Deux formes d’entretien ont été pratiqués : un entretien non-directif (afin d’appréhender dans son déroulement, sous forme libre, la personnalité du sujet, son fonctionnement psychique, ses modes de défense) et un entretien semi-directif (afin de faire émerger les éléments historico-cliniques). Nous leur avons également proposé de dessiner.