1.4- Problématique théorique de l’étude

Les relations complexes entre attitudes, normes subjectives, contrôle comportemental perçu, intention dans le domaine de la santé et notamment dans le domaine du sida et de la prévention ont fait l’objet de nombreuses recherches en psychologie sociale. Un bon nombre de chercheurs ont fondé leur problématique sur la théorie de l’action planifiée d’Ajzen pour étudier la question du changement et de la résistance au changement face au VIH/Sida, et plus précisement sur l’usage du préservatif. Notre thèse s’inscrit dans ce champ théorique et d’application. Elle pose le problème de la résistance au changement de comportement chez des personnes qui ont préalablement élaboré des intentions allant dans le sens du changement par l’adoption des comportements prescrits dans le cadre de la prévention. Elle fait le constat d’une inconsistance théorique entre l’intention et l’action. En effet, selon le modèle proposé par Ajzen et convoqué dans de nombreux travaux en psychologie sociale, de l’intention d’agir à l’action n’intervient aucune autre variable. Il est prouvé que l’intention est l’élement décisif et central dans la production de l’action.

Nous jugeons insuffisant le contrôle de l’intention sur l’action et nous proposons une problématisation psychosociale centée sur la relation entre l’intention et l’action en nous donnant pour centre d’intérêt de considérer le rôle que peuvent y jouer des « variables intermédiaires » liées aux dynamiques relationnelles et sociales qui caractérisent les comportements psychosociaux. Le contrôle que l’intention exercerait sur l’action serait dans certains cas limité et cette étude se propose d’expliquer les motifs de cette limite. De la synthétique des travaux de Ajzen sur l’action planifiée, il est clair que l’intention est la variable décisive, déterminante, précise de l’action. Ajzen laisse penser que l’intention est largement suffisante pour prédire l’action. Nous pensons que dans certains cas, l’intention s’avérerait insuffisante pour déterminer l’action dont elle chargée.

Cette thèse permet de comprendre que cet écart non pas entre les connaissances, les croyances et la prévention, mais entre l’intention et l’action est dû à l’influence exercée par des variables intermédiaires que nous nous proposons d’identifier dans un premier temps et dans un second temps voir si leur influence sur l’intention est significative. En d’autres termes, voir si ce sont ces variables intermédiares qui détourneraient l’intention de l’action. Si cette influence est significative, du point de vue théorique nous allons participer à l’aménagement de la théorie de Ajzen sur l’action planifiée d’une part et d’autre part, nous allons amener les chercheurs qui ont convoqué cette théorie dans leurs recherches sur le changement de comportement sexuel face au VIH/Sida à comprendre pourquoi en appliquant la théorie de Ajzen au changement de comportement par l’usage du préservatif, ils observaient un écart entre l’intention et l’action. Cette thèse permettra désormais de mieux comprendre, expliquer les écarts relevés entre les intentionnalités et les comportements produits.

Plusieurs questions émergent de ce débat théorique et s’énoncent sous six aspects  centraux:

Existe-t-il entre l’intention d’agir et l’action des variables intermédiaires ?