1.9.1- Définition de l’attitude

Dans le langage courant, le terme attitude est utilisé pour désigner une manière de se tenir, une position du corps et, au sens figuré, une conduite que l’on tient dans certaines circonstances. Il prend son origine dans le mot latin « aptitudo » qui veut dire en français « aptitude ». Il y a donc une analogie avec la notion d’aptitude : celle de la disposition à agir ou manière d’être dans une situation.

Les dictionnaires de la langue française (dictionnaire encyclopédique Quillet, 1962) ; (Encyclopédia universalis, 1990), (dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, 1980) définissent successivement ce terme comme étant une « conduite que l’on tient dans certaines circonstances » (Quillet, 1962, p.392), une « disposition relativement persistante à réagir d’une certaine façon à l’égard d’un objet ou d’une situation donnée » (1990, p.408) ; une « disposition, un état d’esprit à l’égard de quelque chose » (1980).

En psychologie, Bloch et al. (1997, p.119) définissent l’attitude comme un « état de préparation dans lequel se trouve un individu qui va recevoir un stimulus ou donner une réponse et qui oriente de façon momentanée ou durable certaines réponses motrices ou perceptives, certaines activités intellectuelles ».

En psychologie sociale, le terme d’attitude est employé pour désigner « un état mental prédisposant à agir d’une certaine manière, lorsque la situation implique la présence réelle ou symbolique de l’objet d’attitude » (Thomas, Alaphilippe, 1993, p.5). L’attitude désigne aussi « une prédisposition à agir dans un certain sens » (Mathieu et Thomas, 1995, p.393). Déjà en 1935, Allport proposa la définition suivante : « Une attitude représente un état mental et neuropsychologique de préparation à répondre, organisé à la suite de l’expérience et qui exerce une influence directrice et dynamique sur la réponse de l’individu à tous les objets et à toutes les situations qui s’y rapportent. » (Allport, 1935, cité par Vallerand, 1994, p.331). En dehors du rôle de l’attitude sur la prédisposition à agir, certains auteurs définissent l’attitude comme la manière dont une personne se situe par rapport à un objet exerçant une influence sur le comportement.

Selon Bloch et al. (1997, p.119), l’attitude désigne « la disposition interne durable qui sous-tend les réponses favorables ou défavorables de l’individu à un objet ou à une classe d’objet du monde social». Pour Stoetzel, « L’attitude consiste en une position (plus ou moins cristallisée) d’un agent (individuel ou collectif) envers un objet (personne, groupe, situation, valeur). Elle s’exprime plus ou moins ouvertement à travers divers symptômes ou indicateurs (parole, ton, geste, acte, choix ou en leur absence). Elle exerce une fonction à la fois cognitive, énergétique et régulatrice sous les conduites qu’elle sous-tend. » (Stoetzel cité par Maisonneuve, 1982, p.111). Il précise que les attitudes sont acquises et non pas innées, elles sont plus ou moins susceptibles de changement sous l’effet d’influences extérieures. Les attitudes sont définies selon Eagly et Chaiken (1993) comme des tendances à évaluer une entité avec un certain degré de faveur ou de défaveur, habituellement exprimées dans des réponses cognitives, affectives et comportementales. Une tendance relativement stable à répondre à quelqu’un ou à quelque chose de manière qui reflète une évaluation (positive ou négative) de cette personne ou chose. Les réponses comportementales font partie des manières par lesquelles l’individu peut exprimer son évaluation.

Au vu de ces différentes définitions, nous comprenons la complexité du concept d’attitude. Toutefois, la définition proposée par Moscovici semble mieux nous renseigner sur ce qui est convenu d’appeler l’attitude des personnes face au VIH/Sida. Moscovici (1960), cité par Ebalé Moneze (2001, p.4), propose une définition qui tient compte de deux grandes sphères de réflexion sur les attitudes. Il définit l’attitude comme « un schéma dynamique de l’activité psychique, schéma cohérent et sélectif, relativement autonome, résultant de l’interprétation et de la transformation des mobiles sociaux et de l’expérience de l’individu. » Ce schéma psychologique appelé attitude est fortement corrélé à une opinion ou à un jugement de valeur. L’attitude est donc une variable intermédiaire entre la situation et la réponse à cette situation. Elle permet d’expliquer que, parmi les comportements possibles d’un sujet soumis à un stimulus, celui-ci adopte tel comportement et non tel autre.

Une attitude est donc une prédisposition à réagir d’une façon systématiquement favorable ou défavorable face à certains aspects du monde qui nous entoure. Connaître par exemple l’attitude d’un individu envers les noirs, ou le syndicalisme, ou l’art moderne, c’est donc pouvoir prédire d’avance comment il va réagir à de dizaines de situations impliquant chacun de ces objets ou aspect de son environnement. C’est aussi dire que connaître l’attitude des adolescents envers le préservatif face au VIH/Sida, c’est pouvoir statuer sur son usage ou non pendant les rapports sexuels. Notons également que l’objet d’une attitude peut être n’importe quelle réalité à la condition qu’elle soit perçue par l’individu comme une entité distincte : une personne, un groupe, un organisme, un mouvement social ou religieux, etc.

L’attitude, il faut le dire, est toujours porteuse de sens sinon d’intention. Ce que nous pouvons retenir de ces multiples définitions est que l’attitude permet d’avoir une vue d’ensemble sur les comportements des individus face à des objets précis, des situations précises, des personnes précises et des phénomènes précis. L’attitude a un rôle de variable intermédiaire entre l’environnement et les réponses d’une personne. C’est une variable interne non-observable : on parle de « construit » latent. Nous ne pouvons pas l’observer directement, nous l’inférons des réponses de la personne lorsqu’elle est confrontée physiquement ou symboliquement à l’objet.

Dans le cadre de notre étude, l’attitude désigne la disposition ou l’état d’esprit dans lequel se trouve un adolescent face au VIH/Sida et au port du préservatif ou encore l’état de préparation des adolescents face à leur comportement sexuel. En d’autres termes, elles renvoient aux perspectives de la sexualité des adolescents en rapport à la prévention face au VIH/Sida et à la résistance au changement.