1.2- Objet de l’étude

La présente étude porte sur le changement et la résistance au changement de comportement sexuel face au VIH/Sida et plus précisement sur la résistance à l’usage du préservatif chez des personnes ayant par ailleurs élaboré des intentions d’action favorables à l’action porter un préservatif. L’étude du comportement et de la conduite, s’il faut encore le rappeler, est au cœur de la psychologie ce qui faisait déjà dire à Köhler (1929) que le comportement, c'est-à-dire la réaction de systèmes vivants aux facteurs du milieu, est le seul domaine qui puisse être étudié par la psychologie scientifique. En psychologie sociale également, l’étude du comportement anime les débats. Legens (1979) stipulait que la psychologie sociale traitait de la dépendance et de l’interdépendance des conduites humaines.

Le comportement sexuel est déterminé par des facteurs internes et externes, intégrés au cours du développement et de l’actualisation, l’édification, la structuration, la consolidation et la production des comportements par le système nerveux central. Notre étude met l’emphase sur la compréhension du processus de changement de comportement sexuel, la connaissance des raisons pour lesquelles les adolescents en général et ceux de Yaoundé en particulier résistent à l’usage du préservatif face au VIH/Sida en dépit de leurs bonnes intentions.

La résistance est une notion polysémique qui se rapporte au contexte auquel elle est relative. Il convient de considérer la résistance à l’usage du préservatif face au VIH/Sida comme un ensemble de comportements manifestes à la fois offensifs et défensifs s’opposant à l’usage du préservatif. Le Sida pose non seulement un problème de santé physique et mentale voire psychologique mais aussi et surtout un problème de comportement sexuel qui se déroule dans un contexte de pressions sociales, de communication interpersonnelle, de relations humaines et d’influences affectives, cognitives, etc. En réalité l’intégration du préservatif dans les pratiques sexuelles des adolescents implique des changements dans leurs habitudes sexuelles. Ces changements automatiquement doivent générer des résistances. Pour que les adolescents acceptent un changement de comportement sexuel comme l’usage régulier du préservatif pendant les rapports sexuels avec le moins de résistance possible, il faut que ce comportement perturbe le moins possible l’équilibre de ces derniers. Dans le cas contraire, il en résulte des manifestations de résistance. Or, le préservatif a, sur le plan psychologique, engendré des perceptions, représentations, motivations, attitudes qui peuvent conduire l’individu à l’adoption ou tout simplement à la résistance. Les résistances au changement de comportement sexuel face au VIH/Sida se doivent d’être perçues comme des réactions légitimes, puisqu’elles sont un phénomène normal à l’égard du changement.

Il est habituel, en effet, de penser que le problème de la prévention des maladies liées à la sexualité trouve sa solution dans le domaine strictement médical, mais il nous semble difficile de l’aborder sans les dimensions symboliques, psychologiques, sociologiques, ou plus généralement anthropologiques qui la régulent.

Il s’agit d’un ensemble de considérations qui excèdent la dimension purement biologique et médicale de ces maladies. S’agissant de la transmission du VIH/Sida, nous pensons que celle-ci ne peut s’aborder que sur une clarification et une compréhension des mécanismes micro et macro sociologiques, anthropologiques, psychologiques, qui banalisent les échanges symboliques autour du sexe et des rapports humains dans les sociétés africaines, puisqu’ils influencent la formation des attitudes relatives à la prévention face au Sida.

La mise au point des stratégies de promotion de la santé peut également être facilitée par la compréhension de la manière dont les individus procèdent lorsqu’ils prennent des décisions concernant leur santé. C’est donc dans ce sillage que l’on peut avoir recours à la psychologie sociale et à ses modèles théoriques. Ces modèles nous permettent d’expliquer les comportements humains et peuvent être utilisés pour évaluer la probabilité d’apparition d’un comportement tel que la résistance à l’usage du préservatif dans un contexte où le Sida maladie très complexe, grave et mortelle fait des ravages. Dans un contexte également où de nombreuses campagnes de sensibilisation et de persuasion ont effectivement permis aux personnes de reconnaître les risques liés à cette pandémie, les modes de prévention , ses méfaits sur le plan humain et social et elles ont pour se protéger du sida élaboré des intentions favorables au port du préservatif pour celles qui préfèrent l’usage du préservatif à d’autres modes de prévention .

Mais que personne ne s’attende, à la fin de ce modeste travail, à une solution miraculeuse au problème du Sida mais plutôt à une tentative d’explication de la résistance des personnes qui, bien que suffisamment informées sur la pandémie et ayant des attitudes, des normes subjectives, un contrôle comportemental perçu sur l’action porter un préservatif, des intentions d’action favorables à la prévention par l’usage du préservatif , ne parviennent pas à utiliser un préservatif pendant les rapports sexuels.